
Les raisons techniques de l’échec de StopCovid France sont pourtant nombreuses
StopCovid s'appuie sur la technologie Bluetooth qui permet aux smartphones d'identifier des appareils à proximité (écouteurs, enceintes, imprimantes...) et non de recueillir des données de géolocalisation. L’idée est de retracer l'historique des relations sociales des tiers qui installent l’application dans les jours qui font suite à son installation. Les raisons pour lesquelles on était en droit de s’attendre à un bide sont nombreuses :
StopCovid est optionnel et pose des questions en lien sur la surveillance de masse
L’installation de StopCovid se fait sur la base du volontariat. C’est une recommandation de la Commission de l’UE destinée à respecter le cadre du RGPD. Seulement, elle soulève des inquiétudes en lien à la surveillance de masse. En effet, StopCovid est architecturé sur un modèle centralisé qui ouvre la possibilité de transmission de données médicales potentiellement sensibles à une seule source.
Tout le monde ne dispose pas de smartphones
Prèe de 23 % de la population en France ne possède pas de téléphone dit intelligent, d’après Statista. À cela, il faut ajouter le cas des personnes (13 millions environ) qui ne savent pas se servir des outils numériques et qui pourraient avoir du mal à faire fonctionner StopCovid.
Quid du Bluetooth ?
La technologie Bluetooth sur laquelle se base l'application StopCovid ne serait pas suffisamment précise pour permettre de mesurer si l'on se trouvait à plus (ou moins) des deux mètres de distanciation sociale recommandés par les autorités sanitaires, sa portée pouvant aller de moins d'un mètre à près de 400 mètres. La qualité du signal aussi dépendrait du terminal utilisé, de sa batterie et de ses composants, et autres.
StopCovid France n’est pas la seule application à faire un bide
Les chiffres parlent un peu plus de trois mois après le lancement des dernières applications de suivi de la propagation du coronavirus par smartphones. Le moins qu’on puisse dire est que l’approche centralisée ou pas ne connaît pas de succès. D’un pays à l’autre, le dénominateur commun est que les pourcentages d’installation des applications sont très en deçà de ceux requis pour qu’elle soit efficace.
Japon : 126 millions d’habitants ; 7,7 millions de téléchargements de l’application de suivi ; seulement 27 cas positifs signalés par cette dernière. Italie : 60 millions d’habitants ; 4,2 millions de téléchargements de l’appli ; Allemagne : 83 millions d’habitants ; 16 millions d’installations de l’application lancée par le gouvernement. Ce sont des chiffres de la BBC qui présentent une tendance similaire à ceux d’un sondage de Sensor Tower, lequel révèle que seuls 3,1 % des Français ont adopté l’application StopCovid. Les experts sont clairs sur la question : la plus grande majorité doit procéder à l’installation de l’application lancée par les autorités d’un pays donné pour qu’elle puisse rendre satisfaction. Une étude publiée par l'Université d'Oxford (pour ne citer que celle-là) révèle qu'une telle application ne peut être utile que si elle était utilisée par plus de 60 % d’une population.
Le difficile équilibre entre droits individuels et intérêt général
Les pays où ces dispositifs de suivi (de la propagation du virus via smartphones) ont du succès sont ceux qui ont mis en place des politiques de gestion qui s’écartent de celles mises en œuvre dans des espaces comme l’UE sur un point principal : celui en lien à la question de volontariat.
Dans le cas de Singapour, les personnes susceptibles d'avoir été exposées au nouveau coronavirus (en particulier celles qui revenaient de l'étranger) ont été soumises à des périodes d'isolement à domicile de 14 jours. Les patients confirmés pour leur part ont été hospitalisés. Pour faire respecter les périodes d'isolement à domicile, les fonctionnaires demandaient aux citoyens d'activer les services de géolocalisation sur leur smartphone et de cliquer de façon périodique sur un lien envoyé par SMS. Ce lien signalait leur position, confirmant qu'ils restaient effectivement chez eux. Ces derniers devaient répondre aux messages dans un court laps de temps pour empêcher que des tiers ne trichent en laissant leur téléphone pendant qu’ils s’aventurent à l’extérieur. En sus, les autorités ont procédé à des descentes sur le terrain pour confirmer la localisation des personnes placées en quarantaine.
À Taïwan, les porteurs potentiels du virus sont dotés d'un smartphone équipé d'un GPS et d’une application de pistage. Ces dispositifs font office de « barrière électronique » et permettent de garantir que les personnes en quarantaine restent chez elles en prévenant les forces de l’ordre si ces dernières sortent de quarantaine, s’éloignent de leur domicile ou éteignent leur téléphone. La police locale appelle jusqu’à deux fois par jour pour s’assurer que les personnes en isolement se trouvent là où ils devraient être.
Source : France Inter
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