De nombreux parents ont probablement déjà été témoins des différences frappantes dans la façon dont leurs enfants (garçons et filles) utilisent la technologie, leurs garçons étant en général attirés par les jeux vidéo, alors que leurs filles passent souvent plus de temps sur les réseaux sociaux. Bien sûr, les filles ont leurs propres problèmes et ces derniers ne sont pas forcément les mêmes que ceux des garçons. Cependant, il faut tout de même noter que quand il s’agit de jeux vidéo, la plupart des filles semblent avoir une meilleure maîtrise sur le moment d’arrêter.
Avez-vous déjà remarqué la réticence dont font preuve certains garçons lorsqu’ils doivent arrêter les jeux vidéo et passer à d’autres activités ou les difficultés auxquelles font face certains jeunes lorsqu’ils vont à l’université et doivent jongler entre les jeux / les réseaux sociaux et les travaux scolaires sans l’aide de leurs parents ;?
Que nous révèle la recherche ?
En 2013, selon une enquête du Pew Research Institute menée auprès de 800 jeunes de 12-17 ans, 9 adolescents sur 10 utilisaient au moins un réseau social en France. En outre, 91 % de ces échanges sur le réseau social Facebook concernaient uniquement le partage des photos. La même année, une enquête de l’observatoire des réseaux sociaux a confirmé le penchant prononcé des jeunes Français pour les réseaux sociaux axés autour de l’image, avec Instagram en chef de file. Plus tard, en 2017, une autre étude du Pew Research Institute a révélé que 41 % des adolescents américains reconnaissaient passer trop de temps à jouer à des jeux vidéo, contre seulement 11 % des filles. Larry Cahill est professeur de neurobiologie et de comportement à l’Université de Californie. Il a passé deux décennies à étudier les différences de genre au niveau du cerveau. Cité par le média le Wall Street Journal, il a déclaré à ce propos : « ;Il est tout à fait plausible d’un point de vue neurologique qu’il y ait une composante biologique sous-jacente à cette différence que les gens voient ;».
Plus récemment, de nouvelles recherches ont montré que les différences cérébrales entre les individus de sexe masculin et féminin expliquent en partie cette différence de comportement entre les filles et les garçons vis-à-vis de l'utilisation de la technologie. Marc Potenza, professeur de psychiatrie à l’université de Yale, a fait équipe avec des chercheurs d’universités chinoises pour tenter de lever le mystère sur ce phénomène. À l’aide de l’imagerie par résonance magnétique (IRM) fonctionnelle qui mesure l’activité cérébrale en détectant les changements dans le débit sanguin, l’équipe de recherche a étudié les réponses neurales chez les jeunes joueurs et joueuses, particulièrement dans les parties du cerveau associées au processus de récompense et à l’état de manque - un facteur de motivation dans la dépendance. Lorsqu’on montrait aux hommes et aux femmes des photos de personnes jouant à des jeux vidéo, ces parties du cerveau chez les hommes montraient des niveaux d’activation plus élevés que les mêmes zones cérébrales chez les femmes. Par ailleurs, les régions du cerveau qui ont été impliquées dans des études sur la toxicomanie se sont également révélé être plus fortement activées chez les hommes après le jeu. Les chercheurs ont déclaré que les résultats suggèrent que les hommes pourraient être biologiquement plus enclins que les femmes à développer des troubles liés aux jeux sur Internet. Certains experts ont émis l'hypothèse que l'expérience de jeu multijoueur représenterait pour les garçons une forme d'interaction sociale en ligne.
Des femmes altruistes et des hommes plutôt égoïstes ?
Toutefois, les adolescentes et les femmes ne sont pas exemptes de problèmes, lorsqu’il est question de médias numériques. Les données du Pew Research Institute montrent qu’en général, les femmes utilisent beaucoup plus que les hommes les plateformes de réseaux sociaux telles que Facebook, Instagram et Pinterest. Nombreuses sont les filles et les femmes qui sont attirées par ces sites de partage de photos parce qu’elles aiment créer des liens et trouver des similitudes, a confié à ce propos Rosanna Guadagno, psychologue sociale à l’Université Stanford. Certaines études récentes montrent aussi que les filles ressentent plus que les garçons les effets néfastes d’une trop grande utilisation des réseaux sociaux, comme la dépression et l’anxiété.
Des chercheurs de l’Université de Zurich se sont penchés sur la façon dont les différences dans le fonctionnement du cerveau peuvent aider à expliquer pourquoi les femmes ont tendance à être plus prosociales - c’est-à-dire utiles, généreuses et coopératives - que les hommes. Dans une étude de 2017, ils ont émis l’hypothèse que les zones du cerveau des femmes liées au processus de récompense sont plus actives lorsqu’elles partagent les récompenses (altruisme) et que ces zones chez les hommes sont plus actives lorsqu’ils reçoivent des récompenses (égoïsme). Les analyses de cerveaux menées sur des hommes et des femmes, dans lesquelles ils ont choisi entre recevoir une récompense monétaire seulement pour eux-mêmes ou une récompense qui impliquait de partager de l’argent avec d’autres, semblent appuyer leur théorie.
Même si cette démarche peut être critiquée par certains groupes de défense des consommateurs au motif qu'elle renforcerait les stéréotypes sexuels, les universitaires qui étudient les différences entre les sexes qui font face à des réactions négatives en soulignant que les garçons et les filles ne sont pas les mêmes tentent de faire comprendre le bienfondé de cette recherche. À ce sujet, Larry Cahill a confié que « ;ce n’est pas un débat qu’il y a des influences sexuelles dans tout le cerveau des mammifères ;», en attirant l'attention sur le fait que « ;c’est la façon dont ils se déroulent tous que nous devrions explorer de façon responsable ;». De manière générale, les scientifiques affirment que la compréhension de ces différences est essentielle à la capacité des parents d’aider leurs enfants à naviguer dans le monde en évolution rapide de la technologie.
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Le , par Christian Olivier
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