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UE : Uber est une société de transport et peut donc être soumis aux mêmes règles que les taxis traditionnels

D'après la Cour de Justice de l'Union

Le 2017-12-20 11:27:19, par Michael Guilloux, Chroniqueur Actualités
Uber fournit un service de transport et peut être réglementé comme les taxis traditionnels, a déclaré aujourd'hui la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) dans une décision historique qui vise à déterminer les règles auxquelles Uber et ses pairs doivent se conformer en Europe.

L'affaire fait suite à une plainte déposée par une association professionnelle de chauffeurs de taxi à Barcelone. Selon l'association, les activités d'Uber en Espagne constituaient des pratiques trompeuses et une concurrence déloyale. Uber essaierait de nous induire en erreur par les étiquettes que se colle la société. « S'il y a un service de transport fourni, alors une entreprise ne peut pas se cacher derrière un voile mince, pour se faire passer pour un service différent », disait-elle. Uber est donc accusé d'exploiter un service de taxi illégal sans contrainte de se soumettre à des obligations légales onéreuses à cause de son statut d’entreprise du numérique.

L'affaire a été portée devant la plus haute juridiction de l'Europe, devant laquelle Uber a défendu en novembre 2016 son business model et avertit l'UE des conséquences d'un verdict qui lui est défavorable sur le développement du marché numérique unique.

Uber a essayé de persuader un panel de 15 juges que le considérer comme une entreprise de transport pourrait limiter les efforts de la Commission européenne pour stimuler le commerce électronique (un secteur où l'UE est en retard par rapport à l'Asie et aux États-Unis), mais aussi la croissance économique et la création d’emplois.

« La réduction d’obstacles inutiles aux services de société de l'information [comme Uber] est essentielle au développement du marché numérique unique », avait avancé Uber. Il faut en effet noter que dans la cadre de son projet de marché numérique unique, la Commission européenne s’est fixé comme objectif de réduire les barrières nationales empêchant les Européens d'accéder aux plateformes de commerce électronique, au contenu télévisuel et d'autres services en ligne.

À l’audience, Uber a reçu le soutien de plusieurs pays européens, dont les Pays-Bas, où se trouve son siège européen et l’Estonie, mais également l'Association européenne de libre-échange (AELE). Ces derniers ont souligné que la société ne pouvait pas être définie comme un service de transport en vertu du droit européen, parce qu'Uber ne fournit qu'un service de correspondance entre les passagers et les conducteurs. L'AELE estimait notamment que le tribunal devrait envoyer un message selon lequel l'innovation et les nouvelles opportunités d'affaires dans l'Union européenne devraient être encouragées et ne pas être entravées en les soumettant à des règles inutiles.

Mais en face, il y avait des pays comme l’Espagne, la France et l’Irlande qui se sont rangés aux côtés de l'association espagnole des taxis, estimant que la société devrait être traitée comme une entreprise de transport et, par conséquent, soumise aux règles traditionnelles du transport. Aujourd'hui, la CJUE a décidé de trancher en leur faveur : « le service fourni par Uber connectant les individus avec des conducteurs non professionnels est couvert par des services dans le domaine des transports », a déclaré la Cour européenne de justice. « Les États membres peuvent donc réglementer les conditions de fourniture de ce service », a-t-elle ajouté.

Cette décision donne le feu vert à l'ensemble des pays de l'UE pour soumettre Uber à des règles nationales plus strictes qui peuvent restreindre la façon dont la société se développe en Europe. Mais au-delà de la société californienne, il s'agit d'un précédent pour s’attaquer à des startups comme la compagnie de location en ligne Airbnb, la société de livraison de nourriture Deliveroo, et d'autres grandes marques dans l'économie de partage.

Sources : Reuters, France 24

Et vous ?

Comment accueillez-vous cette décision ?

Voir aussi :

La France remporte une victoire judiciaire contre Uber devant la CJUE concernant l'interdiction de l'application UberPop
Piratage d'Uber : la France demande des éclaircissements, et rappelle à l'entreprise les sanctions qu'elle encourt dès l'application du RGPD
Un tribunal US statue que les clients d'Uber n'ont pas le droit d'attaquer l'entreprise en justice, une clause définie dans le contrat d'utilisation
  Discussion forum
136 commentaires
  • Leruas
    Membre éclairé
    Ils peuvent partir... d'autres prendront la place
  • Lyons
    Membre éclairé
    Envoyé par halaster08
    Autant pour Deliveroo je peux comprendre, mais Airbnb n'as rien a voir avec une société de taxi !!
    Non mais c'est le même principe, prétendre être un simple intermédaire pour vendre un service via un particulier et contourner toutes les réglementations. Dans l'absolu je ne suis pas contre la location de particulier à particulier (ou autre service du genre) si c'est pour gagner 3 sous en louant sa maison 2 semaines pendant qu'on part en vacances, mais ça devient un problème quand des gens achètent des maisons dans le seul but de les louer sur Airbnb et ne sont soumis à aucune des réglementations en vigueur dans l'hôtelerie (et ne paient pas d'impôts).
  • el_slapper
    Expert éminent sénior
    C'est sur que c'est facile de faire du pognon en proposant un service similaire, sans en avoir les contraintes. "Disruptif" mes fesses.
  • AoCannaille
    Expert confirmé
    Envoyé par psychadelic

