Directive copyright : la CEO de YouTube appelle les créateurs de vidéos à protester contre l'article 13
Qui menacerait des milliers d'emplois
Le 2018-10-24 00:57:17, par Bill Fassinou, Chroniqueur Actualités
Adoptée dans son ensemble par les eurodéputés le 12 septembre dernier, la directive européenne des droits d’auteur est un des textes de loi les plus controversés de ces dernières années. Au cœur de la controverse, se trouvent les articles 11 et 13 qui, de l’avis des détracteurs du texte, pourraient bien entraîner la fin d’Internet tel que nous le connaissons. Le premier stipule que tous ceux qui créent des liens et utilisent des extraits d'articles de presse devraient d'abord payer l'éditeur pour obtenir une licence. Le second vise à instaurer le filtrage automatique de tous les contenus mis en ligne.
Les risques de censure inhérents aux dispositifs de filtrage de contenus ne sont que trop bien connus du public. Cela justifie la vague de protestation que la directive a subi depuis toujours. Lorsque le texte a été adopté par les eurodéputés, la question de savoir s’il était trop tard pour sauver l’Europe a commencée à germer dans les esprits. La députée Julia Reda a répondu à cette question en expliquant que tout espoir n’était pas perdu. Elle déclarait que puisque des versions alternatives des articles 11 et 13 allaient probablement passer en vote au printemps, la pression publique avait encore des chances de faire inclure des garanties supplémentaires pour les utilisateurs. L’Europe n’a donc pas perdu tout espoir de salut, selon elle.
Un espoir de salut, c’est bien ce que Susan Wojcicki, la CEO de YouTube, espère trouver. Elle a, en effet, mis en garde les réalisateurs de vidéos contre la directive et les a exhorté à protester vivement contre la réglementation : S’appesantissant tout particulièrement sur l’article 13, elle explique aux réalisateurs de vidéos dans un billet de blog que « cette législation menace à la fois leur gagne-pain et leur capacité à partager leur voix avec le monde ».
« Et, s'il est mis en œuvre tel que proposé, l'article 13 menace des centaines de milliers d'emplois, de créateurs européens, d'entreprises, d'artistes et tous leurs employés. La proposition forcera les plateformes, comme YouTube, à donner la priorité au contenu d’un petit nombre de grandes entreprises. Le fardeau de la preuve du droit d'auteur sera trop lourd pour la plupart des créateurs indépendants. Le droit d'auteur en ligne offre une meilleure solution, mais il est essentiel de prendre la parole maintenant car cette décision pourrait être finalisée d'ici la fin de l'année », ajoute-t-elle.
Elle explique donc que si YouTube devait assumer la responsabilité de tout son contenu, le contrecoup pour les petits créateurs de contenus pourrait être violent. Elle explique également que le Content ID de YouTube protège déjà les propriétaires de contenu. Il est vrai que Content ID compare automatiquement le contenu de nouvelles vidéos à une base de données de fichiers audio et vidéo protégés par le droit d'auteur et permet aux détenteurs des droits d'auteur de décider s'il convient de bloquer une vidéo qui utilise leur contenu ou pas. En somme, YouTube protégeait déjà les titulaires de droits d’auteur.
« La directive sur le droit d’auteur n’affectera pas que les créateurs et les artistes sur YouTube. Cela s'appliquera également à de nombreuses formes de contenu généré par les utilisateurs sur Internet. Et c’est la raison pour laquelle tant d’autres personnes soulèvent également des préoccupations. Des particuliers, des organisations (telles que European Digital Rights et Internet Archive), des sociétés (telles que Patreon, Wordpress et Medium), les architectes et pionniers originaux de l'Internet (comme Sir Tim Berners Lee) et le rapporteur spécial des Nations Unies pour la liberté d'expression se sont exprimés. Les créateurs, y compris Phil DeFranco, LeFloid et TO JUZ Jutro, défendent leur droit de créer et de s’exprimer pour eux-mêmes », disait déjà Robert Kyncl, le superviseur des créateurs de YouTube, dans un billet de blog antérieur au vote de septembre dernier. Il ne fait donc pas de doute que les leaders d’Internet emploieront tous les recours qui seront laissés à leur disposition pour empêcher l’adoption définitive de la directive.
