Poutine veut son propre Internet et une loi qui créerait un central unique
D'où Moscou pourrait gérer les flux d'informations de son cyberespace
Le 2019-03-06 10:20:27, par Christian Olivier, Expert éminent sénior
En 2018, la Chine, qui prône un modèle d’Internet basé sur une approche restrictive et autoritaire, était considérée comme le pays où les internautes sont le moins libres, où la censure sur le Web atteint son paroxysme et où le contrôle pour l’accès aux données en ligne est le plus contraignant. À l’inverse de son partenaire chinois, la Russie ne dispose pas encore d’un système centralisé qui permettrait de contrôler/verrouiller Internet facilement en cas de nécessité.
Cette situation pourrait bientôt changer grâce à un projet de loi, baptisé « ;Internet Souverain ;», soutenu par Poutine qui permettrait à Moscou de se doter d’un poste de commandement unique à partir duquel les autorités pourraient gérer les flux d’informations dans le cyberespace russe (alias Runet), cela inclut la surveillance, la limitation ou le blocage de ces flux sur toute ou partie de l’étendue du cyberespace russe. Ce projet de loi est à l’heure actuelle discuté par les législateurs moscovites au niveau du parlement.
Le président de la Russie a présenté cette initiative comme une réponse défensive à la nouvelle cyberstratégie de l’administration Trump, qui permet des mesures offensives contre la Russie et d’autres adversaires désignés. L’objectif ultime, selon Poutine, serait de faire en sorte que le Runet continue de fonctionner même si des gouvernements étrangers tentaient d’isoler numériquement la Russie, en particulier comme les États-Unis. Ce dernier prend en effet la question de la souveraineté russe sur son cyberespace très au sérieux et n’exclut pas un scénario catastrophe dans lequel les États-Unis, probablement vus par Moscou comme l’administrateur en chef de l’Internet mondial, décideraient de déconnecter son pays du Web.
Soulignant le caractère vital et hautement stratégique de cette initiative, le président russe a confié : « ;Ils sont assis là, c’est leur invention, et tout le monde écoute, voit et lit ce que vous dites ;», avant d’ajouter, « ;plus nous aurons de souveraineté, y compris dans le domaine numérique, mieux ce sera ;». Un responsable russe a même affirmé que la nouvelle loi facilitera le contrôle par les autorités d’un grand nombre d’applications et de groupes de messagerie classifiés comme illégaux.
La première étape vers la cyberindépendance tel qu’envisagé par le Kremlim au travers de cette législation passe par la mise en place de « ;moyens techniques de lutte contre les menaces ;». Il s’agit d’installer des dispositifs spéciaux intégrant un logiciel de surveillance dans les milliers de points d’échange reliant la Russie au Web au sens large. Ces dispositifs alimenteraient un centre névralgique qui permettrait aux régulateurs d’analyser les volumes et les types de trafic en temps réel et de bloquer ou de rediriger de façon sélective certains types de flux, qu’il s’agisse par exemple de vidéos YouTube ou de flux Facebook, un peu comme lors d’une l’inspection approfondie des paquets (DPI).
Cependant, pour Andrei Soldatov, auteur de « ;The Red Web : The Kremlin's Wars on the Internet ;» et cofondateur d’Agentura.ru, un site qui suit les services de sécurité, « ;cette loi ne concerne pas les menaces étrangères ni l’interdiction de Facebook et Google, ce que la Russie peut déjà faire légalement ;». D’après lui, « ;il s’agit de pouvoir couper certains types de trafic dans certaines zones en période de troubles civils ;» puisqu’une fois sur l’Internet russe, les utilisateurs n’auraient accès qu’aux sites Web reconnus et approuvés par le nouveau réseau alternatif.
Malgré tout, certains experts en sécurité et hauts fonctionnaires se disent préoccupés par les bouleversements politiques que l’adoption de cette loi pourrait entrainer. Il faut signaler que les fournisseurs de large bande ont depuis des années recours aux technologies de DPI qui examinent les activités et les communications des consommateurs en ligne afin de cibler la publicité en fonction de leurs goûts et d’optimiser la charge des utilisateurs. Cette pratique très peu compatible avec la protection des données privées peut aussi malheureusement faire office de « ;puissant mécanisme ;» de répression, comme Eric Schmidt, l’ancien patron de Google, l’avait fait remarquer.
