Le responsable de la sécurité informatique de l'État, Guillaume Poupard, qui s'est exprimé en marge de la tenue du forum international de la cybersécurité (FIC) de Lille sur la question de l’OS souverain français le même mois, n’a pas partagé cet avis. Le directeur général de l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information (Anssi) a en effet estimé que cette question est « technologiquement un non-sens » et a prévenu qu’il n’hésiterait pas à s’y opposer « si c’est pour que l’État mette plein de saletés dedans ».
Guillaume Poupard, Directeur général de l'Anssi
Deux ans plus tard, après avoir observé que les poids lourds du numérique sont « omniprésents au quotidien, que ce soit à l’école, dans la vie professionnelle ou encore dans la sphère privée », Laëtitia Romeiro Dias, députée de l’Essonne et membre de La République en Marche, a interrogé le secrétaire d'État, auprès du Premier ministre, chargé du numérique, sur les moyens que le Gouvernement entend mettre en place pour sauvegarder la souveraineté numérique de la France et pour protéger les citoyens des risques liés aux « GAFAM » (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft).
Plus précisément, il s’agit d’une interrogation que relaie l’élue, celle-ci ayant été sollicitée par Marie-Odile Morandi, adhérente de l’APRIL, une association française cherchant à promouvoir l’usage du logiciel libre.
Interpellant Mounir Mahjoubi, elle rappelle qu’aujourd'hui, les « GAFAM » sont omniprésents au quotidien, que ce soit à l'école, dans la vie professionnelle ou encore dans la sphère privée. Dans l'éducation, les élèves sont de plus en plus formés en utilisant les produits et les services de ces acteurs privés qui investissent désormais dans la formation continue. Elle note également que les partenariats se multiplient : Google à l'université de La Rochelle, Facebook avec Pôle emploi, etc.
Cependant, elle souligne que si ce dynamisme est positif pour l'attractivité économique de la France, cette omniprésence des « GAFAM » peut toutefois constituer un risque. En effet, ces entreprises disposent de données massives sur les Français, ce qui leur permet d'orienter l'accès aux informations et aux contenus, notamment publicitaires. En outre, on observe une dépendance accrue aux écrans, aux réseaux sociaux et au web en général.
Tous les citoyens, dès leur plus jeune âge, sont en contact direct avec les outils du numérique développés par les « GAFAM ». Si le numérique est une source d'opportunités considérable, il peut aussi entraîner des risques psycho-sociaux en cas de surexposition. Aussi, elle rappelle qu’un plus grand encadrement des activités des « GAFAM » serait donc souhaitable.
Un rapport devait être remis à la suite de la « loi Lemaire » ou « loi pour une République numérique », promulguée le 7 octobre 2016, sur la possibilité de créer un commissariat à la souveraineté numérique, rattaché au Premier ministre. Sa mission serait, entre autres, de concevoir un système d'exploitation souverain dont le but serait de rendre les autorités françaises autonomes de la toute-puissance des « GAFAM ». Cependant, ce rapport n'a pas encore fait l'objet d'un dépôt. Elle aimerait donc connaître les orientations que souhaite prendre le Gouvernement afin d'encadrer la souveraineté numérique du pays et les moyens mis en œuvre pour protéger les Français des risques de dépendance générés par les « GAFAM ».
En particulier, ce commissariat à la souveraineté numérique pourrait superviser le développement d’un système d’exploitation souverain, pour fournir une alternative aux Windows, Android et autres iOS américains. Lors de l’examen du projet de loi numérique, les députés avaient demandé au gouvernement de travailler à la mise en place d’une telle structure.
Rappelons tout de même que CLIP (Certifiable Linux Integration Platform), un système d’exploitation dit ultrasécurisé, a été développé par l’Anssi pour les besoins de l’administration. Comme décrit par l’Anssi, ce système « intègre un ensemble de mécanismes de sécurité qui lui confèrent un très haut niveau de résistance aux codes malveillants et qui lui permettent d’assurer la protection d’informations sensibles. » Pour cela, il fournit des « mécanismes de cloisonnement qui rendent possible le traitement simultané, sur le même poste informatique, d’informations publiques d’une part et sensibles d’autre part, au sein de deux environnements logiciels totalement isolés, dans l’objectif d’éliminer les risques de fuite des informations sensibles sur le réseau public. » Développé depuis 2005, l’objectif de ce projet est de fournir un OS qui met en correspondance les exigences de sécurité avec les fonctionnalités du système d’exploitation.
Source : Nos députés
Et vous ?
Êtes-vous pour ou contre la création d'un OS souverain (aussi bien sur mobile que sur desktop ) ? Pourquoi ?
Si vous êtes pour, par où devrait-on commencer ? Faut-il partir de zéro ou faut-il partir d’un système existant ?
Dans le dernier cas, à partir de quoi faut-il démarrer ? Un OS existant (libre ?) ou autre ?
Avec les différentes marches arrières observées dans l'utilisation de logiciels libres dans les administrations allemandes, est-il légitime de se demander ce qu'il en serait 5 voire 10 ans plus tard si des administrations françaises venaient à emprunter le même chemin ?
Voir aussi :
Création d'un OS souverain français : un non-sens technologique, estime le responsable de la sécurité informatique de l'État
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