Source : CNBC
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Les risques de censure inhérents aux dispositifs de filtrage de contenus ne sont que trop bien connus du public. Cela justifie la vague de protestation que la directive a subi depuis toujours. Lorsque le texte a été adopté par les eurodéputés, la question de savoir s’il était trop tard pour sauver l’Europe a commencée à germer dans les esprits. La députée Julia Reda a répondu à cette question en expliquant que tout espoir n’était pas perdu. Elle déclarait que puisque des versions alternatives des articles 11 et 13 allaient probablement passer en vote au printemps, la pression publique avait encore des chances de faire inclure des garanties supplémentaires pour les utilisateurs. L’Europe n’a donc pas perdu tout espoir de salut, selon elle.
Un espoir de salut, c’est bien ce que Susan Wojcicki, la CEO de YouTube, espère trouver. Elle a, en effet, mis en garde les réalisateurs de vidéos contre la directive et les a exhorté à protester vivement contre la réglementation : S’appesantissant tout particulièrement sur l’article 13, elle explique aux réalisateurs de vidéos dans un billet de blog que « cette législation menace à la fois leur gagne-pain et leur capacité à partager leur voix avec le monde ».
« Et, s'il est mis en œuvre tel que proposé, l'article 13 menace des centaines de milliers d'emplois, de créateurs européens, d'entreprises, d'artistes et tous leurs employés. La proposition forcera les plateformes, comme YouTube, à donner la priorité au contenu d’un petit nombre de grandes entreprises. Le fardeau de la preuve du droit d'auteur sera trop lourd pour la plupart des créateurs indépendants. Le droit d'auteur en ligne offre une meilleure solution, mais il est essentiel de prendre la parole maintenant car cette décision pourrait être finalisée d'ici la fin de l'année », ajoute-t-elle.
Elle explique donc que si YouTube devait assumer la responsabilité de tout son contenu, le contrecoup pour les petits créateurs de contenus pourrait être violent. Elle explique également que le Content ID de YouTube protège déjà les propriétaires de contenu. Il est vrai que Content ID compare automatiquement le contenu de nouvelles vidéos à une base de données de fichiers audio et vidéo protégés par le droit d'auteur et permet aux détenteurs des droits d'auteur de décider s'il convient de bloquer une vidéo qui utilise leur contenu ou pas. En somme, YouTube protégeait déjà les titulaires de droits d’auteur.
« La directive sur le droit d’auteur n’affectera pas que les créateurs et les artistes sur YouTube. Cela s'appliquera également à de nombreuses formes de contenu généré par les utilisateurs sur Internet. Et c’est la raison pour laquelle tant d’autres personnes soulèvent également des préoccupations. Des particuliers, des organisations (telles que European Digital Rights et Internet Archive), des sociétés (telles que Patreon, Wordpress et Medium), les architectes et pionniers originaux de l'Internet (comme Sir Tim Berners Lee) et le rapporteur spécial des Nations Unies pour la liberté d'expression se sont exprimés. Les créateurs, y compris Phil DeFranco, LeFloid et TO JUZ Jutro, défendent leur droit de créer et de s’exprimer pour eux-mêmes », disait déjà Robert Kyncl, le superviseur des créateurs de YouTube, dans un billet de blog antérieur au vote de septembre dernier. Il ne fait donc pas de doute que les leaders d’Internet emploieront tous les recours qui seront laissés à leur disposition pour empêcher l’adoption définitive de la directive.
Source : CNBC
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tomlevRédacteur/ModérateurLe gouvernement a appelé mercredi à « une véritable négociation globale » entre Google et les agences et éditeurs de presse, jugeant « pas admissible » que le géant américain tente d’échapper aux dispositions de la nouvelle loi française sur les droits d’auteur en modifiant l’affichage des contenus d’actualité.le 26/09/2019 à 10:33
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defZeroMembre extrêmement actif[LOL]Dans leurs gueules, à tous ces journaux rentier et re-pompeur de contenu
[/LOL]
Non, plus sérieusement, loin de moi l'idée de défendre Google de façon générale, mais il faut avoué que sur ce coup là Google à raison.
