À trois semaines de la prochaine réunion des ministres européens des finances, le 4 décembre 2018, le ministre allemand Olaf Scholz se dit confiant dans la perspective que les 27 trouvent un accord autour du projet de taxe sur les géants du numérique. Il répond ainsi aux frustrations françaises en la matière.
Olaf Scholz confirme donc « aller dans le même sens que la France », après des semaines d’hésitation. Les réticences de Berlin s’expliquent par l’importance des exportations allemandes et par la crainte de représailles sur son industrie en général. Car la taxation pourrait notamment frapper des géants américains, dans un contexte où Donald Trump menace déjà régulièrement de taxer les importations américaines d’automobiles européennes. Une industrie sur laquelle l’Allemagne est en premier ligne.
Olaf Scholz précise d’ailleurs que la décision qui pourrait être prise en décembre par les ministres européens des finances serait conçue comme un filet de secours, « au cas où un accord au niveau du G20 et de l’OCDE sur la mise en place d’un taux d’imposition minimum pour les poids lourds du numérique n’aboutirait pas ». Une manière de temporiser.
Lors d’une conférence à Berlin, il a déclaré que l’Allemagne, qui est favorable à des règles multilatérales, se devait de rechercher un consensus.
Mais il a ajouté qu’en l’absence de progrès d’ici décembre, les gouvernements français et allemand affirmeraient clairement que « nous ferons quelque chose en 2021, parce que nous ne trouvons pas la situation actuelle des entreprises du numérique et des impôts sur les bénéfices qu’elles paient ici très satisfaisante ».
La chancelière allemande, Angela Merkel, s’est prononcée mardi, dans un discours au Parlement européen à Strasbourg, pour une taxation des géants du numérique dans un cadre international mais elle a plaidé en faveur d’une action « au plan européen » en l’absence d’accord global sur une taxation minimale.
Elle estime qu’une taxation des grandes multinationales du numérique pourrait être présentée lors d’une réunion des ministres des Finances de l’Union européenne prévue le 4 décembre.
« Nous discutons de cela avec la France. Mais notez que nous ne parlons pas de la pertinence d’une taxe sur les sociétés numériques, nous parlons de la manière de le faire », a dit la chancelière allemande au portail en ligne t-online.de dans un entretien publié mardi soir.
« Il y aura une proposition d’ici décembre » , ajoute la dirigeante allemande.
La France est depuis longtemps favorable à une taxation des GAFA, mais se heurte aux réticences allemandes sur la manière de mettre en oeuvre cette fiscalité.
Après des mois d’intenses concertations, le gouvernement français a indiqué que seuls le Danemark, la Suède et l’Irlande demeuraient opposés à cette initiative.
Il faut noter que les déclarations d’Angela interviennent alors que l’Allemagne se prépare à dévoiler sa stratégie sur l’intelligence artificielle afin d’aider le pays à adapter son économie à l’ère numérique.
Selon un document consulté par Reuters, le gouvernement allemand a dégagé un budget d’environ trois milliards d’euros pour financer le développement et la recherche dans le domaine de l’intelligence artificielle.
« Notre prospérité à venir dépend beaucoup de cela », a reconnu Merkel.
En pointe de l’innovation industrielle depuis des décennies, l’Allemagne a tardé à se rendre compte que son modèle d’exportation, basé sur l’industrie traditionnelle, était désormais vulnérable et elle tente de rattraper son retard dans le domaine numérique.
Dans une tribune publiée mardi par le quotidien français La Croix et l’allemand Die Welt, quelque 200 parlementaires des deux pays appellent l’adoption rapide d’une taxe sur le numérique.
Sources : Reuters, La Croix
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Le , par Stéphane le calme
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