Nicolas Maduro, président contesté réélu à la tête de Venezuela en mai dernier à l'issue d'une élection présidentielle boycottée par les grands partis de l'opposition, et son gouvernement illégitime ont fait encore parler d’eux cette dernière semaine. Parlant des résultats de l’élection présidentielle au Venezuela, de nombreux pays étrangers, tel que les Etats-Unis, ne reconnaissent pas l’actuel gouvernement, en partie parce que les opposants populaires ont été interdits de se présenter la course.
Le successeur de Hugo Chávez, depuis son accession au pouvoir, dirige le pays d’une main de fer en prenant des décisions pour avoir un contrôle total sur la population. Dans sa dernière décision relayée par Haaretz, le site Web d’un journal israélien, le dictateur se serait attaqué à l’Internet. En effet le gouvernement vénézuélien a bloqué l'accès à Wikipédia, l'encyclopédie gratuite en ligne, a affirmé dimanche dernier l’observatoire de l’Internet.
CANTV, le plus grand fournisseur de télécommunications du Venezuela, aurait interrompu depuis le 12 janvier dernier l'accès à Wikipedia dans toutes les langues sur l’ensemble du pays, d’après NetBlocks, un groupe de droits numériques qui suit les restrictions à l'Internet. L'observatoire d'Internet a confié à Haaretz que l'interdiction a été découverte en essayant « d'accéder à Wikipédia et autres services 60 000 fois à partir de 150 points différents dans le pays en utilisant plusieurs fournisseurs ».
Le régime politique actuel du Venezuela dirigé par Nicolas Maduro est réputé pour ses décisions controversé et sa dictature. Depuis qu’il a la gestion du pays, la population vit un calvaire. Selon un rapport du Parlement vénézuélien, seule institution contrôlée par l'opposition au président Nicolas Maduro, et relayé par le Figaro en novembre dernier, l'inflation au Venezuela a grimpé de 148,2 % en octobre, portant la hausse des prix sur un an à 833 997 %. Selon un article du Journal Libération publié en août 2018, au moins 2,3 millions de personnes (dernier décompte de l’ONU en cette période) ont fui le Venezuela en trois ans, à cause de la crise économique, sociale et politique de leur pays qui secoue le pays.
Nicolas Maduro est en train de réussir aussi à faire du Venezuela un « Etat de surveillance », où il pose des actes de nature à contrôler les citoyens. Le gouvernement vénézuélien cherche à instaurer un système permettant de surveiller le comportement des citoyens grâce à une nouvelle carte d'identité à l’image du système de crédit social en Chine qui vise à mettre en place un système national pour noter chaque citoyen sur la base des données dont dispose le gouvernement sur les Chinois. La nouvelle carte à puce déjà en cours de déploiement au Venezuela est dénommée « carte paternelle ».
Ce nouvel identifiant transmet les données des détenteurs de la carte à des serveurs informatiques contrôlés par le gouvernement. Le gouvernement lie de plus en plus cette carte à des programmes subventionnés d’alimentation, de santé et d’autres programmes sociaux sur lesquels la plupart des Vénézuéliens dépendent pour survivre. Et pour la mise en place du système, le Venezuela ne pouvait pas faire meilleur choix que le partenariat avec le géant de télécommunication chinois ZTE, pour créer une base de données sur la patrie et créer un système de paiement mobile à utiliser avec la carte, selon un rapport de Reuters publié en novembre dernier.
Les dates d'anniversaires, les informations familiales, l'emploi et le revenu, la propriété, les antécédents médicaux, les avantages sociaux reçus, la présence sur les réseaux sociaux, l'appartenance à un parti politique etc, sont les données enregistrées sur la carte et, selon Reuters, Nicolas Maduro encourage son adoption en décernant des prix en espèces aux détenteurs.
