Alors que le nombre officiel de cas de Covid-19 en Russie est passé à 2 777 mercredi, le président Vladimir Poutine prend des précautions et tiendra une réunion à distance pour se protéger contre le coronavirus, a déclaré le Kremlin aujourd’hui, tandis que les autorités de Moscou ont dévoilé une application pour smartphone conçue pour garder un œil sur les personnes qui ont reçu l'ordre de rester chez elles à cause du coronavirus. La Russie a également étendu mercredi son dispositif de verrouillage pour couvrir une plus grande partie de son territoire tentaculaire.
Selon Reuters, le médecin Denis Protsenko a fait visiter au président de la Russie Vladimir Poutine, la semaine dernière, le principal hôpital de Moscou spécialisé dans le traitement du coronavirus et a serré la main du dirigeant russe. Mais Protsenko s'est isolé depuis mardi dans son bureau, parce qu’il a été diagnostiqué positif au coronavirus. Un jour après, Poutine prend ses précautions et a décidé de tenir une réunion gouvernementale, prévue plus tard dans la journée de mercredi, par vidéoconférence, a indiqué le Kremlin.
Le Kremlin, qui a déclaré que tout allait bien pour la santé du président, a déclaré que Poutine gardait désormais ses distances avec les autres et préférait travailler à distance. A la question de savoir si Poutine avait changé sa façon de saluer les gens et s'il gardait désormais ses distances, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré: « Bien sûr, maintenant tout le monde garde une distance sociale. Tout le monde fait cela ».
Moscou, une métropole de plus de 12,5 millions d'habitants qui est devenue l'épicentre de l'épidémie en Russie, est dans une situation inquiétante depuis l'annonce d'un confinement partiel dimanche, selon Reuters. En plus de l’application des mesures de distanciation sociale, les autorités de Moscou ont annoncé deux autres mesures techniques pour surveiller certaines personnes alors que le nombre de personnes infectées a connu une augmentation de 440 personnes en une journée, et que vingt-quatre personnes sont mortes à ce jour en Russie, selon les autorités.
Moscou risque d’être transformé en « camp de concentration numérique », selon les critiques du Kremlin
La Russie a étendu son dispositif de confinement du coronavirus mercredi pour couvrir une plus grande partie de son territoire tentaculaire. Les résidents ont été informés qu'ils ne peuvent quitter leur maison que pour acheter de la nourriture ou des médicaments à proximité, recevoir un traitement médical urgent, promener le chien ou vider leurs poubelles. Même la Place Rouge était en grande partie vide mardi, selon Reuters, à l'exception de la police qui a arrêté des passants occasionnels pour vérifier leurs papiers.
Mercredi, un responsable de la ville de Moscou a déclaré que les autorités avaient mis au point une application pour smartphone destinée aux résidents ayant contracté le virus, qui permettrait aux fonctionnaires de surveiller leurs déplacements. L'application, qui est toujours en cours de test, sera disponible à partir de jeudi, a déclaré le fonctionnaire de la ville, Eduard Lysenko, à la station de radio Ekho Moskvy.
Reuters a rapporté que Moscou se prépare également à déployer un système de code QR à l'échelle de la ville où chaque résident qui s'inscrit en ligne se verra attribuer un code unique qu'il pourra montrer aux policiers s'il est arrêté lorsqu'il se rend au magasin ou à la pharmacie, a déclaré le fonctionnaire. Ces deux mesures figurent dans un projet non confirmé de plan pour un système de surveillance à l'échelle de la ville qui a été diffusé en ligne cette semaine, selon Reuters. Les critiques du Kremlin ont déclaré que cela risquait de transformer Moscou en « camp de concentration numérique ».
D’autres autorités des pays touchés par le Covid-19 ne sont pas également contre un traçage des smartphones
Les autorités du Singapour, qui ont confirmé le premier patient du pays le 23 janvier dernier, demandaient aux citoyens, pour faire respecter les périodes d'isolement à domicile, d'activer les services de géolocalisation sur leurs smartphones et de cliquer de façon périodique sur un lien envoyé par SMS. Ce lien signalait leur position, confirmant qu'ils restaient effectivement chez eux. Ces derniers devaient répondre aux messages dans un court laps de temps pour empêcher que des tiers ne trichent en laissant leurs téléphones pendant qu’ils s’aventurent à l’extérieur.
La France n’exclut pas également des mesures similaires. La semaine dernière, le pays a annoncé la mise en place d’un comité de chercheurs et de médecins qui sera notamment chargé de conseiller l’exécutif sur les pratiques de backtracking qui permettent d’identifier les personnes en contact avec celles infectées par le coronavirus. Avant la décision de la France, cette stratégie, qui vise à utiliser les données de géolocalisation pour tenter d’enrayer la progression de l’épidémie, avait déjà été mise en œuvre ou en passe de l’être en Corée du Sud, en Allemagne, en Autriche, en Belgique, en Chine, en Corée du Sud, en Espagne, aux États-Unis, en Italie, en Israël, en Pologne, en Russie, ou encore à Taïwan.
Quant au gouvernement suisse, il a fait appel à Swisscom pour qu’il lui signale les regroupements d'individus, selon un rapport publié la semaine dernière. Il a été demandé à Swisscom d’identifier les zones comptant au moins 20 cartes SIM dans un espace d’une superficie de 100 mètres sur 100. Le but, pour les autorités, est de déterminer si la population respecte l’interdiction de rassemblements de plus de cinq personnes dans l’espace public, à savoir les places publiques, les promenades et les parcs, comme le stipule l’article 7c, alinéa 1 de l’ordonnance 2 COVID-19.
L’application de ces mesures de suivi par les gouvernements combinées à d’autres recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) permet aujourd’hui à certains pays comme le Singapour d’être parmi ceux qui contrôlent le mieux la propagation de l’infection. Cependant, selon Edward Snowden, s’il faut reconnaître qu’il y a des résultats, cela ne vient pas sans le revers de la médaille. Il prévient qu’une fois cet arsenal déployé par les gouvernements, il sera difficile pour eux d’y renoncer une fois la crise sanitaire sera terminée.
Pour revenir, à la stratégie de Moscou pour faire respecter les mesures du confinement, Lysenko, le fonctionnaire de la ville, a déclaré que toute personne ne disposant pas d'un appareil capable de télécharger l'application de surveillance se verrait en prêter un par les autorités de la ville qu'elle retournerait plus tard. Huit régions du sud de la Russie ont mis en place des mesures de confinement similaires à Moscou mercredi, ce qui signifie que plus de 60 des 80 régions de Russie sont maintenant en état de confinement partiel, selon Reuters.
Source : Reuters
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Ces mesures sont-elles indispensables pour faire respecter les mesures de confinement ?
Pensez-vous que ces mesures de surveillance seront purement et simplement abandonnées par les gouvernements une fois que la crise du coronavirus sera terminée ?
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Poutine prend des précautions contre le coronavirus alors que le Kremlin dévoile une application de suivi,
Qui risque de transformer Moscou en « camp de concentration numérique »
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Le , par Stan Adkens
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