Richard Stallman ne partage pas l’engouement (qui s’évanouit peu à peu ?) autour du bitcoin. D’ailleurs, dans un entretien avec CoinDesk, il a déclaré ne jamais l’avoir utilisé.
Pour Stallman, le bitcoin ne convient pas comme système de paiement numérique. L’un des inconvénients qu’il a soulignés : les mauvaises protections de la vie privée de Bitcoin. Il a déclaré à CoinDesk : « Ce que j'aimerais vraiment, c'est un moyen de faire des achats de manière anonyme dans différents types de magasins, et malheureusement, ce ne serait pas faisable pour moi avec Bitcoin ».
Utiliser une plateforme d’échange de cryptomonnaie peut permettre à ce magasin où il a fait ses achats, et finalement au gouvernement, de pouvoir l'identifier, a-t-il expliqué.
Et quant au minage du bitcoin lui-même, il estime que c’est un gros investissement et il a « d’autres choses que je préfère faire ».
Quand il lui a été demandé ce qu’il pensait des soi-disant Privacy Coin, Stallman a déclaré qu’il a demandé à un expert d’évaluer leur potentiel. Ce dernier a souligné « pour chacune d’elles de graves problèmes, soit en matière de sécurité soit en matière d’évolutivité ».
Aussi, s’exprimant de façon plus générale, Stallman a poursuivi en disant : « Si le Bitcoin protégeait la vie privée, j’aurais probablement trouvé le moyen de l’utiliser maintenant ».
Le projet GNU propose une alternative
Le projet GNU, fondé par Stallman, travaille sur un système de paiement numérique alternatif appelé Taler, basé sur la cryptographie, mais qui n’est pas une cryptomonnaie. Le responsable du projet Taler, Christian Grothoff, a déclaré à CoinDesk que le système était plutôt conçu pour un monde « post-blockchain ». Il est basé sur les signatures aveugles, une technique cryptographique inventée par David Chaum, dont la DigiCash a été l'une des premières tentatives d'utilisation pour créer de la monnaie électronique sécurisée.
En cryptographie, une signature aveugle, telle que définie par David Chaum, est une signature effectuée sur un document qui a été masqué avant d'être signé, afin que le signataire ne puisse prendre connaissance de son contenu. De telles signatures sont donc employées lorsque le signataire et l'auteur du document ne sont pas la même personne. La signature (aveugle) résultante peut être publiquement vérifiée avec le document original (démasqué) comme toute signature numérique. Certains protocoles, dont RSA, permettent même d'annuler directement l'effet du masque sur la signature, avant la vérification.
On compare souvent la signature aveugle au fait de soumettre à la signature une enveloppe fermée contenant un document. Le signataire ne peut donc en lire le contenu, mais un tiers pourra plus tard s'assurer que la signature est valide, dans les limites du respect du protocole.
La tentative de Taler de créer une monnaie électronique qui résiste à la surveillance par les gouvernements et les sociétés de paiement l’aligne sur de nombreux projets de cryptomonnaie.
Pourtant, Taler n'essaie pas de contourner l'autorité centralisée. Les paiements sont traités par des « échanges » ouvertement centralisés plutôt que par des réseaux de mineurs P2P, car un tel système « permettrait à nouveau une pratique dangereuse du type blanchiment d'argent ». En clair, la conception de Taler tente explicitement de bloquer les possibilités d'évasion fiscale. Notons ici la différence avec les cryptomonnaies qui sont par définition utilisables sur un réseau informatique décentralisé, de pair à pair.
Une confidentialité, oui, mais pas parfaite
« Je ne voudrais pas d’une confidentialité parfaite, car cela voudrait dire qu’il serait impossible d’enquêter sur des crimes. Et c’est l’une des fonctions que nous voulons voir l’État remplir », a indiqué Stallman.
La confidentialité dans le système Taler se limite donc aux dépenses des utilisateurs de leur argent numérique. Ils sont à l’abri de la surveillance parce que, dit Grothoff, « l’échange, lorsque les jetons sont échangés, ne peut pas spécifier si c’est le client A, le client B ou le client C qui a reçu le jeton, car ils ont tous l’air identiques pour l’échange ».
Et d’ajouter que « Personne ne sait exactement qui a combien de jetons ».
Les commerçants (ou quiconque) recevant des paiements, en revanche, le font de manière visible et en toute transparence, ce qui permet aux gouvernements d’évaluer les impôts sur leurs revenus - sans oublier qu’il est plus difficile pour les destinataires de participer au blanchiment d’argent.
Et la cryptomonnaie dans tout ça ?
Bien que Taler ne soit pas une cryptomonnaie et ne possède pas d'actif natif (il n'y a ni talers ni TalerCoins), en tant que nouveau rail de paiement pour les actifs existants, le système pourrait prendre en charge la cryptomonnaie à un moment donné.
Tout comme l'euro (la première devise prise en charge par le système), les dollars et le yen pourraient tous être envoyés à l'aide de Taler, de même que Bitcoin.
De même, bien que Taler ne soit pas une blockchain, un système basé sur la blockchain pourrait remplacer une banque au sein du système.
Pour que les utilisateurs puissent transférer des euros dans le portefeuille Taler, les bourses Taler devront interagir avec le système bancaire traditionnel pour retirer cet argent. De la même manière, un système basé sur une blockchain pourrait fonctionner avec des échanges Taler pour permettre aux utilisateurs d’avoir accès à leur cryptomonnaie.
Grothoff a comparé l'acte consistant à transférer des dépôts bancaires vers un portefeuille numérique Taler à celui de retirer des espèces d'un guichet automatique. Les jetons du portefeuille sont stockés localement sur le périphérique de l'utilisateur. Si un utilisateur perd la clé de son portefeuille, rien ne peut être fait pour le récupérer.
Actuellement, Taler est en pourparlers avec les banques européennes pour permettre un retrait dans son portefeuille et un nouveau dépôt du système Taler dans le système bancaire traditionnel.
Source : CoinDesk
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