
Tesla et les fabricants de modules alternatives du marché secondaires sont lancés dans une course dont l’issue est encore incertaine. Nous avons appris qu’un module tiers baptisé Boost50, branché sur la Tesla Model 3 Dual via la carte MCU, réduit le temps d'accélération de 0 à 100 km/h à 3,8 secondes, contre 4,4 secondes auparavant, et offre bien d’autres avantages. Mais ce nouveau domaine de la modification s'accompagne d'un risque tout aussi nouveau, récemment mis en évidence par un propriétaire de Tesla Model 3. Risque qui suggère que votre voiture connectée sait quand vous l'avez piratée, et elle pourrait enregistrer ces données pour les utiliser contre vous lors d'une future réclamation au titre de la garantie.
En effet, un propriétaire de Tesla Model 3 a publié le mois dernier un message d'avertissement qui est apparu sur l'écran de son véhicule. Le message signalait : « modification incompatible du véhicule détectée », qui pourrait conduire à un « risque potentiel de dommages ou d'arrêt », après que le propriétaire ait installé la dernière mise à jour du système d'exploitation en direct de Tesla. Avant la mise à jour, il avait également ajouté un module tiers qui permet au modèle 3 Dual d'atteindre son temps de passage de 0 à 60 MPH le plus rapide sans l'option "Acceleration Boost" de Tesla, qui coûte 2 000 dollars. Sa présence n'a pas déclenché d'avertissement avant la mise à jour du logiciel, et bien que la voiture ait continué à rouler normalement, le propriétaire n'a pas pu faire disparaître l'affichage.
La société canadienne Ingenext se concentre sur l'activation des caractéristiques de performances et de confort latentes intégrées aux véhicules Tesla. Son module Boost 50 est une modification à 1 458 dollars qui fait faire aux propriétaires une économie de 500 dollars. Même si ce n'est qu’une faible marge compte tenu des problèmes de garantie que cela pourrait entraîner, le minuscule module comprend également l'accès à d'autres fonctions intéressantes comme le mode Drift (qui désactive le contrôle de la traction), l'éclairage ambiant, les sièges arrière chauffants, le chauffage personnalisé de la batterie et la possibilité d'ouvrir la porte du conducteur lorsque le propriétaire s'approche de la voiture.
En plus, si vous ne cherchez pas à dépenser la totalité du montant de la mise à niveau, ou si vous ne possédez pas de Model 3 avec une configuration à double moteur compatible, Ingenext propose un "module bonus" moins cher qui active simplement les fonctions de confort.
Selon Ingenext, son module est une modification transparente et indétectable qu'un conducteur peut installer en quelques minutes pour une fraction du prix (avec plus de fonctionnalités) que l'offre officielle de Tesla. « Le module Boost 50 est indétectable à distance », a écrit Ingenext sur la page produit de Boost 50, « Cependant, lors d'une visite dans un centre de service ou lorsqu'un technicien se rend à votre domicile, il est recommandé de retirer l'appareil au préalable », lit-on. Ingénext a même publié une page sur son site Web pour dire aux propriétaires si une mise à jour du logiciel d'un véhicule était sûre d'être installée sans pouvoir détecter la modification.
Mais il s’est avéré que le propriétaire mentionné précédemment était l'un des nombreux propriétaires qui ont installé une nouvelle mise à jour OTA de Tesla sans se référer d'abord à la page de "mises à jour sûres". Heureusement, la mise à jour n'a pas désactivé la modification, mais les choses auraient pu être pires. Même si le véhicule n’a pas enregistré de dommages, on ne peut pas savoir exactement ce qui se passe lorsque la voiture détecte une modification et affiche cet avertissement au conducteur. Peut-être qu’une information est enregistrée dans l'historique du véhicule ou qu’elle est envoyée en tant qu'alerte au constructeur du véhicule. Personne d'autre que Tesla ne connaît vraiment la réponse à cette question pour l'instant.
