Il devient de plus en plus improbable pour MarK Zuckerberg de conserver encore longtemps son double fauteuil de président du conseil d’administration et de directeur général de Facebook, en raison des fréquentes actions d’hostilité contre ce cumule de poste par des investisseurs qui y trouvent les causes des déboires répétés du réseau social.
En effet, depuis 2017 des actionnaires de Facebook ont fait une proposition visant à mettre fin à cette concentration de poste qu’ils qualifient d’improductif. Mais la proposition a été rejetée par certains gros investisseurs tels que les fonds Vanguard Total Stock Market Index et Fidelity Contrafund en votant contre. En octobre derniers, quatre grands fonds publics américains qui détiennent des actions dans Facebook Inc. ont rejoint la revendication de démettre Mark Zuckerberg en tant que président-directeur général au profit d’un président indépendant en justifiant leur proposition par la série de scandales qui ont émaillé la vie du réseau social depuis un certain temps et en espérant obtenir le soutien de grands gestionnaires d'actifs. Par ailleurs, à la réunion annuelle du 1er juin dernier, un actionnaire de Facebook a accusé Zuckerberg de pratiquer la « dictature d'entreprise ».
En effet, le géant des réseaux sociaux fait l’objet de sévères critiques dans la gestion des différentes crises qu’il traverse depuis l’ingérence russe dans les élections américaines de 2016 aux piratages majeurs des comptes des utilisateurs du réseau social en passant par l’affaire Cambridge Analytica qui a entrainé la violation des données de plus de 87 millions de personnes, la diffusion des fausses actualités sur le réseau social et les révélations de partage des données utilisateurs avec des dizaines de société tierces.
Selon le Telegraph, des investisseurs ont réitéré leur proposition de mettre fin à la fonction de président du conseil d’administration qu’exerce Mark Zuckerberg en plus de son poste de directeur général de Facebook, depuis la publication du rapport. Ce dernier appel à la démission de Zuckerberg fait suite à un rapport selon lequel Facebook aurait embauché une entreprise de relations publiques pour lutter contre les critiques dirigés contre la société.
En effet, selon un article paru dans The New York Times la semaine dernière, Facebook aurait fait appel à un cabinet d’études républicain, Definers, pour mener une campagne de lobbying agressive visant à lutter contre les critiques à son encontre afin de tourner le regard du grand public vers les entreprises rivales et de discréditer les manifestants activistes, notamment en les reliant au financier libéral George Soros. Selon le quotidien, Facebook aurait également mis à profit ses relations commerciales en faisant pression sur un groupe de défense des droits civils juif pour lui faire part de certaines critiques antisémites.
Ce nouvel appel des investisseurs intervient dans un conteste où Sir Nick Clegg a rejoint la société depuis le mois dernier en tant que nouveau responsable mondial des politiques et de la communication. Selon The Telegraph, la tâche ne sera pas facile pour M. Clegg qui a été mandaté à procéder à un examen de l'utilisation des cabinets de lobbying par Facebook. En effet, depuis la publication du rapport, Zuckerberg et Clegg sont tous deux sous pression.
L'appel des investisseurs à la démission de Zuckerberg
Plusieurs voix d’investisseurs majeurs de Facebook se sont levées pour appeler à la démission de Zuckerberg en tant que président. Jonas Kron, vice-président directeur de Trillium Asset Management, un investisseur américain qui détient une participation de 8,5 millions £ dans Facebook, a appelé M. Zuckerberg à quitter son poste de président du conseil d'administration, le même jour de la publication du rapport. « Facebook se comporte comme un spécial flocon de neige », a déclaré M. Kron. « Il ne l’est pas. C'est une entreprise et les entreprises doivent avoir un président et un directeur général séparés. »
Selon The New York Times, la campagne de lobbying qui aurait cherché à nuire à ses concurrents, dont Google et Apple, en encourageant la production d’articles critiques à leur endroit avait pour objectif d'aider Facebook à réparer sa réputation salie par d'intenses critiques suite à la mauvaise gestion des crises de la confidentialité des données utilisateurs par la plateforme dirigée par Zuckerberg. Cependant, M. Zuckerberg a rejeté les accusations du rapport, après sa publication, dans un entretien téléphonique accordé aux journalistes. « Dès que j'ai appris cela, j'ai parlé à notre équipe et nous ne travaillons plus avec ce cabinet », a déclaré Zuckerberg, qui a ensuite confié à M. Clegg de mener un examen de l'utilisation par Facebook des sociétés de lobbying politique.
Toute fois, selon M.Kron, cette révélation constitue de nouvelles raisons qui devraient convaincre ceux qui s’opposent encore au départ de Zuckerberg de la présidence du conseil d’administration. « Le dernier rapport devrait dissiper les doutes persistants que certains auraient pu avoir », a-t-il déclaré. En effet, Trillium Asset Management est l’un des investisseurs initiateurs de la proposition de révocation de Zuckerberg en tant que président.
Selon certains investisseurs, la tâche confiée à M. Clegg par l’actionnaire majoritaire (60 %) et qui cumule deux postes majeurs à la tête de la société est improbable. De surcroît, ce dernier ne connait pas l’environnement de la Silicon Valley. Julie Goodridge, directrice générale de l'investisseur Facebook NorthStar Asset Management, qui possède plus de 50 000 actions de la société, a qualifié de « folle » la nomination de M. Clegg pour enquêter sur le lobbying de Facebook, a rapporté The Telegraph.
« Je ne pense pas que vous puissiez nommer quelqu'un qui reste essentiellement subordonné au conseil d'administration et subordonné à la direction générale », a-t-elle déclaré. « Vous ne pouvez pas vous attendre à ce que cette personne vienne et ait le même pouvoir que Zuckerberg, Sandberg, Peter Thiel et les autres membres du conseil. Quels pouvoirs ce type va-t-il vraiment avoir? », a-t-elle interrogé. En effet, M. Clegg relève de la direction de l’exploitation de Facebook, conduite par Sheryl Sandberg.
Kron a abordé dans le même sens que Mme Goodridge et a qualifié la nomination de M. Clegg de « coup de massue » par Facebook qui n’était pas la solution au problème attendue par les actionnaires qui proposent d’avoir un président du conseil indépendant.
Natasha Lamb, investisseur de Facebook et directeur-associé chez Arjuna Capital, quant à elle, a averti que ce cumule de poste de président et de directeur général empêche Facebook de pouvoir régler correctement les problèmes au sein de l'entreprise. « Cette concentration de pouvoir crée beaucoup de défensives au sein de l'entreprise », a-t-elle déclaré. « C’est un exercice de dissimulation d’un problème plutôt que d’admettre qu’il existe un problème et d’établir une feuille de route pour le résoudre. »
Cependant, la concentration des postes de directeur général et de président n’est l’apanage de Facebook. Selon The Telegraph, c’est une pratique courante dans la Silicon Valley qui permet aux fondateurs de garder le contrôle des entreprises, même après leur introduction en bourse.
Source : The Telegraph
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à la suite d'un nouveau rapport
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Le , par Stan Adkens
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