Un projet de fichage géant des citoyens non membres de l'UE prend forme en Europe
Pour prévenir les attaques terroristes
Le 2019-02-25 22:12:10, par Jonathan, Chroniqueur Actualités
Le fichage des populations consiste à recueillir et à conserver des renseignements sur des personnes à des fins administratives, de surveillance ou d'identification. Les États, les entreprises et plus généralement les organisations sociales pratiquent, en fonction de leurs besoins et volontés politiques, le fichage des populations, des employés, des clients, des minorités, des délinquants, des terroristes ou autres catégories sociales. Il s'agit donc là d'une pratique qui se répand de plus en plus et malgré les réticences de certains, elle continue d'être adoptée. Cela a pu être constaté en France, lorsque le Conseil d'État a validé il y a quelques mois, la création d'un mégafichier rassemblant les données personnelles des Français en rejetant tous les recours contre le fichier TES.
Toujours dans cette lancée, il se pourrait qu'on assiste bientôt à la mise en place d'un projet de fichage encore plus grand qui s'étendra à l'échelle de toute l'Europe. Le 5 février dernier, un accord préliminaire sur l'interopérabilité des systèmes d'information au niveau de tout le continent européen a ainsi été signé entre la présidence du Conseil européen et le Parlement européen. En gros cet accord est censé permettre la création d'une grande base de données centrale regroupant les données d'identification alphanumériques et biométriques (empreintes digitales et images faciales) des citoyens non membres de l'UE. Ces informations seront issues de 6 registres et bien sûr, le Parlement européen et le Conseil doivent encore approuver officiellement cet accord avant qu’il ne devienne législation.
Le but mentionné pour ce projet est celui de prévenir les attaques terroristes et de promouvoir le contrôle aux frontières. D'un côté il y a des personnes telles que Krum Garkov, directeur de Eu-Lisa, l'agence européenne chargée de la gestion de l'immense registre de données, qui estime que cette grande base de données centrale va aider à prévenir les attaques et les terroristes en identifiant des criminels sous de fausses identités. Mais d'un autre côté, il y a Giovanni Buttarelli, contrôleur européen de la protection des données, qui met en garde contre une base de données centralisée. D'après lui, cette base de données sera davantage visée par des cyberattaques (provenant de simples pirates ou même des puissances étrangères).
Certains experts à l'instar de Marie-Christine Vergiat, députée européenne, membre de la commission des libertés civiles, estiment que le motif de prévention des attaques terroristes évoqué pour la mise en place de ce projet n'est pas fondé : « L’objectif de lutte contre le terrorisme a disparu, on parle maintenant de fraude à l'identité, et l’on mélange de plus en plus lutte contre la criminalité et lutte contre l’immigration dite irrégulière. J’ai participé à la commission spéciale du Parlement européen sur la lutte contre le terrorisme ; je sais donc que le lien entre terrorisme et immigration dite irrégulière est infinitésimal. On compte les cas de ressortissants de pays tiers arrêtés pour fait de terrorisme sur les doigts d'une main. »
Mais Krum Garkov a mentionné un fait assez important. Il a fait savoir que lors de l'attaque de Berlin, perpétrée par le terroriste Anis Amri, il a été constaté que cet individu avait 14 identités dans l'Union européenne. Et qu'il aurait été possible de l'arrêter auparavant s'il y avait eu une base de données interopérable. Cependant également, Reinhard Kreissl, directeur du Vienna Centre for Societal Security (Vicesse) et expert en matière de lutte contre le terrorisme, souligne que dans les attentats terroristes perpétrés en Europe ces dix dernières années, les auteurs étaient souvent des citoyens européens et ne figuraient donc pas dans des bases de données qui devaient être unifiées.
La Commission a décidé d'aller progressivement dans la réalisation de ce projet et la première base de données centralisée avec interopérabilité entrera en vigueur en 2020, ce qui implique qu'il faudra que les zones de contrôle soient équipées en conséquence (lecteurs d'empreintes digitales et d'images faciales). Le coût pour la réalisation de cette première base de données a été estimé à 480 millions d'euros pour les quatre premières années. La seconde base de données centralisée viendra ensuite pour un coût d'environ 212,1 millions d'euros. Les budgets ayant déjà été adoptés, il ne reste plus qu'à atteindre que les choses soient rendues officielles.
Source : MediaPart
Et vous ?
Qu'en pensez-vous ?
Quel est votre position concernant le fichage des citoyens ?
Voir aussi :
Le Conseil d'État valide la création d'un mégafichier rassemblant les données personnelles des Français les recours contre le fichier TES rejetés
France : un réseau « intelligent » d'identification par vidéosurveillance pourrait bientôt être déployé et est annoncé comme une nécessité
Le Conseil d'État tiendra une audience le 3 octobre sur le fichier TES vu par la Quadrature du Net comme une prémisse à la surveillance de masse
Toujours dans cette lancée, il se pourrait qu'on assiste bientôt à la mise en place d'un projet de fichage encore plus grand qui s'étendra à l'échelle de toute l'Europe. Le 5 février dernier, un accord préliminaire sur l'interopérabilité des systèmes d'information au niveau de tout le continent européen a ainsi été signé entre la présidence du Conseil européen et le Parlement européen. En gros cet accord est censé permettre la création d'une grande base de données centrale regroupant les données d'identification alphanumériques et biométriques (empreintes digitales et images faciales) des citoyens non membres de l'UE. Ces informations seront issues de 6 registres et bien sûr, le Parlement européen et le Conseil doivent encore approuver officiellement cet accord avant qu’il ne devienne législation.