Un nouveau module d’Ingenext, "Nice Try Module", permet d’empêcher la détection
Tesla a fini par détecter Boost 50 avec sa mise à jour. Mais, selon The Drive, une solution simple aurait pu être de ne pas mettre à niveau le logiciel du véhicule. Cela fonctionnerait, mais ce n'est certainement pas une solution à long terme non plus. Tesla a l'habitude de forcer les mises à jour logicielles pour réparer les fonctionnalités obsolètes de ses véhicules, ce qui signifie qu'un jour, ceux qui repoussent les mises à jour ne pourront pas se cacher indéfiniment. Faut-il prendre le risque d’installer cette modification ?
Guillaume André, le fondateur d'Ingenext, a déclaré à The Drive qu'il craignait que Tesla n'utilise la détection des pièces de rechange pour justifier le blocage des véhicules lors de l'utilisation du réseau de Superchargers et faire des clients « un prisonnier du système Tesla ». On ne sait pas encore ce qui se passe lorsque les propriétaires qui ont reçu l’avertissement de Tesla utilisent les Superchagers.
Cependant, Ingenext a toujours soupçonné que Tesla chercherait à contourner les pièces de rechange des fabricants tiers. La société s'est donc mise au travail pour trouver comment Tesla a détecté son module, qui était censé être "indétectable". Après quelques recherches, a rapporté The Drive, la société a déterminé que le véhicule avait utilisé un réseau de communication séparé pour détecter la présence du module et a finalement déterminé qu'un second petit module matériel pouvait être installé pour combattre la détection. Ingenext a baptisé sa solution "Nice Try Module" et a déjà commencé à l'expédier à ses clients, selon The Drive. Le dispositif supprime le message d’avertissement de Tesla, selon la vidéo d’Ingenext.
La communauté Tesla est déchirée sur cette question, selon The Drive. Certains affirment que les propriétaires qui ont acheté le module connaissaient le risque de ne pas passer par les canaux officiels. D'autres évoquent le point très valable du droit de réparation. La question est de savoir si ce droit inclut aussi le droit de modification pour profiter des options payantes embarquées, mais non encore activées.
Tesla n’est pas le seul constructeur concerné par les modifications pour avoir plus de performance ou de confort à moindre coût. Les propriétaires de certaines BMW modernes, par exemple, peuvent lancer une application sur leur téléphone et flasher l'unité de commande du moteur (ECU) de leur voiture pour débloquer des chevaux supplémentaires, ou une autre application leur permettra même de réduire la puissance de la transmission intégrale aux seules roues arrière, a rapport The Drive. Après tout, ils sont propriétaires des véhicules pour lesquels ils ont dépensé plus de 40 000 dollars.
Selon Ingenext, ce n'est que le début d'un combat qui, selon lui, sera plus difficile, pour toutes les entreprises de pièces de rechange qui développent des modifications de performance pour Tesla. « Nous prévoyons que Tesla continuera à essayer de nous bloquer, car je crois qu'ils veulent prouver qu'ils ont le contrôle et qu'ils ont le dernier mot », a déclaré André à The Drive. « Comme le disent certains clients, vous ne possédez pas vraiment de Tesla, car [l'entreprise] la contrôle à distance et peut faire ce qu'elle veut », a-t-il ajouté.
« S'ils ont la capacité et la volonté de désactiver les fonctions à distance, la voiture ne vous appartient pas », a écrit un commentateur. Pour un autre, les propriétaires qui optent pour les modules tiers pourraient se voir retirer leur garantie. « Modifiez la voiture autant que vous voulez, mais ne vous attendez pas à ce que Tesla répare votre voiture une fois que vous l'avez abîmée vous-même. Et ne vous attendez pas à les poursuivre en justice lorsque le pilote automatique vous tue, car ce n'est plus de leur ressort ». Et vous, qu’en pensez-vous ?
Sources : Ingenext, Vidéo YouTube
Et vous ?



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