On leurs demandes de payer pour utiliser de cours extraits et des miniatures.
Google dit ok donc on va arrêter d'utiliser de cours extraits et des miniatures et la dessus le ministre Français et les "ayant droit" viennent ce plaindre qu'il ne vont pas recevoir de rentes.
Je sais pas ce qu'ils fument ces gens mais à mon avis c'est pas légale. le 25/09/2019 à 22:28 -
bk417Membre actifIls sont gonflés d'inverser les choses.
Ils admettent que Google leur apporte de l'audience mais veulent en plus qu'il les paye, énorme !
Comme si les kiosques devaient payer pour pouvoir vendre des journaux.
Comme si Allociné devait payer pour pouvoir lister les films au cinéma.
Comme si le guide Michelin devait payer les restaurants dont il fait la promotion.
Comme si Autoplus devait payer les constructeurs automobile pour pouvoir parler de leurs voitures.le 25/10/2019 à 14:07 -
tatayoExpert éminent séniorLe jour où une autoroute gratuite deviendra payante, ils s'insurgeront contre les automobilistes qui décideront de ne plus l'emprunter, et qui prendront la nationale.
Tatayo.le 26/09/2019 à 10:59 -
Cpt AndersonMembre émériteNon seulement Google emmène du trafic sur les sites internet de ces médias (de propagandes) mais en plus il faut quand même souligner que 95% des articles de presses sont de simples reprises de l'AFP.le 25/10/2019 à 15:27
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fatbobMembre éclairé> Que pensez-vous de la direction que prend la réforme du droit d'auteur ?
Ça fait longtemps que ça vire au délire complet. Comme d'habitude on essaie d'assoir les dominants du marché en traitant les citoyens lambda comme des délinquants. Quelque soit le niveau d'abus des intermédiaires et l'absurdité du système en place, on force encore et toujours plus dans la direction de la répression des petits acteurs (car ce ne seront pas Google et compagnie qui seront les plus gênés par ces lois. Avec des risques d'amendes qui se chiffrent en pouillèmes de bénéfices nets et des centres de recherches qui leur permettront d'avoir les moteurs de filtrage les plus efficaces, ils n'ont pas de quoi s'inquiéter vraiment.
Quelles sont les implications des critères fixés par la France et l’Allemagne ?
Des emmerdes pour tous les acteurs secondaires qui n'auront pas les moyens de mettre en place des filtrages efficaces
Des emmerdes pour les auteurs qui risquent plus que jamais d'être considérés comme des faux positifs
Pourquoi la France défend-elle si fermement les filtres automatiques des contenus mis en ligne ?
Parce qu'on a une longue tradition du copinage entre l'état et la sacemle 06/02/2019 à 16:15 -
raphcharMembre éclairéSi j'étais Google, je serais tenté d'annoncer le changement suivant « Il va falloir payer pour être référencé sur Google News. Car après tout ce service doit bien être financé. Ce n'est pas admissible que la presse profite d'un service gratuit ! »le 22/11/2019 à 13:29
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EdrixalMembre expérimentéT'es bien naif. C'est le consommateur qui paiera s'il veut pouvoir continuer à consommer, pas les GAFA. Que ce soit par plus de pubs que tu sera obliger de bouffer avant de profiter du contenue ou par des abonnements. Ou autre moyen que je ne connais pas ^^le 15/01/2019 à 16:25
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NeckaraInactif
malgrégrâce à un lobbying intense desgrandes enseignes du numériqueayants droits
le 15/04/2019 à 15:42 -
Fab le FouMembre régulierPour une fois, je soutiens Google, et plus généralement le droit de faire un lien vers une source externe, sans risquer d'être inquiété.
D'ailleurs dans le cas inverse et en toute logique, il faudrait généraliser aux autres résultats des moteurs de recherche, agrégateurs, etc.
Le plus ridicule est que ces mêmes médias qui refusent d'être gratuitement visibles sur GG News passent leurs journées à donner gratis leurs articles à FB & co et incitent leurs lecteurs à partager leurs contenus sur les réseaux sociaux...le 26/09/2019 à 10:53