La folie Pokémon Go, on peut s’en souvenir comme si c’était hier, alors que le jeu vient de fêter son premier anniversaire. En juillet dernier, Niantic a lancé son jeu de réalité augmentée qui a entrainé des dérives de la part de beaucoup de joueurs. Juste après son lancement, des millions de personnes avec les yeux fixés sur leurs smartphones ont commencé à parcourir rues et de nombreux sites de leur ville à la recherche de Pokémon. Peu importe l’endroit où les créatures virtuelles étaient censées se trouver, les joueurs s’y rendaient.
La liste des dérives est longue. Un commissariat de police en Australie a été envahi par des joueurs qui s’y sont introduits en espérant trouver des Pokémon comme le jeu le leur indiquait. Aux États-Unis, dans l’État de la Géorgie, une joueuse s’est retrouvée enfermée dans un cimetière de nuit. Après y être entrée pour capturer les Pokémon, cette dernière n’aurait pas vu le temps passer pour remarquer la fermeture du site. De nombreux individus ont aussi vu leurs propriétés envahies par des joueurs déterminés à attraper les Pokémon qui s’y trouvaient, sans se soucier de leur vie privée.
Les mesures pour arrêter la folie des joueurs ont donc vu le jour, certaines plus drôles que d’autres, mais toutes proportionnelles aux comportements irrationnels des joueurs. En France notamment, le maire de Bressolles a publié un arrêté interdisant l’implantation de personnages Pokémon sur l’ensemble du territoire de la commune de Bressolles. Ce fut ensuite le tour de la ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, qui a sollicité un rendez-vous avec Niantic pour demander qu'il n'y ait pas de Pokémon rares dans les établissements. Elle a également annoncé que les personnels de direction pouvaient demander que leur établissement soit exclu de la cartographie du jeu en remplissant un formulaire sur le site de l'éditeur. L’armée française a également pris des mesures après avoir constaté que plusieurs sites du ministère, dont des zones de défense hautement sensibles, abriteraient des Pokémon. Elle estimait donc que des risques d'intrusion ou d'attroupement à proximité immédiate des installations de l’armée étaient réels.
Le comté du Milwaukee aux États-Unis a également payé les frais de Pokémon Go. La popularité imprévue du jeu de Niantic a attiré des milliers d'utilisateurs dans ses parcs publics. Un membre du Conseil des superviseurs du comté de Milwaukee, Sheldon Wasserman, a déclaré qu'il a reçu des plaintes selon lesquelles un grand nombre de personnes jouaient au jeu dans le Lake Park de son district. Le parc était encombré, les joueurs ont piétiné l'herbe et les fleurs, et sont restés au-delà des heures d'ouverture dans le parc, sans compter le bruit excessif que créaient les joueurs. Il y avait également des rapports selon lesquels les toilettes étaient devenues malsaines pour être utilisées par les visiteurs du parc, de vendeurs non autorisés dans le parc, des infractions de stationnement et une augmentation significative de la congestion du trafic. Wasserman a affirmé que, par conséquent, le comté a été obligé de dépenser des dizaines de milliers de dollars pour des services supplémentaires de police et d'entretien du parc.
Wasserman a donc proposé une résolution pour réglementer des jeux comme Pokémon Go en ciblant les entreprises qui les créent. La résolution exige aux éditeurs d’avoir une autorisation avant d’utiliser les parcs publics du comté dans leurs jeux. Ils devraient également mettre en place des services de collecte, de sécurité et de soins médicaux sécurisés, ainsi que des assurances. Lancer un jeu sans autorisation peut donc entrainer une amende ou un emprisonnement.
Wasserman a souligné que l'ordonnance ne ciblait pas les joueurs de Pokémon Go, mais cherchait plutôt à réglementer les entreprises qui en profitent. Wasserman estimait que l'ordonnance pourrait aider à contrôler la popularité croissante des jeux comme Pokémon Go et, peut-être plus important encore, tirer parti de cette popularité pour gagner de l'argent pour le comté, ce qui est nécessaire pour entretenir les parcs qui étaient remplis à cause du jeu. Le 2 février 2017, le Conseil a adopté l'ordonnance par un vote et le 20 février, l'ordonnance a été publiée et est entrée en vigueur.
Autrement dit, le succès de Pokémon Go était en train de contribuer à fermer la porte aux autres jeux de réalité augmentée du même genre, y compris le jeu Texas Rope 'Em de Candy Lab. En mars 2017, Candy Lab a annoncé le lancement du premier jeu de poker en réalité augmentée, qui a un fonctionnement similaire à Pokémon Go. Le jeu « Texas Rope 'Em » rappelle le jeu de poker traditionnel dont son nom dérive. Il accède à la caméra arrière du téléphone pendant le jeu et superpose des éléments virtuels sur l'image du monde réel, comme on le voit à travers la caméra, y compris les cartes à jouer que l'utilisateur peut collecter. Une partie du jeu implique que l'utilisateur aille sur des sites spécifiques du monde réel pour collecter ces cartes. Parmi ces sites, se trouvent également des parcs publics détenus et entretenus par le comté de Milwaukee.
Candy Lab est donc impacté par l’ordonnance du comté. Mais il veut permettre aux joueurs résidents d’utiliser les parcs du comté, sans demander une autorisation, ni engager les frais associés liés aux services d’entretien et de police des parcs. Candy Lab a donc mené une action pour contester l'ordonnance estimant qu’elle viole son premier amendement à la liberté d'expression. L’éditeur de jeu a porté plainte contre le comté de Milwaukee, craignant que cette réglementation, si elle était adoptée ailleurs, ruine le marché naissant de la réalité augmentée. Le jeudi dernier, le juge J.P. Stadtmueller du district du Wisconsin a fini par accorder à l’éditeur de jeu sa requête, craignant que l’ordonnance viole effectivement le premier amendement. Les règles du comté de Milwaukee ont été donc suspendues temporairement le temps que l’affaire soit entendue.
Source : Décision du juge
Et vous ?
Que pensez-vous des arguments du comté de Milwaukee pour justifier sa résolution ?
Pensez-vous qu’il faut réglementer les jeux comme Pokémon Go pour éviter les dérives ?
Les éditeurs doivent-ils être tenus responsables pour le comportement des joueurs ?
Le marché de la réalité augmentée devrait-il payer pour la folie des joueurs de Pokémon Go ?
Une réglementation contestée devant les tribunaux US
Le marché de la réalité augmentée devrait-il payer pour la folie des joueurs de Pokémon Go ?
Une réglementation contestée devant les tribunaux US
Le , par Michael Guilloux
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