Il y a du nouveau dans l’affaire publiée par Reveal le Jeudi 14 janvier dernier, selon laquelle Facebook gagnait de façon frauduleuse de l'argent en piégeant les enfants qui payaient des parties de jeux sur sa plateforme de réseau social. En effet, un juge fédéral américain avait déclaré le lundi d’avant qu’une mine de documents cachés, détaillant comment Facebook avait fait de l'argent avec les enfants, serait rendue publique. La décision du juge faisait suite à une demande de divulgation d’information de Reveal, le site Web de l’organisation de journalisme d'investigation à but non lucratif basé en Californie aux États-Unis.
L’ordonnance a été exécutée la semaine dernière, selon Reveal, les documents on été rendus publics et ont montré, de tout évidence, que le géant des réseaux sociaux avait sciemment dupé des enfants pour qu'ils dépensent des centaines voire des milliers de dollars pour certains en jouant, puis avait refusé ensuite des remboursements réclamés par les parents et enfants contrariés.
A la suite de ces révélations, deux sénateurs démocrates américains et une coalition de groupes de défense de la santé et de la vie privée des enfants ont envoyé hier des lettres à Mark Zuckerberg, PDG de Facebook. Dans leurs courriers, ils ont exprimé leur indignation vis-à-vis de la situation et ont réclamé des réponses à une série de questions, y compris à quel moment M. Zuckerberg s'est rendu compte que « les enfants dépensaient probablement sans le savoir l'argent de leurs parents en jouant ».
« Ces constatations mettent en évidence une culture problématique de faire passer les profits avant le bien-être financier de vos utilisateurs et soulèvent de sérieuses inquiétudes quant à la volonté de l'entreprise de s'engager de façon responsable dans ses interactions avec les enfants », ont écrit les sénateurs américains Edward Markey et Richard Blumenthal dans leur lettre conjointe à Zuckerberg.
Les documents mis à la disposition du public la semaine dernière sont relatif à un recours collectif intenté contre Facebook en 2012 devant la Cour du district des États-Unis pour le district nord de la Californie. L'affaire a été réglée en 2016, les documents scellés et Facebook a été obligé d’apporter des changements à ses pratiques et politiques de remboursement pour les mineurs. Dans le contexte de crise de confidentialité impliquant Facebook, Reveal du Centre de journalisme d'investigation a déposé une requête pour desceller des documents de l'affaire en septembre 2018, et cette requête a été partiellement accordée ce mois-ci.
La cache de documents de plus de 135 pages comprenait des notes de service internes sur Facebook, des stratégies secrètes et des courriels d'employés qui mettaient en lumière les plans de Facebook pour cibler les enfants alors qu'il cherchait à accroître les revenus de jeux comme Angry Birds, PetVille et Ninja Saga, selon Reveal.
« Ces résultats sont alarmants et soulèvent de sérieuses inquiétudes quant à savoir si votre entreprise et ses employés ont sciemment fait du mal aux familles », ont écrit les sénateurs à Zuckerberg.
Ce qu'ont demandé les sénateurs et des groupes de défense de la santé et de la vie privée des enfants à Zuckerberg
« Un nouveau rapport du Centre de journalisme d'investigation montre que votre entreprise avait une politique d'aveuglement délibérée à l'égard des cartes de crédit utilisées par des enfants – appellée en interne « fraude amicale » – afin d'augmenter les revenus au détriment des parents, » a expliqué les sénateurs. « Beaucoup de jeunes utilisateurs ont dépensé plusieurs milliers de dollars en frais en jouant à des jeux comme Angry Birds, Petville, Wild Ones et Barn Buddy », sans que les parents ne soupçonnent que les enfants pourraient faire des achats sans vérification supplémentaire, ont écrit les sénateurs.
Les Sénateurs ont rappelé aussi le refus du réseau social de la demande de remboursement de l’argent que Facebook a fait frauduleusement sur les enfants. Selon les sénateurs, Facebook a rejeté la proposition d'un employé de régler le problème et a plutôt « conçu un mécanisme pour contester automatiquement les demandes de remboursement de ses utilisateurs, sans procéder à un examen des demandes elles-mêmes », ont-ils écrit, sur la base des documents rendus publics.
Dans leur courrier, les sénateurs ont exigé du PDG de Facebook de répondre par écrit à leurs questions jusqu’au 19 février prochain : « Quand le personnel de Facebook s'est-il rendu compte que les enfants dépensaient sans le savoir l'argent de leurs parents alors qu'ils jouaient à des jeux sur votre plateforme », ont-ils demandé. « Quand, en tant que PDG, avez-vous pris conscience de ce problème ? »
Les sénateurs veulent également que M. Zuckerberg leur donne des précisions sur les changements qui ont été apportés à la politique de Facebook pour mettre fin à la pratique selon laquelle les enfants font des achats en ligne à l'insu des parents. Ils ont également demandé à Zuckerberg si Facebook rembourserait les utilisateurs « en totalité pour l'argent qui a été dépensé par les enfants en raison des politiques passées de Facebook ».
« Afin d'atténuer le risque supplémentaire de manipuler les enfants sur Facebook, vous engagerez-vous à exiger que tous les contenus et services destinés aux jeunes sur votre plateforme soient gratuits et sans publicité », ont également demandé les sénateurs.
Quant aux défenseurs de la protection de la vie privée sur Internet et de la santé des enfants, l’un des groupes a exigé la fermeture du nouveau service de l'entreprise, Messenger Kids, destiné aux enfants de moins de 13 ans.
« Les documents semblent démontrer que Facebook est prêt à causer un préjudice réel aux enfants et aux familles dans sa quête de profit. En tant que tel, Facebook n'est pas en mesure de créer une plateforme ou un produit pour les enfants, en particulier un produit comme Messenger Kids, qui donne à Facebook un accès illimité aux relations des enfants, aux conversations et aux moments privés avec leurs amis et leur famille », a exigé ce groupe de protection des droits d’enfants.
Les groupes ont en général appelé à une meilleure réglementation pour protéger les enfants en ligne. « Nous faisons pression pour l'adoption d'une nouvelle loi importante en Californie et au Congrès », a dit Jim Steyer, fondateur de Common Sense Media. « Et c'est un problème pour les enfants du monde entier, pas seulement en Amérique. »
Source : Reveal
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Le , par Stan Adkens
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