
Cette décision n’est pas sans précédent. Depuis le mois de mars 2018, l’équipe dirigeante de Google gère des correspondances de protestations tant de son personnel que d’organisations de défense des libertés sur Internet. 3100 employés (minimum) de la firme ont manifesté leur soutien pour son retrait de ce projet dénommé Maven. Y faisant suite, l’Electronic Frontier Foundation (EFF) a, de façon générale, appelé les entreprises de la technologie à s’extirper des collaborations dans le même genre.
« Nous demandons que le projet Maven soit annulé et que Google prépare, publie et instaure des règles qui stipulent que jamais l’entreprise et ses sous-traitants ne participeront à la construction de matériel de guerre », ont lancé les employés à Sundar Pichai.
Le projet Maven vise à améliorer les opérations des drones en utilisant des technologies de reconnaissance d'images. Selon le Pentagone, l'objectif initial est de fournir à l'armée une vision par ordinateur avancée, permettant la détection et l'identification automatique d'objets (classés dans pas moins de 38 catégories) capturés par la caméra d'un drone. Le projet a donc vocation à pister certaines cibles plus aisément. Google dont le rôle n’est pas très clair dans l’affaire, mais dont on sait au moins qu’il fournit l’API TensorFlow utilisée en IA, ajoute pour se défendre qu’il intervient sur des aspects non offensifs.
Seulement, référence faite à une publication (parue en juillet 2017) du département de la Défense (DoD) des États-Unis, il s’agit de « gagner des guerres en s’appuyant sur les algorithmes et l’intelligence artificielle. » Plus loin dans le papier du DoD, un colonel de l’armée américaine rappelle que « nous [les USA] sommes dans la course aux armes autonomes. » Difficile dans de telles conditions de ne pas entrevoir une utilisation pervertie de l’IA de Google, notamment, pour exceller dans les frappes ciblées. À ce propos, le géant de la Tech. s’est une fois de plus dédouané en arguant que la construction de cette technologie pour aider le gouvernement américain dans la surveillance militaire – avec des résultats potentiellement mortels – n'est pas acceptable, mais il ne peut externaliser la responsabilité morale de ses technologies à des tiers.
On est là comme dans un film où un tiers a affaire à un individu potentiellement dangereux, mais est néanmoins d’accord pour l’armer. En cela, les employés de Google estiment que la firme n’est plus cohérente avec son slogan Don’t be evil (littéralement traduit par « ne soyez pas malveillants. ») et ont décidé d’aller au-delà des pétitions et de claquer la porte.
Sources : Forbes, DoD
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