Les internautes ont appris, en début de ce mois d’août, à la suite des documents internes qui ont fuité que le géant des technologies, Google, se préparerait à déployer une version censurée de son moteur de recherche en Chine. Il a été révélé ensuite que Google utiliserait le site chinois 265.com, qu'il a acheté, pour développer une liste noire des termes de recherche, qui sera incorporée dans la version locale du service de recherche.
Ceci a valu, à Google, l’appel de l’EFF (Electronic Frontier Foundation), le défenseur des droits numériques, à un débat public afin de faire connaitre ses plans à propos de son projet de moteur de recherche censuré en Chine baptisé « Dragonfly ». Cependant, depuis le développement de cette information, Google n’a pas encore répondu publiquement aux nouvelles de ce projet, affirmant qu’il ne commentait pas les spéculations.
En effet, « Dragonfly » serait en développement depuis le printemps 2017 et aurait été boosté en décembre 2017 après une rencontre entre Sundar Pichai, PDG de Google, et un haut fonctionnaire du gouvernement chinois, selon le quotidien The Intercept. Le futur moteur de recherche supprimerait le contenu que le régime du parti communiste au pouvoir en Chine considère comme sensible, tel que des informations sur les dissidents politiques, la liberté d’expression, les droits de l’homme, les manifestations pacifiques, etc, qui constitueraient la « liste noire des requêtes sensibles » de sorte qu’« aucun résultat ne soit affiché » lorsque les internautes entrent certains mots ou expressions dans le navigateur, selon les documents fuités de Google.
Depuis ce mardi, un groupe d'ONG de technologie et de défense des droits de l'homme est intervenu sur la question en publiant une lettre ouverte adressée au PDG de Google pour exhorter l'entreprise à ne pas « s'adapter à la répression des dissidents par les autorités chinoises ». La coalition de 14 ONG est composée, entre autres, d’Amnesty International, Human Rights Watch, Reporters sans frontières, Access Now, le Comité pour la protection des journalistes, Electronic Frontier Foundation, le Centre pour la démocratie et la technologie, PEN International et Human Rights en Chine. Le groupe de défense de droits de l’homme déclare dans sa lettre ouverte que le projet Dragonfly de Google est synonyme de « capitulation alarmante de Google sur les droits de l'homme ».
En effet, Google est membre de la Global Network Initiative (GNI) qui est une organisation non gouvernementale dont le double objectif est d’empêcher la censure de l’Internet par les gouvernements autoritaires et de protéger les droits des personnes à la vie privée sur Internet. La GNI est parrainée par une coalition d’organisations à but non lucratif, d’universités et de sociétés multinationales, dont Google.
Par ailleurs, en 2006, Google a lancé son service de recherche en Chine, mais il a été obligé de le retirer en 2010, à cause des efforts du gouvernement chinois pour limiter la liberté d’expression, bloquer les sites Web et pirater les systèmes informatiques de Google. La lettre rappelle cet engagement de Google et indique : «Si la position de Google a effectivement changé, cela doit être déclaré publiquement, avec une explication claire de la manière dont Google considère qu’elle peut prendre une telle décision avec ses responsabilités internationales et ses propres valeurs. Sans ces précisions, il est difficile de ne pas conclure que Google est maintenant prêt à compromettre ses principes pour accéder au marché chinois. »
Ce projet ne fait pas, d’ailleurs, l’unanimité chez Google. Il a déjà soulevé une contestation de la part des employés qui sont opposés à la création d'une version censurée de Google Search en Chine. Ils ont fait savoir leur opposition dans une lettre ouverte adressée à leur employeur. Selon eux, Dragonfly soulèverait « des questions morales et éthiques urgentes ». Ils sollicitaient également plus de transparence dans le projet. Cependant, le PDG de Google a répondu que la société n'était « pas près de lancer un produit de recherche en Chine ».
La coalition demande à Google, également, dans sa lettre d'expliquer les mesures de protection contre les violations des droits de l'homme qui pourraient survenir suite à la mise en œuvre de son service de recherche censuré, en Chine. Elle s'inquiète, par ailleurs, du fait que l'entreprise sera « enrôlée dans des abus de surveillance » parce que « les données des utilisateurs seraient beaucoup plus vulnérables à l'accès du gouvernement chinois ».
En effet, la Chine abrite l'un des systèmes de censure Internet les plus sophistiqués au monde, connu sous le nom de Great Firewall. Facebook, Google et Twitter restent tous bloqués dans le pays, ainsi que des milliers d'autres sites, selon le quotidien.
Selon la lettre ouverte de la coalition, « Google a la responsabilité de respecter les droits de l'homme qui existent indépendamment de la capacité ou de la volonté d'un État de remplir ses propres obligations en matière de droits de l'homme ».
Source : The Intercept
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Le , par Stan Adkens
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