La notion de « fausses actualités » a fait couler beaucoup d’encre suite à l’élection présidentielle américaine. Elle a tellement alimenté les débats que les plateformes les plus imposantes en termes de nombre d’utilisateurs à l’instar de Facebook et Google ont été contraintes de prendre des mesures.
Voici quelques solutions qui ont été proposées pour endiguer ce problème avec les avantages et les inconvénients associés.
Les éditeurs humains :
Ceux-ci vont s’appuyer sur un jugement éditorial ainsi que leur expérience dans le domaine qu’ils vont combiner à la vérification de faits pour déterminer le degré de fiabilité de nouveaux éléments.
Les pour : le jugement d’un éditeur est plus fiable dans la mesure où il est moins susceptible au trolling et mieux apte à gérer les nuances.
Les contre : les éditeurs coûtent cher, ils ne sont pas aussi rapides que pourraient l’espérer les médias sociaux et en plus ils sont subjectifs. Les éditeurs humains dans cette position détiendraient tout simplement trop de pouvoir et pourraient en abuser.
Un partenariat avec les sites de vérification de faits :
Les « actualités » pourraient être vérifiées sur des sites de vérification de faits populaires dans la catégorie de l’actualité comme Politifact, un site internet qui vérifie la véracité des promesses et engagements pris par les politiques américains en les classant dans l’une de ses six catégories (vrai, essentiellement vrai, à moitié-vrai, essentiellement faux et pants on fire pour les déclarations outrancièrement fausses), ou Snopes, un site Web créé dans le but de limiter la propagation des canulars informatiques (hoax) et des rumeurs infondées qui circulent sur Internet.
Les pour : cela pourrait permettre de faciliter la détection de fausses actualités et sensibiliser sur la vérification de faits.
Les contre : à la longue, cela pourrait soulever par exemple des accusations de biais politique.
Le crowdsourcing :
Le principe est assez simple : à l’instar de Wikipédia, la collaboration est la base pour aider les internautes à faire le tri dans le flux d’informations qu’ils reçoivent et distinguer les fausses actualités des vraies. À chaque fois qu’un internaute se trouve confronté à une source inconnue, il peut, à terme, solliciter la plateforme pour obtenir des réponses.
Les pour : cela a bien marché pour Wikipédia, malgré quelques ratés. Aussi, certains estiment que ce système pourrait être plus démocratique et moins enclin à être accusé de biais politique.
Les contre : ce système est plus simple à manipuler dès lors que les personnes qui valident sont payées pour promouvoir des biais.
L’initiative Décodex de Le Monde, qui revendique de s’appuyer sur cette forme de vérification, explique que « Nous avons conscience qu’il ne permettra pas de vérifier toutes les informations qui circulent en ligne, mais nous pensons qu’il offrira à chacun les moyens de discerner les plus évidentes d’entre elles, et d’être averti lors de la consultation d’un site connu pour diffuser de fausses informations ».
Ajouter un drapeau « fake news » sur des plateformes à fort trafic comme Facebook
Cela fonctionnerait comme les reports d’abus le font déjà : les utilisateurs ont la possibilité de signaler une actualité comme étant fausse. Et si suffisamment d’utilisateurs le font, elle pourra alors être marquée du drapeau « fake news ».
Les pour : ne nécessite pas de grands changements pour son implémentation et pourrait avoir un effet de dissuasion et contenir la propagation de fausses actualités.
Les contre : les utilisateurs pourraient s’organiser pour signaler en masse que de vraies actualités sont des fausses.
L’utilisation d’algorithmes et d’autres solutions techniques :
Voici quelques propositions
Un standard Open Graph
En 2008, Facebook a lancé le Facebook Connect, bouton grâce auquel il est possible de se connecter sur un site grâce à son profil Facebook. Suite à son succès, le réseau social a décidé d'aller plus loin pour lancer en avril 2010 son API Open Graph. L'Open Graph est un protocole qui permet à des sites tiers d'interagir avec les informations d'un profil Facebook et avec les relations de ce dernier.
Selon le site officiel, ce protocole « permet à n'importe quelle page web de devenir l'objet enrichi d'un graphe social. Par exemple, il est utilisé sur Facebook pour permettre à une page web de bénéficier des mêmes fonctionnalités que n'importe quel autre objet sur Facebook ».
Les moteurs de recherches utilisent ce protocole pour mieux comprendre le contenu d'une page web. Aussi, en créant un standard Open Graph qui va se servir de microdonnées pour associer aux sources originales, chaque actualité publiée va inclure des balises HTML qui vont indiquer aux moteurs de recherche comment aller à l’article d’origine.
Un algorithme de fiabilité de source :
L’idée ici est de prendre une approche scientifique face à une source. Par exemple, des recherches récentes ont proposé un modèle et un framework d’optimisation pour résoudre les conflits parmi de multiples sources de données où la fiabilité de la source et de la donnée sont des inconnues. Dans ce modèle appelé CRH, les chercheurs ont défini comme étant « vraie » la valeur qui subit peu de déviations de multiples sources mises en entrée, et le poids définit le degré de fiabilité d’une source.
Un système de réputation
Conclusion
On pourrait affirmer que l’une des meilleures choses à propos d'Internet est qu'il décentralise le contenu, permettant à toute entreprise de médias ou même des blogs de stimuler une discussion, proposer de nouvelles idées. Internet a permis à des millions de nouveaux entrants de changer le paysage médiatique. Ce qui a eu un impact tellement fort que les médias traditionnels ont dû se battre pour trouver des façons d'ajuster les modèles de revenus tout en conservant leur influence.
Si nous estimons que la « vérité » ne peut être vérifiée que par un mécanisme centralisé (un groupe de personnes ou un algorithme développé par un groupe de personnes), ne sommes-nous pas en train d’accepter l'idée que des sources arbitraires doivent être préférées, tandis que d'autres ne le doivent pas (à moins qu’elles ne soient conformes à certaines normes) ?
Et vous ?
Quelles seraient, selon vous, les meilleures méthodes pour détecter les fausses actualités ?
Voir aussi :
Fausses actualités : « les gens sont clairement plus bêtes, ils ne vérifient rien », conclut un professionnel des fausses actualités
Décodex, la réponse française pour lutter contre les fausses actualités, propose aux internautes de vérifier la fiabilité des sites d'information
Comment combattre les fausses actualités ?
Un groupe d'humains ou les algorithmes informatiques seront-ils les futurs arbitres de la « vérité » ?
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Un groupe d'humains ou les algorithmes informatiques seront-ils les futurs arbitres de la « vérité » ?
Le , par Stéphane le calme
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