Le but mentionné pour ce projet est celui de prévenir les attaques terroristes et de promouvoir le contrôle aux frontières. D'un côté il y a des personnes telles que Krum Garkov, directeur de Eu-Lisa, l'agence européenne chargée de la gestion de l'immense registre de données, qui estime que cette grande base de données centrale va aider à prévenir les attaques et les terroristes en identifiant des criminels sous de fausses identités. Mais d'un autre côté, il y a Giovanni Buttarelli, contrôleur européen de la protection des données, qui met en garde contre une base de données centralisée. D'après lui, cette base de données sera davantage visée par des cyberattaques (provenant de simples pirates ou même des puissances étrangères).
Certains experts à l'instar de Marie-Christine Vergiat, députée européenne, membre de la commission des libertés civiles, estiment que le motif de prévention des attaques terroristes évoqué pour la mise en place de ce projet n'est pas fondé : « L’objectif de lutte contre le terrorisme a disparu, on parle maintenant de fraude à l'identité, et l’on mélange de plus en plus lutte contre la criminalité et lutte contre l’immigration dite irrégulière. J’ai participé à la commission spéciale du Parlement européen sur la lutte contre le terrorisme ; je sais donc que le lien entre terrorisme et immigration dite irrégulière est infinitésimal. On compte les cas de ressortissants de pays tiers arrêtés pour fait de terrorisme sur les doigts d'une main. »
Mais Krum Garkov a mentionné un fait assez important. Il a fait savoir que lors de l'attaque de Berlin, perpétrée par le terroriste Anis Amri, il a été constaté que cet individu avait 14 identités dans l'Union européenne. Et qu'il aurait été possible de l'arrêter auparavant s'il y avait eu une base de données interopérable. Cependant également, Reinhard Kreissl, directeur du Vienna Centre for Societal Security (Vicesse) et expert en matière de lutte contre le terrorisme, souligne que dans les attentats terroristes perpétrés en Europe ces dix dernières années, les auteurs étaient souvent des citoyens européens et ne figuraient donc pas dans des bases de données qui devaient être unifiées.
La Commission a décidé d'aller progressivement dans la réalisation de ce projet et la première base de données centralisée avec interopérabilité entrera en vigueur en 2020, ce qui implique qu'il faudra que les zones de contrôle soient équipées en conséquence (lecteurs d'empreintes digitales et d'images faciales). Le coût pour la réalisation de cette première base de données a été estimé à 480 millions d'euros pour les quatre premières années. La seconde base de données centralisée viendra ensuite pour un coût d'environ 212,1 millions d'euros. Les budgets ayant déjà été adoptés, il ne reste plus qu'à atteindre que les choses soient rendues officielles.
Source : MediaPart
Et vous ?
Voir aussi :
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Matthieu VergneExpert éminentSi l'on jette un coup d’œil sur le dernier rapport d'Europol sur le terrorisme en Europe, voilà ce qu'on peut en tirer (entre autres) :
- Entre 2014 et 2017, chaque année enregistre entre 140 et 230 "événements" liés aux attaques terrorisme
- Parmis ces événements, on compte les attaques menées à bien, celles qui ont échoué, et celles qui ont été préparées sans aller jusqu'au bout.
- En 2017, les 205 événements correspondaient pour 16% (33 événements) à du terrorisme jihadiste, qui peut être lié à des activités d'européens ou non.
- À côté de ça, on en a pour 67% d'actions séparatistes, 12% d'extrême gauche, 3% d'extrême droite, soit 82% d'actions a priori strictement européennes puisque liées à la politique et au territoire européen. On en a aussi 2% autre qu'on ignorera pour simplifier le raisonnement.
- Parmi ces 33 événements liés à du terrorisme jihadiste, 10 ont été menées à bien, tuant au total 62 personnes.
- Une des tendances rapportées est que ces événements sont avant tout effectués par des gens ayant vécu longtemps, voire étant nées, sur le territoire européen, donc potentiellement des européens.
NB : Faudrait aussi parler des blessés, mais j'ai pas trouvé de nombre global donc faut creuser le rapport pour voir si on peut trouver ça.
Autrement dit, on souhaite mettre des centaines de million dans des grosses bases de données, du matériel de sécurité et des gens pour ficher toutes les personnes non européennes, dans le but d'éviter :
- 10 attaques sur toute l'année dans toute l'Europe.
- 62 morts sur toute l'année dans toute l'Europe.
- en sachant que toutes ne sont pas effectuées par des non européens, comme le souligne Reinhard Kreissl
Surtout que 2017, c'était une année "riche" en événements. Les années précédentes sont en moyenne moins chaudes.
