
Les nouveaux documents publiés vendredi qui semblent être des communications internes confidentielles entre les hauts responsables de Facebook, dont Mark Zuckerberg, apportent un nouvel éclairage sur le traitement des données utilisateur par l'entreprise. Selon les documents divulgués, Facebook prévoyait non seulement d’utiliser une application Android pour suivre la localisation de ses utilisateurs à partir de leur téléphone mobile, mais également, de transmettre des données sur les utilisateurs de Facebook à des sociétés qui vendent des services de rencontres ainsi qu’à des organisations qui souhaitent les cibler avec des publicités « politiques ».
Selon le rapport du Guardian, Facebook avait volontairement planifié l’espionnage des utilisateurs, d'après les documents rendus public. Cette révélation vient encore aggraver la situation du réseau social déjà pénible avec les organisations de protection de vie privée sur Internet, les organismes de régulation et les utilisateurs. Selon un article de Bloomberg publié en janvier, la colère de certains utilisateurs s'était intensifiée contre Facebook quand ils ont découvert qu'il est impossible de supprimer l'application Facebook préinstallée de certains smartphones Samsung. Toutefois, un porte-parole de Facebook et Samsung ont déclaré que la désactivation de l'application préinstallée correspond à sa surpression de l’appareil. Espérons que ça marche.
Environ 60 pages de documents liés au procès entre Facebook et Six4Three, un développeur d'applications, ont été publiées anonymement sur GitHub le vendredi. Ces documents comprennent des courriels entre divers dirigeants de Facebook ainsi qu'une note de service « hautement confidentielle » de 2012 qui détaillent diverses questions de politique de la société.
Leur divulgation intervient à la suite de la publication du rapport d’enquête du comité du numérique, de la culture, des médias et du sport (DCMS) du Parlement britannique présidé par Damian Collins. Ce comité était chargé d’enquêter sur Facebook concernant les fausses nouvelles et la désinformation propagées sur sa plateforme. Le rapport d’enquête, qui n’a pas été tendre avec Facebook, demande la mise en place d’un régulateur indépendant chargé de superviser Facebook et les autres sociétés de médias sociaux. Le rapport a par ailleurs comparé le réseau social à « un gangster numérique » qui se place « au-dessus des lois ».
Les nouveaux documents divulgués font partie d'un ensemble de documents saisie par le DCMS en novembre dernier, à l’occasion d’un voyage d’affaire au Royaume-Unis de Ted Kramer, fondateur de Six4Three. Les parlementaires britanniques avaient publié en décembre dernier plus d’une centaine de pages de ces documents malgré l'ordonnance de non divulgation du tribunal de la Californie.
Que révèlent les nouveaux documents confidentiels divulgués ?
Rien qui puisse encourager à continuer d'utiliser les applications Facebook. Dans un mémo de 8 pages, marqué « hautement confidentiel », qui semble être une note de service de juillet 2012 de Marne Levine, vice-présidente de la politique publique mondiale de Facebook à l'époque, se trouve exposés des plans fascinants de collecte de données sur les téléphones Android. « Nous allons collecter les données de localisation des utilisateurs et les comparer avec les identifiants des sites cellulaires. Ces informations seront stockées sous une forme anonyme, mais nous permettront de déployer des produits avec des fonctionnalités de localisation téléphonique à l'avenir. », a-t-elle écrit.
Les courriels de Mme Levine, l’actuel chef des opérations d'Instagram, ont révélé également que Facebook avait modifié ses termes de services pour permettre aux annonceurs de cibler plus facilement les célibataires sur Facebook, notamment en leur offrant des publicités « politiques » via une interface libre-service. « Nous avons révisé nos termes de services pour permettre aux annonceurs de cibler les utilisateurs qui n'ont pas indiqué qu'ils sont « mariés » ou « en couple » (au lieu de cibler uniquement les utilisateurs « célibataires ») », a-t-elle écrit. « Cette capacité de ciblage n'est actuellement disponible que pour les services de rencontre, mais l'équipe des produits publicitaires travaille à l'étendre à d'autres secteurs verticaux (comme la politique) et à la rendre disponible via le libre-service »
Les revenus financiers étaient l’un des motifs de ces manœuvres politiques de Facebook, selon une autre section de la note de service. Dans un de ses courriels, Levine a fait référence à un autre projet en le décrivant comme un « assouplissement des termes de services », qui devrait augmenter les revenus de Facebook. « Il s'agit d'une grande victoire spécialement pour le secteur de rencontre, mais elle soutient également nos efforts pour examiner les « bonnes » opportunités de revenus résultant de l'assouplissement/changements des termes de services, » écrit-elle.
Les documents montrent également que Facebook prévoyait aussi d’utiliser son application Android pour obtenir des renseignements concurrentiels sur les entreprises concurrentes. « Pour des fins d'analyse concurrentielle et d'amélioration de produit, l'équipe de croissance souhaite commencer à collecter certaines informations sur la question de savoir si les utilisateurs ont un autre app store que Google Play et quelles applications par défaut ils utilisent pour certaines fonctions Facebook (appareil photo, messages, etc.). », a écrit Mme Levine. « L'équipe de protection de la vie privée travaille avec l'équipe de croissance pour déterminer les meilleures solutions de rechange pour recueillir ces renseignements tout en minimisant les risques liés aux termes de services », a-t-elle ajouté dans le courriel.
Les nouveaux emails publiés semblent également faire référence à ce qui aurait pu être une atteinte catastrophique à la vie privée que les responsables de Facebook ont dû camoufler. Dans un courriel, l'ancien vice-président de Facebook, Michael Vernal, avait averti par e-mail, en octobre 2013, qu'un problème avec « Login V4 » aurait pu être « presque fatal » pour la plateforme Facebook. « Si Mark avait accidentellement divulgué les revenus à l'avance parce qu'une application de la plateforme violait sa vie privée... littéralement, cela aurait été fatal pour Login / Open Graph / etc », a-t-il écrit.
Il a ensuite exhorté tout le monde dans le fil d'instruction à garder l'incident confidentiel, en écrivant : « Je veux qu'on y donne suite et qu'on y réponde de toute urgence, mais je ne veux pas que cette histoire se répande à l'intérieur de Facebook ou à l'extérieur de ce fil d'instruction. Je ne peux pas vous dire à quel point cela aurait été terrible pour nous tous si cela n'avait pas été arrêté rapidement ».
Dans une autre section de la note, Levine détaille les efforts déployés par divers dirigeants et employés de Facebook pour obtenir la faveur des politiciens du monde entier. Entre autres choses, Levine célébrait, dans un courriel, une rencontre entre le général Martin Dempsey, alors président des chefs d'état-major interarmées, et Sheryl Sandberg, l’actuelle directrice des opérations de Facebook.
Avec ces différentes révélations, l’étau se resserre davantage autour du géant des réseaux sociaux. Facebook vient de se faire sévèrement épingler par les parlementaires britanniques qui ont récemment rendu public leur rapport d’enquête de 108 pages sur les fausses nouvelles et la désinformation. Ce rapport, qui a nécessité dix-huit mois d’enquête, l’audition d’au moins de 73 témoins et plus 4 350 questions posées, prévoit plusieurs mesures, y compris la supervision de Facebook, afin de mettre fin à certaines pratiques non recommandées.
Source : The Guardian, Tweet
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