
rapporte China Labor Watch dans son récent rapport
Chaque année, à la date du 10 septembre, Apple annonce la sortie de nouveaux appareils y compris de nouveaux iPhone. Dans quelques heures, la firme à la pomme présentera donc les nouveaux iPhone que les utilisateurs s’arracheront certainement au prix fort. Plusieurs rumeurs circulant sur la toile rapportent que les nouveaux iPhone porteront le nom de référence iPhone 11 et se distingueront en trois formats : iPhone 11 (doté d’un écran LCD de 6,1 pouces), iPhone 11 Pro (doté d’un écran OLED de 5,8 pouces) et iPhone Pro Max (doté d’un écran OLED de 6,5 pouces).
Mais tandis qu’Apple s’apprête à présenter ses nouveaux fleurons qui, nous le rappelons, occupent une très grande partie de son chiffre d’affaires, China Labor Watch (CLW), une ONG basée à New York et chargée de défendre les droits des travailleurs en Chine, vient de publier un rapport à la suite d’une enquête menée dans l’usine Zhengzhou Foxconn (surnommée la « ville iPhone »), la plus grande usine d’iPhone au monde. S’étendant sur 1,4 million de mètres carrés, l’usine de Zhengzhou Foxconn produit chaque année plus de la moitié des iPhone vendus dans le monde. Pour obtenir les informations présentées dans son rapport, plusieurs enquêteurs de CLW se sont faits employés à l’usine de Zhengzhou Foxconn, et l’un des enquêteurs y travaille même depuis plus de quatre ans.
Après avoir collecté des informations sur les conditions de travail dans l’usine du sous-traitant d’Apple, CLW rapporte qu’Apple et son partenaire commercial ont enfreint plusieurs règles de travail en Chine. De prime abord, il faut savoir qu’Apple et Foxconn souhaitent produire 12 000 iPhone par quart de travail à l’usine de Zhengzhou, rapporte CLW. Pour atteindre cet objectif, Foxconn recrute un grand nombre de travailleurs aussi bien temporaires que réguliers.
Détails des dérives imputées à Apple et Foxconn
En chine, le Code du travail stipule que le nombre de travailleurs temporaires également appelés les « répartiteurs » ne doit pas dépasser les 10 % par rapport à l’effectif global de l’entreprise. Mais selon le rapport de China Labor Watch, Apple et Foxconn ont enfreint cette règle de travail en employant un nombre d’agents temporaires dépassant le quota autorisé. Pour la fabrication de ces nouveaux iPhone qui doivent être présentés dans quelques heures, le rapport de CLW déclare que Foxconn a employé 50 % de travailleurs temporaires dans son effectif global en aout dernier et en 2018, ce fut 55 % de travailleurs temporaires qui ont été recrutés. Par ailleurs, CLW rapporte que ces travailleurs incluent également des stagiaires.
En moyenne, le salaire de base de ces travailleurs est de 259 dollars ce qui est insuffisant pour assurer la subsistance d’une famille vivant dans la ville de Zhengzhou, précise CLW. Bien que les cotisations d’assurance sociale aient augmenté de 2015 à 2018, elles ne sont toujours pas conformes aux exigences légales. Pour accroitre donc leurs revenus et arrondir les fins du mois, ces travailleurs effectuent des heures supplémentaires. En Chine, le droit du travail autorise 36 heures supplémentaires par mois. Mais le rapport de CLW souligne que pendant la haute saison de production, comme les périodes de fêtes ou les périodes avant le lancement de nouveaux iPhone, des étudiants travailleurs sont recrutés et doivent faire des heures supplémentaires, ce qui est contraire au droit du travail en Chine qui stipule que les étudiants ne doivent pas faire d’heures supplémentaires ni travailler la nuit. Pendant cette période, les travailleurs effectueraient au moins 100 heures supplémentaires par mois et les démissions des travailleurs réguliers ne sont pas acceptées.
