Mi-mai, l'administration Trump a publié un décret qui plaçait Huawei sur une liste noire, une décision qui contraignait les entreprises américaines à ne plus faire affaire avec l'équipementier chinois, à moins de disposer d'une autorisation officielle. Suite à cette décision, Google a décidé de ne plus fournir de logiciels, de matériel informatique ou service technique à Huawei à l’exception des services disponibles en open source. L'éditeur d'Android a toutefois assuré que Google Play et les protections de sécurité de Google Play Protect continueront de fonctionner sur les appareils Huawei existants.
En plus d’être coupé du système d’exploitation le plus vendu au monde, Huawei a vu certains des principaux concepteurs et fournisseurs de puces au monde suspendre également leurs relations commerciales jusqu’à nouvel ordre.
S'étant sans doute vite rendu compte de la sévérité du décret de Trump et de ses conséquences sur les USA eux-mêmes, Washington a réduit les restrictions commerciales imposées à Huawei. L’administration Trump a publié un nouvel arrêté qui prolonge de 90 jours (désormais jusqu’en février 2020) « ;la période de grâce ;» durant laquelle elle autorise les entreprises américaines à faire des affaires avec l’entreprise chinoise Huawei Technologies. Il a également été rapporté que le département américain du Commerce examinait en parallèle la possibilité d’octroyer des licences individuelles aux entreprises locales qui souhaitent continuer à faire des affaires avec des entités « ;à risque ;» comme Huawei qui figurent sur la liste noire du gouvernement US pour des raisons de sécurité nationale. Des sociétés comme Google, Intel ou Microsoft sont particulièrement intéressées par la seconde option qui leur procurerait, à eux ainsi qu’à leurs partenaires (Huawei en l’occurrence) une certaine stabilité et de meilleures garanties pour la poursuite de leurs transactions commerciales.
Les entreprises de technologie américaines ont donc obtenu le feu vert de Washington pour reprendre leurs affaires avec le constructeur de smartphones Huawei Technologies Co., mais il est peut-être trop tard : l'entreprise construit actuellement des smartphones sans puce américaine.
Le dernier téléphone de Huawei, qu'il a dévoilé en septembre (le Mate 30 avec un écran incurvé et des caméras grand angle qui rivalise avec l'iPhone 11 d'Apple Inc.) ne contenait aucune pièce américaine, selon une analyse effectuée par UBS et Fomalhaut Techno Solutions, un Laboratoire technologique japonais qui a démonté l'appareil pour en inspecter l'intérieur.
Le décret de Trump en mai a empêché des sociétés comme Qualcomm Inc. et Intel Corp. de vendre des puces à Huawei, bien que certaines ventes de pièces aient repris au cours de l’été, après que les sociétés ont déterminé qu’elles n’étaient pas concernées par cette interdiction. Pendant ce temps, Huawei a beaucoup progressé dans la réduction de sa dépendance vis-à-vis de sociétés américaines.
Huawei a longtemps compté sur des fournisseurs tels que Qorvo Inc., le fabricant de puces basé en Caroline du Nord pour connecter des smartphones avec des tours de téléphonie cellulaire, et Skyworks Solutions Inc., une entreprise basée à Woburn, dans le Massachusetts, qui fabrique des puces similaires. Il a également utilisé des composants de Broadcom Inc., le fabricant de puces Bluetooth et Wi-Fi basé à San Jose, et de Cirrus Logic Inc., une société basée à Austin, au Texas, qui fabrique des puces pour la production de son.
« Lorsque Huawei a lancé ce téléphone haut de gamme - et il s'agit de son produit phare - sans contenu américain, cela a eu l'effet d'une grosse annonce », a déclaré Christopher Rolland, analyste des semi-conducteurs chez Susquehanna International Group.
Les dirigeants de Huawei ont dit à Rolland que la société s'éloignait des pièces américaines, mais la vitesse à laquelle cela se produit reste surprenante même pour les analystes. Néanmoins, nombreux sont ceux qui pensent que cette réduction de la dépendance aux entreprises US devait arriver, mais que le décret de Trump a été le catalyseur qui a précipité les choses.
Sur le marché du smartphone, Huawei conserve sa seconde place selon les baromètres depuis plusieurs trimestres déjà, se rapprochant sensiblement du numéro un mondial Samsung. Par exemple, Gartner indiquait qu'Huawei a enregistré la plus forte croissance parmi les constructeurs malgré une absence aux USA, précisant que « Huawei a particulièrement bien réussi dans deux de ses plus grandes régions, l’Europe et la Grande Chine, où ses ventes de smartphones ont augmenté de 69% et 33%, respectivement ».
Huawei s'est également préparé à l'éventualité de perdre sa licence d'exploitation sur Android et a continué de développer son propre OS au cas où ses relations avec Google se dégraderaient. De plus, le constructeur est également en train de développer une alternative au Play Store de Google, avec sa galerie d'applications, présente depuis un certain temps sur les appareils Android Huawei et Honor.
En 2018, Huawei a promis aux développeurs d’applications de les aider à percer en Chine, le plus grand marché de smartphones du monde, s’ils construisaient des applications pour sa vitrine de téléchargements. En passe de devenir le fabricant de smartphones le plus prolifique au monde cette année, Huawei a aussi assuré à des partenaires développeurs d’applications que 50 millions de personnes utiliseraient son app store en Europe en 2018. La société aurait également proposé de fournir « un outil simple permettant de modifier les applications écrites pour Play Store afin qu'elles fonctionnent avec App Gallery », sa boutique d'applications. Une situation qui pourrait avoir des répercussions sur les entrées de Google.
Source : WSJ
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Huawei, qui était dépendant des constructeurs US, a présenté un smartphone sans puce américaine
Dans un contexte où les entreprises US voudraient reprendre les affaires avec lui
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Le , par Stéphane le calme
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