Mais aujourd’hui, Steve Ballmer s’est adouci grâce aux efforts de son successeur. Ces efforts se traduisent par une collaboration croissante avec les géants de l’open source comme Red Hat et Canonical et un soutien de plus en plus affirmé à la communauté open source. Par exemple, l’an dernier, Microsoft a rejoint la Fondation Linux en tant que membre Platinum. Depuis quelques mois également, le géant du logiciel est membre Gold de la Cloud Foundry Foundation et membre Platinum de la Cloud Native Computing Foundation. Des logiciels phares de Microsoft comme SQL Server arrivent également sur Linux. D’autres sont complètement développés en open source : cas de Visual Studio Code. Et il semble que la communauté de l’open source apprécie cela. L’année dernière par exemple, GitHub a rapporté que, sur sa plateforme, les projets de Microsoft ont attiré plus de contributeurs que ceux des autres organisations.
En résumé, c’est un tout autre Microsoft, mais certains restent encore sceptiques. Et c’est le cas notamment de Richard Matthew Stallman (RMS), l’initiateur du mouvement du Libre. Le journaliste spécialisé en IT Nick Heath a en effet recueilli les avis de Richard Stallman et du CEO de Canonical, Mark Shuttleworth, sur le nouvel enthousiasme de Microsoft pour le monde Linux. Si le créateur d'Ubuntu salue les efforts de Microsoft, pour RMS, il s'agit de la mise en œuvre de la stratégie « Embrace, Extend, Extinguish ».
Richard Stallman
Stallman « croit que la décision de Microsoft de construire un sous-système Linux dans Windows (WSL) est une tentative d'éteindre un logiciel que les gens peuvent utiliser, copier, distribuer, étudier, modifier et améliorer… C'est certainement à cela que ressemble [le changement de Microsoft]. Mais ça ne sera pas si facile de nous éteindre, parce que nos raisons d'utiliser et de faire avancer des logiciels libres ne se limitent pas à la commodité pratique », a-t-il déclaré. « Nous voulons la liberté », a-t-il ajouté.
Stallman reste persuadé que le WSL ne peut que contribuer à renforcer la domination des logiciels propriétaires comme Windows (car cela les rend plus pratiques) et à miner l'utilisation de logiciels libres. « Cela ne favorise pas la cause du logiciel libre, pas même un peu », dit-il. « Le but du mouvement du logiciel libre est de libérer les utilisateurs de la privation de droits des programmes et des systèmes propriétaires, tels que Windows. Rendre plus pratique un système non libre, tel que Windows, macOS, iOS, ChromeOS ou Android, est un pas en arrière dans la campagne pour la liberté », a lancé RMS.
Mark Shuttleworth
Shuttleworth, de son côté, pense plutôt que l'adoption de GNU/Linux par Windows est un élément positif pour le logiciel open source dans son ensemble. « Ce n'est pas comme si Microsoft nous dérobait nos jouets, c'est plus le fait que nous les partageons avec Microsoft afin de donner à chacun la meilleure expérience possible », dit-il. « WSL fournit aux utilisateurs qui connaissent bien l'environnement Windows plus de choix et de flexibilité, tout en ouvrant une toute nouvelle base d'utilisateurs potentiels pour la plateforme open source. »
Le fondateur de Canonical affirme également que cela montre que le Microsoft d'aujourd'hui est différent de celui des années 90, avec une nouvelle stratégie qui profite autant à Microsoft qu'aux logiciels open source. « Microsoft est une entreprise différente maintenant, avec une vision beaucoup plus équilibrée des plateformes ouvertes et compétitives sur plusieurs fronts », dit-il. « Ils font un énorme travail d'ingénierie spécialement pour supporter des plateformes ouvertes comme Ubuntu sur Azure et Hyper-V, et ce travail [WSL] se fait dans cet esprit. »
Source : Nick Heath
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