
Richard Matthew Stallman, 66 ans, est un programmeur et un militant du logiciel libre. Initiateur du mouvement du logiciel libre, il lance, en 1983, le projet GNU et la licence publique générale GNU connue aussi sous le sigle GPL. Il a popularisé le terme anglais « copyleft ». Programmeur renommé de la communauté informatique américaine et internationale, il a développé de nombreux logiciels dont certains des plus connus sont l’éditeur de texte GNU Emacs, le compilateur C de GNU (GCC), le débogueur GNU (gdb), le moteur de production GNU Make, etc.
Depuis 1971, Stallman est programmeur et hacker au département de recherche en intelligence artificielle du Massachusetts Institute of Technology (MIT). Cependant, ce lundi, Stallman a démissionné du CSAIL au MIT ainsi que de son poste de président au sein de la Free Software Foundation, l’organisation qu’il a fondée en 1985 pour soutenir le mouvement du logiciel libre. Stallman aurait démissionné du MIT après un échange de courriers électroniques concernant Jeffrey Epstein, Marvin Minsky et les agressions sexuelles sur mineurs.
« À la communauté du MIT, je démissionne immédiatement de mon poste de CSAIL au MIT. Je le fais en raison de la pression exercée sur le MIT et moi-même à la suite d'une série de malentendus et de descriptions erronées », a annoncé hier Stallman sur son site Web de diffusion. Cette démission intervient après que Stallman eut fait des commentaires sur les victimes du trafiquant d’enfants Jeffrey Epstein. Selon certaines sources, Stallman s’est prononcé sur le cas de Marvin Minsky, accusé d’avoir agressé sexuellement une des victimes de Jeffrey Epstein. Selon Stallman, la victime d'Epstein "s'est présentée à[Marvin Minsky] comme tout à fait consentante". Stallman s'est également interrogé sur la définition du mot "viol" et sur la question de savoir si ce terme s'applique aux victimes.
« Il est temps que la communauté des logiciels libres quitte l'adolescence et passe à l'âge adulte »
La Software Freedom Conservancy, l'organisation à but non lucratif qui fournit des services juridiques pour les projets de logiciels libres / open source, a annoncé sur son site que « Richard Stallman ne parle pas et ne peut parler au nom du mouvement du logiciel libre ». Lui emboîtant le pas, Thomas Bushnell, ancien mainteneur de noyau de GNU, a publié dans un billet ses réflexions sur le départ de Richard Stallman.
Rappelant qu'il a travaillé avec RMS (Richard Matthew Stallman) plus longtemps que n'importe quel autre développeur, il a noté que :
- Il y a eu des rapports erronés et cela pose un problème. Même si je n'ai pas parcouru l'intégralité du fil de discussion que Selam G. a posté, ma réaction a été que RMS ne défendait pas Epstein et ne disait pas que la victime dans cette affaire agissait de son plein gré. Mais ce n’est pas le problème le plus important. C’est loin d’être le problème le plus important.
- C’était un autogoal pour RMS. Il a eu de nombreuses occasions d’apprendre à se taire quand cela s’avérait nécessaire. Il est coupable de penser que les gens vont faire une lecture attentive de ses notes, mais même cela n’est pas le problème.
Il pensait que Marvin Minsky était injustement accusé. Minsky a été son ami pendant de nombreuses années et je pense qu'il porte beaucoup d'affection et de fidélité à sa mémoire. Mais Minsky est également mort et il reste beaucoup de temps pour discuter à loisir des questions qui pourraient survenir de sa culpabilité.
RMS a traité le problème comme étant « assurons-nous de ne pas critiquer injustement Minsky », alors que le problème était « comment pouvons-nous composer avec une histoire de négligence institutionnelle du MIT en rapport avec ses responsabilités envers les femmes et son apparente complicité avec les crimes d'Epstein ». Il est vrai que nous ne devrions pas traiter Minsky injustement, mais ce n’était pas - et ce n’est pas - une préoccupation urgente, et en exprimant son inquiétude, RMS a clairement indiqué que cela était beaucoup plus important pour lui que la question des schémas problématiques de la tolérance des mauvais comportements au sein de l’institution.
Et, je pense, certains de ceux qui se concentrent sur une analyse minutieuse des mots de RMS tombent dans le même piège que lui. Ses intentions importent moins que ses actions et leurs effets prévisibles.
Ajoutez à tout cela le fait que RMS ait défendu l'idée que des adultes ont des relations sexuelles avec des mineurs dans certaines circonstances, et la réaction viscérale et vive des gens était tout à fait envisageable. - Minsky a longtemps été le protecteur de RMS. Il a créé le AI Lab, où je pense que RMS a trouvé le seul foyer heureux qu'il ait jamais connu. Il a gardé le reste de l'Institut à distance et a isolé RMS des attaques (comme l'ont fait d'autres professeurs qui avaient également sympathisé avec RMS).
J'y suis resté pendant la plupart des années 90 et je peux confirmer la regrettable réalité que le comportement de RMS était préoccupant à l'époque et que cette protection faisait elle-même partie du problème. Il n'a jamais été tenu pour responsable; il était lui-même toléré malgré son propre comportement déplorable et son mauvais traitement des femmes. Il a rendu l'endroit inconfortable pour beaucoup de gens, et particulièrement pour les femmes. - La perte des privilèges accordés au MIT par RMS et le leadership de la FSF sont les réponses appropriées à des décennies de comportements médiocres. Peu importe s’il s’agit de réponses appropriées à un seul fil de discussion, car c’est la bonne chose dans l’ensemble.
- Je me sens très triste pour lui. Il reste une figure emblématique. C’est l’une des personnes les plus brillantes que j’ai rencontrées et qui, selon moi, a désespérément soif d’amitié et de camaraderie et surtout qui semble en avoir de moins en moins. Cette situation qu'il traverse est de sa faute, mais elle quand même très triste. Pour autant que je sache, il pense que le travail de toute sa vie est un échec.
- Le résultat final ici, bien que triste pour lui, est correct.
La communauté du logiciel libre doit développer un bon leadership et RMS est un mauvais leader à bien des égards depuis bien longtemps. Il a eu beaucoup de gens qui ont essayé de l'aider, et il ne veut pas d'aide.
Le MIT doit établir du mieux possible un environnement où les femmes peuvent disposer d'un lieu sûr et équitable pour étudier et travailler. Il faut bien préciser que cela est plus important que câliner un enfant pleurnichard n'ayant jamais atteint la maturité émotionnelle nécessaire pour traiter les gens de manière décente.
En effet, la simple présence de RMS sur les lieux a rendu plus difficile le traitement d’autres cas de mauvais comportement d'autres responsables au MIT. Il est temps que la communauté des logiciels libres quitte l'adolescence et passe à l'âge adulte, ce qui nécessite de laisser derrière soi des accès enfantins de colère, un langage abusif et des environnements toxiques.
Source : billet Thomas Bushnell
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