De même, il est rapporté qu’il y a eu des périodes où les travailleurs ont eu 1 jour de repos pour 13 jours travaillés ou même 1 seul jour de repos par mois. CLW avance également que les travailleurs doivent recevoir l’autorisation s’ils ne souhaitent pas effectuer des heures supplémentaires. Si les travailleurs ne reçoivent pas l’approbation et choisissent de ne pas faire d’heures supplémentaires de toute façon, ils recevront un avertissement par le supérieur hiérarchique et il ne leur sera plus proposé de faire des heures supplémentaires même s’ils changeaient d’avis plus tard, confie CLW. En outre, l’ONG dénonce le fait que si le travail n’est pas terminé à la fin du quart, les travailleurs doivent faire des heures supplémentaires et ne sont pas payés pour cela. S’il y a des anomalies au travail, ils doivent travailler des heures supplémentaires jusqu’à ce que le problème soit résolu, et le travail effectué pendant cette période est également non rémunéré. Parfois, les travailleurs doivent rester tard la nuit pour des réunions et ce temps n’est pas comptabilisé comme heures de travail payées, fait remarquer CLW.
L’organisation souligne également qu’elle a reçu plusieurs plaintes de travailleurs qui déclarent « être exposés quotidiennement à des produits chimiques toxiques, mais ne reçoivent pas un équipement de protection individuelle suffisant ; quand ils sont malades, ils sont encore obligés de faire des heures supplémentaires ; les responsables maltraitent verbalement les travailleurs et les punissent parfois en leur demandant de rester debout. Certaines travailleuses ont même été victimes de harcèlement sexuel alors qu’elles travaillaient sur les chaines de production », soutient CLW.
En sus, CLW rapporte également les violations suivantes :
- L’usine ne fournit pas aux travailleurs l’équipement de protection individuelle adéquat et les travailleurs ne reçoivent aucune formation en matière de santé et de sécurité au travail.
- L’usine ne propose pas un seul cours de formation sur la sécurité incendie ni d’autres connaissances pertinentes.
- Le président du syndicat est toujours nommé par l’usine, et non par les travailleurs. Le président est toujours le chef du département ou le responsable.
- L’usine ne signale pas les accidents du travail.
- Les abus verbaux sont courants à l’usine.
- L’usine recrute des étudiants par l’intermédiaire de sociétés de travailleurs temporaires, car les étudiants envoyés par les écoles sont soumis à de nombreuses restrictions. L’usine enfreint les « dispositions administratives concernant les stages d’étudiants dans les écoles professionnelles » qui stipulent que les étudiants travailleurs ne peuvent être recrutés par des agences ou des sociétés de distribution, mais uniquement par des écoles.
Selon CLW, les travailleurs affectés ne reçoivent pas les avantages dont bénéficient les employés à temps plein, tels que les congés de maladie payés, les congés payés et l’assurance sociale, qui fournit une couverture médicale au chômage et à la retraite.
Mauvaises conditions de travail en Chine : un problème général
Ce n’est pas la première fois que CLW dénonce les conditions de travail exécrables dans les usines d’assemblage d’iPhone en Chine. Il n’y a pas très longtemps, l’ONG a également porté à la connaissance du public le fait que les enceintes Alexa d’Amazon seraient fabriquées par des lycéens chinois, souvent même de nuit. A la suite de ce rapport, Foxconn aurait licencié deux de ses dirigeants. Et pour le rapport de CLW qui vient de sortir, Foxconn aurait déclaré ceci : « Nous n'hésiterons pas à prendre les mesures supplémentaires qui pourraient être nécessaires pour répondre aux normes élevées que nous avons établies pour nos opérations ».
De son côté, « Apple publie chaque année un rapport sur la responsabilité des fournisseurs et dispose de son propre code de conduite pour s’assurer que ses fournisseurs fournissent des conditions de travail sures, traitent les travailleurs avec dignité et respect, agissent de manière juste et éthique… », afin de tenter régler ce problème de non-respect des droits des travailleurs par ses sous-traitants. Tim Cook, PDG d’Apple, a même récemment déclaré qu’Apple devait adhérer aux normes de responsabilité sociale des entreprises. Mais pour l’instant, CLW dépeint une réalité dans l’usine de Foxconn qui serait loin des conditions de travail acceptables dans les pays occidentaux. Pour Li Qiang, directeur exécutif de China Labor Watch, « Apple et Foxconn savent que le problème des travailleurs temporaires enfreint les lois du travail, mais comme il est rentable de recruter des travailleurs temporaires, ils n’ont pas résolu le problème. Ils ont laissé ces violations se perpétuer au fil des ans ». Pour CLW, Apple ne devrait pas profiter du fait que le gouvernement chinois n’autorise pas la liberté d’association pour violer les droits des travailleurs. Enfin, l’organisation encourage Apple à faire pression sur ses sous-traitants pour qu’ils respectent le nombre de travailleurs temporaires recrutés ainsi que les...
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