Le Sénat rejette les propositions de loi contre la manipulation de l'information en période électorale
Sans même les examiner en séance
Le 2018-07-27 15:10:21, par Michael Guilloux, Chroniqueur Actualités
Le jeudi 26 juillet, les propositions de loi contre la manipulation de l'information ont été rejetées par le Sénat, sans discussion, après leur adoption par les députés au début de ce mois. Les membres de la chambre haute du Parlement français ont en effet jugé qu'il n'y avait « pas lieu de délibérer » sur les deux propositions de loi très controversées destinées à lutter contre les fausses nouvelles en période électorale.
Ces deux propositions de loi – l'une ordinaire et l'autre organique – visent à permettre à un candidat ou parti de saisir le juge des référés pour faire cesser la diffusion de « fausses informations » sous 48h durant les trois mois précédant un scrutin national. Elles touchent également à l'organisation des pouvoirs publics et donnent un pouvoir accru au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). En vertu de cette loi, le gendarme de l'audiovisuel pourra par exemple se permettre de suspendre la diffusion d'une chaîne étrangère en période électorale ou résilier sa convention, sous certaines conditions. En plus du pouvoir accru du CSA, les deux propositions de loi imposent aux plateformes numériques des obligations de transparence lorsqu'elles diffusent des contenus sponsorisés. Ces obligations incluent le fait de décliner l'identité des annonceurs et le montant de la contrepartie financière.
Ces propositions de loi ont toutefois de nombreux détracteurs qui estiment qu'elles sont inutiles, mais en plus dangereuses pour la liberté d'expression et celle de la presse. Ainsi, jeudi, la commission de la Culture et la commission des Lois du Sénat ont déposé des motions pour rejeter le texte en totalité, sans même l'examiner en séance, comme cela était prévu. « Nous avons interrogé une soixantaine de professionnels et nous n'en avons trouvé aucun pour défendre cette loi », explique la sénatrice Catherine Morin-Desailly. « Cette loi est inefficace, inaboutie et dangereuse », a-t-elle ajouté.
Suivant l'avis des commissions de la Culture et des Lois de la haute assemblée, les sénateurs ont adopté une question préalable. Il s'agit d'une motion de procédure parlementaire qui a pour objet de faire décider qu’il n’y a pas lieu de délibérer sur le projet de texte présenté (texte non opportun ou contraire à la Constitution). Si la question préalable est adoptée, alors le texte est rejeté. L'adoption des deux motions a donc entraîné le rejet automatique du projet de loi.
Le rapporteur de la commission des Lois du Sénat, Christophe-André Frassa (LR), a justifié ce rejet par les doutes « sur l'efficacité des dispositions proposées » et les « risques d'une atteinte disproportionnée à la liberté de communication ». Les motions de rejet ont été adoptées à une large majorité, soit 288 voix contre 31 pour la proposition de loi ordinaire et 287 voix contre 31 pour la proposition de loi organique. Les textes vont donc retourner à l'Assemblée nationale, mais pourraient revenir à la fin de leur parcours législatif (commission mixte paritaire, nouvelle lecture des deux chambres du Parlement), en l'état. Notons aussi que le gouvernement espère que les propositions entrent en vigueur avant les élections européennes de mai 2019.
Sources : France Info, Les Échos, Challenges
Et vous ?
Que pensez-vous de la décision du Sénat ?
Croyez-vous ces propositions de loi finiront par être adoptées sans modification majeure ?
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Ces deux propositions de loi – l'une ordinaire et l'autre organique – visent à permettre à un candidat ou parti de saisir le juge des référés pour faire cesser la diffusion de « fausses informations » sous 48h durant les trois mois précédant un scrutin national. Elles touchent également à l'organisation des pouvoirs publics et donnent un pouvoir accru au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). En vertu de cette loi, le gendarme de l'audiovisuel pourra par exemple se permettre de suspendre la diffusion d'une chaîne étrangère en période électorale ou résilier sa convention, sous certaines conditions. En plus du pouvoir accru du CSA, les deux propositions de loi imposent aux plateformes numériques des obligations de transparence lorsqu'elles diffusent des contenus sponsorisés. Ces obligations incluent le fait de décliner l'identité des annonceurs et le montant de la contrepartie financière.
Ces propositions de loi ont toutefois de nombreux détracteurs qui estiment qu'elles sont inutiles, mais en plus dangereuses pour la liberté d'expression et celle de la presse. Ainsi, jeudi, la commission de la Culture et la commission des Lois du Sénat ont déposé des motions pour rejeter le texte en totalité, sans même l'examiner en séance, comme cela était prévu. « Nous avons interrogé une soixantaine de professionnels et nous n'en avons trouvé aucun pour défendre cette loi », explique la sénatrice Catherine Morin-Desailly. « Cette loi est inefficace, inaboutie et dangereuse », a-t-elle ajouté.
Suivant l'avis des commissions de la Culture et des Lois de la haute assemblée, les sénateurs ont adopté une question préalable. Il s'agit d'une motion de procédure parlementaire qui a pour objet de faire décider qu’il n’y a pas lieu de délibérer sur le projet de texte présenté (texte non opportun ou contraire à la Constitution). Si la question préalable est adoptée, alors le texte est rejeté. L'adoption des deux motions a donc entraîné le rejet automatique du projet de loi.
Le rapporteur de la commission des Lois du Sénat, Christophe-André Frassa (LR), a justifié ce rejet par les doutes « sur l'efficacité des dispositions proposées » et les « risques d'une atteinte disproportionnée à la liberté de communication ». Les motions de rejet ont été adoptées à une large majorité, soit 288 voix contre 31 pour la proposition de loi ordinaire et 287 voix contre 31 pour la proposition de loi organique. Les textes vont donc retourner à l'Assemblée nationale, mais pourraient revenir à la fin de leur parcours législatif (commission mixte paritaire, nouvelle lecture des deux chambres du Parlement), en l'état. Notons aussi que le gouvernement espère que les propositions entrent en vigueur avant les élections européennes de mai 2019.
