Un mémo rédigé par l’ingénieur de Google chargé par l’équipe dirigeante de travailler sur la version censurée de Google Search en Chine s’est retrouvé entre les mains de tiers écartés de la « confidence. » Comme il est de coutume dans des situations de ce type, l’équipe dirigeante de la firme de Mountain View a fini par s’en rendre compte. D’après des sources bien introduites, Google a saisi toutes les parties prenantes à la messe basse.
Le service des ressources humaines du géant technologique s’est chargé de toucher à tous les employés susceptibles de posséder une copie du mémo par voie de courriel. « Les emails demandant la suppression du mémo intégraient des traqueurs qui avertissaient les responsables RH lorsque leurs messages avaient été lus », rapporte The Intercept. On parle d’un minimum de 215 employés – nombre qui représente les ingénieurs au courant des détails du projet ; « un groupe plus peuplé que ce à quoi l’on a coutume sur la majorité des projets de Google », rapporte le quotidien.
Au début de ce mois, la nouvelle du déploiement d’une version censurée du moteur de recherche pour la Chine a filtré. Jusqu’ici, le conditionnel avait prédominé au sein des développements sur la toile. « Le projet serait en développement depuis le printemps 2017. Le moteur de recherche baptisé Dragonfly serait adossé à une application pour les plateformes Android (et iOS) et devrait bloquer des sites web, ainsi que des termes de recherche sur les droits de l'homme, la démocratie, la religion et les manifestations pacifiques », rapportait The Intercept. Avec la fuite du mémo, The Intercept apporte confirmation sur ces aspects et d’autres plus explosifs : les recherches des utilisateurs sont liées à leurs numéros de téléphone personnels ; le système sauvegarde l’historique de recherches et d’autres informations sensibles comme la situation géographique des utilisateurs. C’était déjà connu et le quotidien l’a réitéré : les contenus sont mis à la disposition d’entreprises basées à Taïwan et en Chine.
Comme avec le très controversé projet Maven, la fuite du mémo laisse apparaître les désaccords des employés de la firme de Mountain View avec sa politique. « L’auteur du mémo déclare dans le document qu’ils (les ingénieurs sur le projet) étaient opposés au développement d’outils de censure en Chine », écrit The Intercept. « Plus que le projet en lui-même, je déteste la culture du secret qu’on lui a greffé », rapporte le quotidien. En 2010, la firme de Mountain View a retiré son service de recherche de Chine pour ne pas avoir à censurer les résultats de recherche. Avec les années, Google se ravise en délaissant ses valeurs autrefois résumées dans le slogan « don’t be evil. » L’approche n’est pas du goût de tous les employés et les plus courageux présentent leurs démissions.
Source : The Intercept
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Le , par Patrick Ruiz
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