    => si je ne me trompe pas il y a des obligations légales à remplir pour avoir le droit de transporter "professionnellement" des particuliers, peut être une licence ou un permis, et aussi des droits pour une licence payante ??
    Pour rappel, la fameuse licence de taxi, ou autorisation de stationnement est délivrée GRATUITEMENT par l'administration. Ce sont les taxis entre eux qui se les vendent à un prix fou (plusieurs centaines de milliers d'euros sur paris) pour partir en retraite pépères (en ayant évité de trop cotiser toute leur vie du coup)
  • Darkzinus
    Expert éminent sénior
    Et vous ?

    Comment accueillez-vous cette décision ?

    Il était temps ! En espérant qu'il en soit de même pour les Deliveroo et Airbnb !
  • Saverok
    Expert éminent
    Envoyé par Namica
    Sinon, le principe de détourner les législations sociales de nos pays n'est pas acceptable.
    La notion de "travailleur indépendant" sur laquelle s’appuie UBER n'est pas absolument certaine. Il semble en effet que certaines des conditions relèvent d'un lien de subordination.
    Et dans ce cas, la qualité d'indépendant doit s'effacer devant celle de salarié.
    Ils ont tenté quelque chose...
    Il faut dire qu'il y avait un grand flou dans la loi ce qui permettait de laisser court à toutes les interprétations.
    Au moins le cas d'Uber aura eu le mérite de susciter le débat et de clarifier une fois pour toute cette législation.

    Uber a énormément de défauts mais le service qu'ils ont proposé aux clients a permis une véritable avancée.
    Avant Uber, nos compagnies de taxi se vautraient dans un confort de monopole et la qualité des services déjà lamentables n'a jamais cessé de se dégrader au fil du temps.
    Depuis, les compagnies de taxi françaises se sont réveillées et se sont mises au goût du jour pour proposer de vrais services aux clients.
    Désormais, l'application de taxi G7 n'a plus rien à envier à celle d'Uber.
    Dommage qu'il ait fallu en passer par là.

    Contrairement à ce que certains peuvent croire, la concurence n'a pas que des défauts.
  • calvaire
    Expert confirmé
    Envoyé par mith06
    Si on était dans un vrai système communiste on se poserait pas ce genre des questions....

    Mais on est plus ou moins dans un régime communiste, pour les grosses banques et entreprises elles ont le communisme en cas de perte d'argent (mais le capitalisme en cas de gain faut pas abuser hein)
  • micka132
    Expert confirmé
    Envoyé par L'info
    startup
    9 ans d'existence, Effectif 6700,Capitalisation 62 500 000 000 ,Chiffre d’affaires 6,5 milliard US$ (2016)
    Résultat net −2,8 milliard US$ (2016) d'apres wikipédia.
    On reconnait une startup au fait qu'elle fasse des résultats nets absolument merdique mais qu'il y a toujours des gens pour y injecter de l'argent?
  • Namica
    Membre expérimenté
    Envoyé par Christian Olivier

    Qu’en pensez-vous ?
    Si t'as des actions UBER, revends les au plus vite. Bientôt elles ne vaudront pas plus que le papier pour allumer ton barbecue.
    Le poids de ses pertes cumulées est invraisemblable. Il faut que ce soit aux U.S. que ça se passe. Elle bénéficie de capital risque qui lui laisse encore du cash.
    Elle n'est donc pas en cessation de paiement ni d'ébranlement du crédit, sinon, ce serait la faillite.
    Encore quelques scandales et on y sera.

    Sinon, le principe de détourner les législations sociales de nos pays n'est pas acceptable.
    La notion de "travailleur indépendant" sur laquelle s’appuie UBER n'est pas absolument certaine. Il semble en effet que certaines des conditions relèvent d'un lien de subordination.
    Et dans ce cas, la qualité d'indépendant doit s'effacer devant celle de salarié.
  • Refuznik
    Membre éclairé
    Depuis, les compagnies de taxi françaises se sont réveillées et se sont mises au goût du jour pour proposer de vrais services aux clients.
    Désormais, l'application de taxi G7 n'a plus rien à envier à celle d'Uber.
    Dommage qu'il ait fallu en passer par là.
    Oui ils ont sortie leur appli. mais ce n'est pas pour ça que leur service ce sont améliorés surtout en province.