Sources : France Info, Les Échos, Challenges
Et vous ?
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Cpt AndersonMembre émériteL'humanité a rarement vécu dans une époque aussi totalitaire. Avec le flou de la définition de la fausse information, cela va être très facile de condamner n'importe quelle info qui ne suit pas la doxa officielle. Vraiment très triste cette période.le 12/10/2018 à 16:25
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stardeathExpert confirméLes medias ont créé les fake news, n'ont pas été punis, ont perdu leurs lecteurs.
En retour, ils font maintenant du fact checking tout aussi mensonger, et ne seront toujours pas punis.
Et maintenant, on a nos chers incompétents, qui ont participé et profité des points précédents qui veulent punir les «propagateurs»? Ils seront jugés coupables comment? Par qui?
Je pense que les réponses sont déjà connus...le 04/10/2021 à 15:49 -
ZardasMembre régulierBien joué à eux pour cette initiative, si seulement plus de personnes pouvaient avoir ce réflexe, au niveau politique ou nonle 30/07/2018 à 11:37
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benjani13Membre extrêmement actifPerle du jour : Naima Moutchou, députée LREM et surtout rapporteure de la loi contre la manipulation de l'information, a diffusé sur son compte twitter... une fake news!
https://twitter.com/Brevesdepresse/s...84307117219840
https://www.francetvinfo.fr/economie...s_3053005.htmlle 27/11/2018 à 11:23 -
Jon ShannowMembre extrêmement actifMais, ça ne changera rien, car le système est fait de telle sorte que le "peuple souverain" n'est qu'un paravent démocratique qui cache une dictature ploutocratico-oligarchique des plus sournoise.
Quand un mec comme Xavier Bertrand (qui veut devenir président de la république, excusez du peu) se félicite d'avoir recueilli la confiance des électeurs, et le résultat obtenu lui donne la légitimité pour mettre en place sa politique, alors même qu'il n'a obtenu que 55.07% des votes exprimés, ce qui représente : 19.23% des inscrits.
Y a pas à dire, ça doit lui donner une sacré confiance, 19% !
Ces gens ne doutent de rien.
Et le système est très bien fait pour les protéger.
En 2007 : Vous ne voulez plus des vieux de la vieille, vous voulez du renouveau ? Bon, on vous donne Sarkozy.
En 2012 : OK Sarkozy a fait la même chose que les vieux de la vieille (en pire) ? Bon, on vous donne Hollande.
En 2017 : OK, Hollande a fait comme Sarko. Vous allez voir le changement, ni droite, ni gauche, on vous donne Macron.
Et en 2022, re-belote et dix de der. Le suivant sera exactement comme les précédents, à moins qu'on nous resserve du rab de Macron, qui sait. Des fois qu'il n'y ait personne d'autre.
Mais, même avec 80% d'abstention, le prochain Président de la République sera investi par la confiance obtenu par la victoire des urnes !le 04/10/2021 à 16:13 -
Jiji66Membre éprouvéle 12/10/2018 à 17:11
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TheLastShotMembre extrêmement actifEt en dehors des périodes électorales on s'en fout c'est ça ?
Non parce que l'impression que ça donne c'est osef que le peuple soit manipulé du moment qu'il vote pour les bonnes personnes....le 21/12/2018 à 19:55 -
benjani13Membre extrêmement actifAllez, une nouvelle Fake News diffusée par un député LREM, c'est au tour de Cédric Villani:
Premièrement ce n'est pas le bâtiment du Parisien qui a pris feu, mais une rangée de voiture devant. Deuxièmement, à l'heure ou j'ai vu ce tweet (20 minutes après), l'histoire était déjà tout autre. Les premiers éléments (et témoins) tendent vers une cause accidentel. Une voiture aurait eu une surchauffe moteur, a prit feu, feu qui s'est propagé aux véhicules adjacents. En tout cas, rien à l'heure du tweet ne permettait de conclure à un acte criminel. Mais M. le député nous vend l'histoire de journalistes pris aux pièges des flammes à cause des vilains gilets jaunes. Bravo...
EDIT:
Et Richard Ferrand:
Et la député LREM Olivia Grégoire:
Et je ne compte pas le nombre effrayant de journalistes ayant écrit/partagé le même genre de message. Ces mêmes journalistes qui s'offusque d'être détesté par les gilets jaunes, mais qui les accusent de tous les maux sans même vérifier les informations. C'est pas comme ça que ça va s'arranger...le 29/12/2018 à 23:10 -
Ecthelion2Membre extrêmement actifNon mais tout ce qu'ils disent va à contre-sens de ce qu'ils font.
Ils prônent la fin de l'anonymat sur Internet et la lutte contre les fakenews, alors que plus des 3/4 des comptes macronistes sur Twitter et autres sont des fakes / des comptes anonymes, qui sont félicités pour leur travail par Griveau et compagnie.
On ne peut pas plus se foutre de la gueule des français que ces gens-là...le 12/04/2019 à 8:40 -
NeckaraInactif
S'ils conseillent un dispositif de signalement, il faut aussi qu'ils précisent un mécanisme de recours pour le signalé, sinon c'est juste irresponsable.
Ah ? Je croyais que le but était de lutter contre les fake news ?
Balayer devant leur porte ne ferait pas de mal non plus, et aurait, je pense, un très fort impact dans la lutte contre les fake news.le 27/04/2019 à 8:10