Si c'est ficher des millions de personnes dans toute l'Europe à chaque instant pour en sauver 1 par semaine, je pense qu'on ferait mieux de mettre ces millions d'euros dans des mesures plus efficaces. Les critiques sur la protection des données me semblent avoir plus d'impact, pour le coup. Et quand Marie-Christine Vergiat parle de compter « les cas de ressortissants de pays tiers arrêtés pour fait de terrorisme sur les doigts d'une main », ça m'a tout l'air d'être au sens propre.le 26/02/2019 à 22:07 -
rawsrcExpert éminent sénioren lisant ce genre d'annonce, je ne peux m'empêcher de penser au bel avenir que nos politicards (incompétents, pléonasme ?) nous réservent.
La soumission par la domination technologique est sacrément avancée, dis donc. Tout ça, bien évidemment dans notre intérêt, sous couvert de bons sentiments. Faudrait être idiot pour ne pas y voir le positif.
Je crois que je suis gravement idiot.le 26/02/2019 à 11:48 -
MimozaMembre averticette première base de données a été estimé à 480 millions d'euros pour les quatre premières années. La seconde base de données centralisée viendra ensuite pour un coût d'environ 212,1 millions d'euros. Les budgets ayant déjà été adoptés, il ne reste plus qu'à atteindre que les choses soient rendues officielles.
Donc on rame pour obtenir des financements pour le bien social, mais pour la surveillance et la répression les budgets sont déjà alloué sans même une validation politique …le 26/02/2019 à 12:14 -
marsupialExpert éminentEncore une base que la NSA va s'empresser de pomper. Et sans doute pas que la NSA. Les agents des services vont être immédiatement identifiés. En cas d'attaque Storm ou Blitzkrieg, je me demande comment vont être sécurisée les données. Et n'évoquons pas la question éthique d'impartialité de traitement.
Pour quelle raison, cette mégabase est-elle créée ? La justification de plus de confort pour l'utilisateur ne peut tenir face au péril d'une telle architecture. Le RGPD est une loi, pas une réelle protection sans actes réels.le 23/04/2019 à 13:54 -
tanaka59InactifLa bureaucratie européenne dans toute sa splendeur ... Pour de pseudo raisons démagogique on va pondre un espèce de big data , nième usine à gaz .
Demandez aux chinois ils savent fairele 26/02/2019 à 13:41 -
CassoulatineNouveau Candidat au Cluble Conseil d'État a validé il y a quelques mois, la création d'un mégafichier rassemblant les données personnelles des Françaisun projet de fichage encore plus grand qui s'étendra à l'échelle de toute l'EuropeEt qu'il aurait été possible de l'arrêter auparavant s'il y avait eu une base de données interopérable.
Cf Mohamed Merah, cf valeurs actuelles et l'obs :Le 15 mars 2012, jour où Mohamed Merah décide de commettre un attentat qui coûte la vie à deux militaires à Montauban, Christian Balle-Andui avait transmis une note à sa hiérarchie. Dans ce document : une douzaine de noms de djihadistes toulousains identifiés par ses services. Parmi eux, ceux de Mohamed Merah et de son frère Abdelkader
Mais à cet instant, sa direction pense avoir affaire à la piste de la droite ultra-nationaliste et ne prête pas attention aux islamistes.le 26/02/2019 à 18:04 -
gerard093Membre actifça va compliquer la vie des vampires, des mac léod et des autres immortels !!!le 27/04/2019 à 12:09
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BenoitMExpert confirméMoi ce que j'aime c'est l’indignation quand c'est l’Etat qui fiche les gens mais la tolérance quand c'est Facebook, Google ou autrele 23/04/2019 à 15:02
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Ryu2000Membre extrêmement actifIl me semble que les services de renseignement ne font pas trop mal leur boulot car à chaque fois qu'il y a une attaque terroriste en France ils disent "On le connait bien il était fiché !".
Je crois plutôt que le terrorisme est utilisé comme prétexte pour supprimer des libertés et surveiller le peuple.
Par exemple lors de la COP 21 le gouvernement a pu assigner des écolos à résidence en utilisant l'état d'urgence.
Les militants de la COP21, cibles de l’état d’urgence
Depuis le 14 novembre, de nombreuses perquisitions et assignations à résidence ont été lancées contre les milieux « zadistes », écologistes et alternatifs.le 01/03/2019 à 8:01 -
MingolitoMembre extrêmement actifC'est consternant.
Ce qu'il faut faire c'est un fichier aussi pour les résidents, avec empreintes digitales des dix doigts, plus reconnaissance faciale, et aussi prélèvement ADN. Avec un tel outil la police sera bien plus facile à faire.
Pour trouver du budget pour ce projet, fermer la CNIL qui sert à rien. Non seulement il faut des fichiers mais aussi pouvoir les interconnecter, donc la CNIL a clairement un rôle totalement nuisible.
Sinon aussi ce qui serait pas mal c'est de pouvoir pucer les gens systématiquement, on puce bien les chats alors la technologie est viable.
Bref essayer de faire mieux que les Chinois et la Corée du nord qui ont déjà pris beaucoup d'avance sur l'Europe.le 26/02/2019 à 18:36