Une autre de ses décisions imposée à la population date de l’an dernier selon laquelle, le gouvernement du Venezuela serait en train de contraindre les personnes âgées à se servir de sa cryptomonnaie Petro, Selon un rapport de Caracas Chronicles. Annoncée en décembre 2017 par le président vénézuélien Nicolás Maduro, la cryptomonnaie fut émise le 20 février 2018. Cette monnaie est adossée aux réserves de pétrole et de minerais du pays, et a pour mission de complémenter le bolivar dont la valeur chute.
Fin août dernier, le tyran vénézuélien a annoncé sans le consentement des retraités qu’ « À partir de maintenant, nous allons payer tous les mois les retraités par le biais du portefeuille numérique, afin que les personnes âgées n'aient pas de problèmes et disposent librement de leurs ressources ». Ce qui complique la tâche à certains retraités, c’est le processus complexe de reconversion des unités Petro en Bolivar.
Le blocage de Wikipedia sur l'ensemble du pays
Le dernier acte en date imposé au Venezuela est l’interruption de l’accès à l'encyclopédie gratuite en ligne, Wikipedia. Selon Haaretz, environ 16 millions de personnes ont accès à Internet au Venezuela avec une moyenne de 60 millions de visites sur Wikipédia chaque mois dans ce pays sud américain ravagé par la pauvreté et confronté à une crise politique aiguë alors que le leader Nicolas Maduro tente de s'accrocher au pouvoir après une réélection très contestée l'année dernière.
Selon NetBlocks, l'interdiction a probablement été imposée après qu'un article de Wikipédia a énuméré le président de l'Assemblée nationale Juan Guaidó nouvellement nommé « président numéro 51 de la République bolivarienne du Venezuela », évinçant Maduro de son statut présidentiel sur Wikipedia.
Le département d'État américain a, par ailleurs dans une déclaration, accordé son soutien à M. Guaido, qui a déclaré vendredi 11 janvier dernier qu'il était prêt à prendre temporairement la présidence pour remplacer M. Maduro, mais qu'il ne le ferait qu'avec le soutien des forces armées, a rapporté Haaretz.
Deux jour après l’annonce de la fermeture de Wikipedia faite par Haaretz, Access Now, un groupe d’activistes des droits de l'homme qui défend et étend les droits numériques des utilisateurs en danger dans le monde entier, a reçu des nouvelles au sujet d'un projet de loi sur la cybersécurité au Venezuela qui, selon eux, mettrait en péril les droits numériques des Vénézuéliens.
En effet, le gouvernement vénézuélien s'apprêtait à présenter un projet de loi à l'Assemblée nationale constituante, un organe législatif organisé par le gouvernement de Maduro et dont la légitimité reste contestée. La proposition, appelée loi constitutionnelle sur le cyberespace de la République bolivarienne du Venezuela, énonce la souveraineté du Venezuela sur le cyberespace. Selon le groupe, les règles annoncées par le projet de loi violent clairement les droits de la personne.
Selon une première règle, les fournisseurs de services de messagerie devraient censurer le contenu sans ordre judiciaire préalable ni respect des garanties minimales pour une procédure régulière. Une autre règle introduit, selon le groupe, le concept dangereux de « sécurité du contenu » pour légitimer des outils, des politiques, des règles et des « actions préventives » pour « lutter contre la haine » sur Internet, ouvrant ainsi la voie à de nouveaux abus.
Le régime vénézuélien de Maduro rejoint maintenant celui de Recep Tayip Erdogan de Turquie en tant que deuxième à interdire Wikipedia dans son intégralité. La Turquie a bloqué Wikipédia en avril 2017 à cause d'articles concernant l'implication d'Ankara dans ISIS en Syrie, a rapporté Haaretz.
Source : Haaretz, Access Now, Le Figaro, Liberation
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Qu’arrivera-t-il au Venezuela déjà fragilisé par la crise économique, sociale et politique si l'Assemblée nationale constituante adoptait le projet de loi affirmant la souveraineté du Venezuela sur le cyberespace ?
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Le Venezuela aurait bloqué Wikipedia suite à « l'éviction » de Maduro d'un article,
Au profit du leader de l'opposition Guaidó, d'après NetBlocks
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Le , par Stan Adkens
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