La Russie censure maintenant une variété de sujets en ligne, souvent sous le prétexte d’éliminer « ;l’extrémisme ;». Elle bloque également des sociétés étrangères comme LinkedIn et Zello qui refusent de délocaliser les serveurs traitant ou hébergeant les données russes à l’intérieur du pays. Au total, environ 80 ;000 sites sont actuellement sur la liste noire, selon Roskomsvoboda, un groupe basé à Moscou qui fait campagne contre les restrictions en ligne.
Artem Kozlyuk, fondateur du groupe, a déclaré que si la Russie craignait vraiment de se faire éjecter du Web par les États-Unis, elle ne ferait que faciliter la tâche à ces derniers en essayant de centraliser un système distribué. Selon lui, cela rendrait la Runet plus facile à attaquer et aurait probablement un impact sur la fiabilité des vitesses de connexion à l’échelle mondiale.
« ;La Russie est l’un des plus grands centres mondiaux d’échange de trafic, avec des canaux rapides ;», a rappelé Kozlyuk, de ce fait « ;mettre des dispositifs de surveillance sur chaque nœud risque de ralentir non seulement le Runet, mais également l’Internet mondial : c’est comme fermer votre espace aérien ;».
Source : Bloomberg
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Cette situation pourrait bientôt changer grâce à un projet de loi, baptisé « ;Internet Souverain ;», soutenu par Poutine qui permettrait à Moscou de se doter d’un poste de commandement unique à partir duquel les autorités pourraient gérer les flux d’informations dans le cyberespace russe (alias Runet), cela inclut la surveillance, la limitation ou le blocage de ces flux sur toute ou partie de l’étendue du cyberespace russe. Ce projet de loi est à l’heure actuelle discuté par les législateurs moscovites au niveau du parlement.
Le président de la Russie a présenté cette initiative comme une réponse défensive à la nouvelle cyberstratégie de l’administration Trump, qui permet des mesures offensives contre la Russie et d’autres adversaires désignés. L’objectif ultime, selon Poutine, serait de faire en sorte que le Runet continue de fonctionner même si des gouvernements étrangers tentaient d’isoler numériquement la Russie, en particulier comme les États-Unis. Ce dernier prend en effet la question de la souveraineté russe sur son cyberespace très au sérieux et n’exclut pas un scénario catastrophe dans lequel les États-Unis, probablement vus par Moscou comme l’administrateur en chef de l’Internet mondial, décideraient de déconnecter son pays du Web.
Soulignant le caractère vital et hautement stratégique de cette initiative, le président russe a confié : « ;Ils sont assis là, c’est leur invention, et tout le monde écoute, voit et lit ce que vous dites ;», avant d’ajouter, « ;plus nous aurons de souveraineté, y compris dans le domaine numérique, mieux ce sera ;». Un responsable russe a même affirmé que la nouvelle loi facilitera le contrôle par les autorités d’un grand nombre d’applications et de groupes de messagerie classifiés comme illégaux.
La première étape vers la cyberindépendance tel qu’envisagé par le Kremlim au travers de cette législation passe par la mise en place de « ;moyens techniques de lutte contre les menaces ;». Il s’agit d’installer des dispositifs spéciaux intégrant un logiciel de surveillance dans les milliers de points d’échange reliant la Russie au Web au sens large. Ces dispositifs alimenteraient un centre névralgique qui permettrait aux régulateurs d’analyser les volumes et les types de trafic en temps réel et de bloquer ou de rediriger de façon sélective certains types de flux, qu’il s’agisse par exemple de vidéos YouTube ou de flux Facebook, un peu comme lors d’une l’inspection approfondie des paquets (DPI).
Cependant, pour Andrei Soldatov, auteur de « ;The Red Web : The Kremlin's Wars on the Internet ;» et cofondateur d’Agentura.ru, un site qui suit les services de sécurité, « ;cette loi ne concerne pas les menaces étrangères ni l’interdiction de Facebook et Google, ce que la Russie peut déjà faire légalement ;». D’après lui, « ;il s’agit de pouvoir couper certains types de trafic dans certaines zones en période de troubles civils ;» puisqu’une fois sur l’Internet russe, les utilisateurs n’auraient accès qu’aux sites Web reconnus et approuvés par le nouveau réseau alternatif.
