Le protocole le plus utilisé actuellement est l'IPv4. Ce système attribue une série de quatre nombres (chacun allant de 0 à 255) à chaque appareil. Théoriquement, cela limite le nombre d’adresses IP disponibles à seulement 4 milliards. Mais, dans la pratique, il y a une mauvaise allocation qui réduit encore le nombre d’appareils qui peuvent se voir attribuer une adresse IPv4. Avec le succès de l’Internet et ses usages multiples dans l’ère des objets connectés, l’espace d’adressage du protocole IPv4 a donc atteint ses limites et, en 2016, l'IAB (Internet Architecture Board) a annoncé que le pool d'adresses IPv4 non attribuées a été épuisé. La solution aujourd'hui est donc de passer à la nouvelle version du protocole Internet : IPv6.
L’IPv6 permet en effet de remédier au problème d’épuisement des adresses IP avec un espace d’adressage quasi illimité, capable de répondre aux besoins actuels et anticipés. Il permet d’attribuer à chaque terminal ou nœud du réseau une adresse IP individuelle afin de le rendre accessible directement depuis n’importe quel point du réseau Internet. Il offre en plus l’opportunité d’identifier plusieurs « objets matériels ou logiciels » au sein d'un terminal ou serveur donné. Au-delà de sa capacité d’adressage, l’IPv6 intègre de nouvelles fonctionnalités permettant par exemple de simplifier certaines fonctions de la couche réseau, telles que le routage et la mobilité, ou d’assurer nativement une meilleure sécurisation des échanges.
Mais la progression au niveau mondiale est encore lente. En effet, à la date du 13 octobre 2018, le baromètre de Google a indiqué que 25% des internautes accèdent à ses services via IPv6, contre 19,21 % en janvier 2018 et 14,74 % en janvier 2017.
Google recueille en permanence des statistiques relatives à l'adoption de l'IPv6 sur Internet. En publiant ces informations, l’entreprise espère aider les fournisseurs d'accès à Internet, les propriétaires de sites Web et les décideurs durant la mise en place de l'IPv6 dans le secteur.
En Europe, la France était à 23,32 %, contre 39,14 % pour l’Allemagne. Il faut noter que le pourcentage en Allemagne est plus élevé que celui des États-Unis qui totalise un déploiement de 34,23 %. Bien entendu le pourcentage est à relativiser dans la mesure où la couverture américaine est beaucoup plus importantes que la couverture allemande. Aussi, un plus fort pourcentage d’adoption en Allemagne ne signifie donc pas une quantité d’IPv6 plus importante qu’aux États-Unis.
L’Arcep note « un retard de la majeure partie des acteurs »
En France, l’Arcep constate que la majeure partie des acteurs n’envisagent pas un déploiement qui permettrait d’avoir terminé la migration vers IPv6 à moyen terme et incite vivement les différentes parties prenantes à accélérer leur transition.
Le retard est particulièrement marqué du côté des hébergeurs - où seuls 5% des serveurs mail et 16% des trois millions de sites web des noms de domaine .fr, .re, .pm, .yt, .tf et .wf sont à ce jour accessibles en IPv6 - et du côté des opérateurs, notamment mobiles. Plus particulièrement, en ce qui concerne les principaux opérateurs Télécom en France : l’Arcep constate des progrès mais appelle les opérateurs à poursuivre et renforcer leurs efforts.
- Si 100% des clients SFR sont déjà compatibles sur le xDSL et le FTTH (0% sur le câble), moins de 1% d’entre eux sont activés - c’est-à-dire émettent et reçoivent effectivement en IPv6. Les activations à venir, bien qu’en hausse par rapport aux dernières annonces de l’opérateur, demeurent très insuffisantes (25-30% à mi-2021). Une grande majorité des clients n’activant pas IPv6 manuellement, l’Arcep invite SFR à réaliser cette activation par défaut comme la plupart des autres opérateurs. Quant aux réseaux mobiles : SFR prévoit moins de 10% de clients activés à mi-2021 ;
- L’Arcep note les efforts de déploiement de Bouygues Telecom sur les réseaux mobiles, mais regrette la chute des prévisions de migration sur les réseaux fixes : 40 à 50% de clients activés sont prévus à horizon mi-2021, contre 75 à 85% annoncés à fin 2020 dans le précédent baromètre ;
- Sur les réseaux fixes, les taux actuels de clients activés de Free et Orange sont relativement élevés (respectivement 50% et 45%), mais les projections sur le même indicateur à mi-2021 ne permettent pas d’achever la transition à moyen terme (entre 75 et 85%* pour les deux FAI). Sur les réseaux mobiles, le taux de clients activés prévu par Orange à mi-2021 est en hausse mais demeure limité (25-35%) ; l’Arcep regrette que Free Mobile n’ait pas été en mesure de lui transmettre des prévisions.
Source : Google
Voir aussi :
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