Malgré tout, certains experts en sécurité et hauts fonctionnaires se disent préoccupés par les bouleversements politiques que l’adoption de cette loi pourrait entrainer. Il faut signaler que les fournisseurs de large bande ont depuis des années recours aux technologies de DPI qui examinent les activités et les communications des consommateurs en ligne afin de cibler la publicité en fonction de leurs goûts et d’optimiser la charge des utilisateurs. Cette pratique très peu compatible avec la protection des données privées peut aussi malheureusement faire office de « ;puissant mécanisme ;» de répression, comme Eric Schmidt, l’ancien patron de Google, l’avait fait remarquer.
La Russie censure maintenant une variété de sujets en ligne, souvent sous le prétexte d’éliminer « ;l’extrémisme ;». Elle bloque également des sociétés étrangères comme LinkedIn et Zello qui refusent de délocaliser les serveurs traitant ou hébergeant les données russes à l’intérieur du pays. Au total, environ 80 ;000 sites sont actuellement sur la liste noire, selon Roskomsvoboda, un groupe basé à Moscou qui fait campagne contre les restrictions en ligne.
Artem Kozlyuk, fondateur du groupe, a déclaré que si la Russie craignait vraiment de se faire éjecter du Web par les États-Unis, elle ne ferait que faciliter la tâche à ces derniers en essayant de centraliser un système distribué. Selon lui, cela rendrait la Runet plus facile à attaquer et aurait probablement un impact sur la fiabilité des vitesses de connexion à l’échelle mondiale.
« ;La Russie est l’un des plus grands centres mondiaux d’échange de trafic, avec des canaux rapides ;», a rappelé Kozlyuk, de ce fait « ;mettre des dispositifs de surveillance sur chaque nœud risque de ralentir non seulement le Runet, mais également l’Internet mondial : c’est comme fermer votre espace aérien ;».
Source : Bloomberg
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EcaslaMembre actifJe pense que vous ne voyez pas l'impact d'une telle mesure.
Toute ma belle famille habite en Russie et depuis une semaine, l'ensemble des chaines de télé non contrôlées par le gouvernement ont été fermées. On parle des chaînes de diffusion de l'information étrangères mais aussi des chaines d'information indépendantes russes, des chaines de diffusions de sport (eurosport par ex.), des chaines de musique.
Je suis d'accord pour dire que nos démocraties ne sont pas des modèles idéals et qu'il y a des égarements (corruption, perte du partage des décisions, perte du débat, etc...) mais on est loin des dérives du modèle russe ou chinois.
Le pays se referme juste sur lui-même et je dois dire que je ne sais pas comment on va pouvoir communiquer avec ma belle-famille d'ici quelques semaines si cette information est vraie. Mais vu les dernières prises de décision, on part dans cette voie...le 07/03/2022 à 10:58 -
Jon ShannowMembre extrêmement actifJuste sur ce point, puisque je suis concerné directement. En effet, c'est moi qui ai déclaré que je te mettais -1 systématiquement, sans même lire tes messages.
Depuis, tu devrais avoir compris que ce message était sarcastique, puisque j'ai répondu à certains de tes messages, et donc que je les ai lus !
En fait, je pense que si le nombre de -1 augmente en ta défaveur avec le temps, c'est surtout lié à ta manière de faire. Tu arrives sur un sujet quelconque, si quelqu'un te contredit, alors tu deviens le spécialiste du sujet (étalant tes diplômes, tes connaissances, tes méthodes, ...).
Quand tu dis que tu peux être cassant, je trouve surtout que tu es imbu de ta personne, prétentieux et arrogant. Je ne doute pas un instant que tu es fait de grandes études, que tu es de grandes connaissances. Mais, ça ne signifie en rien que tu ais raison sur tout et surtout raison !
Dans la joute postale, concernant l'affaire LEGAY, tu as tout faux. Non pas dans tes descriptions de méthodologie, mais parce que les faits sont contre toi. Tu vis, comme te l'a fait remarquer Echtelion2, dans un monde théorique. Nous, on vit dans le monde réel. Et, dans le monde réel, la théorie est souvent mise en échec.
Comme tu me l'as fait remarque, l'expérience de la vie ne signifie pas avoir forcément raison. Mais, elle apporte des choses qui viennent contredire ce que l'on a appris pendant nos études. Apparemment tu en es encore au stade des études. Si un jour tu sors des labos, amphi et que tu te confrontes à la vie réelle, tu verras que tes théories, aussi belles soient-elles, ne fonctionnent pas toujours, voire même assez rarement.
Donc, ce n'est pas contre toi, que les gens qui te moinssent en ont, mais contre ton attitude, ton manque de recul, et surtout ton manque d'humilité.le 11/04/2019 à 16:56 -
Twitter est une fabrique à imbéciles. On devrait nous aussi en bloquer l'accès pour le bien de notre pays.le 06/04/2021 à 10:52
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bombsebMembre expérimentéLoin de moi l'idée de défendre Poutine, mais à un moment il faut aussi savoir balayer devant sa porte...La Russie a prouvé très récemment qu'elle n'est plus un pays démocratique
Quand on voit comment il a été élu est-ce qu'on peut toujours parler de démocratie ? Macron sur toute les chaines en 2017, Macron est beau, il est jeune il lave plus blanc que la lessive de ton voisin.
Et on fait monter le FN en même temps pour avoir un second tour Macron vs Le Pen comme en 2003, le choix c'est Macron ou la haine. Pas de bol, le fascisme 2.0 n'a pas de casque à pointe mais un costard cravate.
Pas besoin de bourrer les urnes pour truquer une élection, il suffit d'acheter les médias et de manipuler l'opinion publique.un temps de parole limité pour les opposant
On pourrait aussi parler des gilets jaunes il y aurait beaucoup à dire là aussi sur notre super démocratie euro-atlantiste.
Un président de la république Française aujourd'hui c'est un baril de lessive, pour que les gens achètent il faut en faire la pub. "Démocratie de marché et d'opinion" comme certains disent.le 12/03/2019 à 11:26 -
chrtopheResponsable SystèmesOn peut vouloir une souveraineté que l'on soit une dictature ou non. Là n'est pas le sujet.le 02/02/2021 à 20:42
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le 06/04/2021 à 11:09
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NeckaraInactifSi toutes les Institutions des dictatures étaient aussi efficaces que HADOPI, la vie serait bien belle.le 19/03/2019 à 15:43
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Non, dans le meilleur des cas il lui restera la moitié à sa charge. Et le temps libre aux 35 h, c'est pas pendant les horaires d'ouverture des bureaux... Contrairement au cadre qui, même s'il travaille 70 h la semaine, peut s'absenter.
Je veux bien qu'en France la justice soit relativement accessible, pourvu qu'on ne soit pas préalablement découragé d'y faire appel, mais il faut arrêter de raconter n'importe quoi.le 26/03/2019 à 11:24 -
MimozaMembre averticomme toujours le diable se cache dans les détails.
L'idée de base "pourvoir se passer du reste du réseau mondial" n'est pas stupide loin de là. Maintenant il faut voir comment c'est rédigé et quelles obligations sot inclus. Si derrière tout est fait pour qu'il n'y ai plus une once de vie privée, il y a surement des choses a redire.le 17/04/2019 à 11:06 -
mattdefMembre averti
L'ingérence occidentale est partout, tout le temps ! On impose au monde notre société ultra libérale basé sur la "démocratie" représentative, qui de part la représentation, n'est absolument pas une démocratie. (Mais c'est un autre sujet)
Les milices armés qui font un coup d'état en Ukraine, c'est pas de l'ingérence ?
L’appauvrissement du Venezuela par le biais du prix du baril de pétrole pour ensuite y placer encore un coup d'état sans fondement, c'est pas de l'ingérence ?
Tout ce qu'il s'est passé en extrême-orient, c'est pas de l'ingérence ?
La main mise sur tous les gouvernement des pays sub-sahariens pour piller les ressources, c'est pas de l'ingérence ?
Alors oui, cette news ne relate qu'un fait en y mettant son point de vue bien occidentalisé. Mais celui là, plus un autre, plus encore un autre, etc... finira par nous faire croire que c'est "pour la bonne cause" si nous étions amenés à prendre des décisions plus concrètes contre la Russie.
Et je rappelle au passage que, contrairement à ce qu'on apprend à l'école, ce n'est pas les USA/Canada/Anglais qui ont vaincu les allemands mais les Russes. Merci à eux rien que pour ça. Je rappelle d'ailleurs qu'il y a eu bien plus de chrétiens orthodoxes mort durant cette guerre, que de juifs.
Je suis pour la liberté, la vrai. La liberté d'avoir des pays qui n'ont pas notre culture, ne pensent pas comme nous, ne vivent pas comme nous... C'est ça, la liberté !le 19/03/2019 à 12:19