Il est facile de trouver sur des sites de diffusion en continu comme YouTube ou Vimeo du contenu non pornographique qui fait appel à la permutation intelligente de visages. Il est aussi possible de faire facilement des vidéos avec permutation intelligente de visages en utilisant l’application FakeApp, qui utilise TensorFlow, un outil à code source ouvert développé par Google.
La dernière personne en date à tomber victime de cette technique serait Donald Trump. Une chaîne de TV américaine (Seattle TV) a publié une vidéo où on voit le visage du président américain transformé pour paraitre plus orange que la normale lors d’un discours télévisé, et avec une fin de vidéo qui le fait paraitre plutôt stupide.
Voici une comparaison juxtaposée de la version originale et la version truquée (à droite) :
« Espérons que nous pourrons nous élever au-dessus de la politique partisane pour soutenir la sécurité…, » a dit Trump. La vidéo (publiée par Q13) a été modifiée pour donner l'impression que Trump sortait languissamment sa langue entre les phrases. De plus, les couleurs de la vidéo semblent plus saturées, ce qui fait que la peau et les cheveux du président apparaissent orange.
« Cette vidéo ne répond pas à nos normes éditoriales, et nous regrettons qu’elle peint une image négative du président », a écrit la directrice d’actualités de Q13, Erica Hill, dans un communiqué. Plus tard jeudi matin, Hill a publié un autre communiqué dans lequel elle déclarait : « Nous avons terminé notre enquête sur cet incident et déterminé que les actions ont été menées par un éditeur individuel qui a été viré. »
Il n’est pas clair si l’employé a créé la vidéo ou bien a permis sa diffusion. Mais sa diffusion sur une station de TV nationale, autrement dit un média traditionnel, devrait soulever plusieurs questions sur la légitimité des vidéos, et le potentiel d’utilisation de cette technique pour partager des fake news. Dans un contexte de politique fracturée et de technologie accessible, il est devenu plus facile que jamais de modifier et manipuler des images pour altérer la réalité, c’est d’ailleurs, pour limiter d'éventuels dégâts que causeraient ces méthodes ainsi que bien d’autres techniques que l’administration Trump travaille à l'établissement de règles de protection de la vie privée sur Internet à l’image du RGPD en Europe. Sur cet exemple précis il ne s'agit vraisemblablement pas d'un deepfake mais plutôt d'une simple édition de vidéo, à savoir rendu la couleur plus orangée et passé en boucle la fin de la vidéo.
Ce n’est pas la première fois que ce genre d'incident a créé la polémique. L’année dernière, l’accès du journaliste de CNN Jim Acosta à la Maison-Blanche a été suspendu. L’homme a été accusé d’accrocher une jeune stagiaire par l’attachée de presse Sarah Huckabee Sanders. Elle a d’ailleurs publié une vidéo qui semblait montrer Acosta retenant le bras de la stagiaire avec sa main alors qu’elle essayait de lui arracher le micro. Par la suite, des experts et chercheurs ont noté que la vidéo publiée par Sanders est truquée et ne reflète pas la réalité.
La permutation intelligente de visages est surtout connue pour avoir été utilisée afin de créer de fausses vidéos à caractère sexuel qui mettent en scène des célébrités, et pour la porno de vengeance. La pornographie avec permutation intelligente de visages a émergé sur Internet en 2017, notamment sur Reddit, et a été depuis interdite par Reddit, Twitter, Pornhub et d’autres. Cette technique utilisée pour créer des fausses nouvelles et des canulars s’appuie sur le machine learning comme l’explique cette vidéo :
Source : vidéo - Seattle Times
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Qu’en pensez-vous ?
La technologie IA deepfake constitue-t-elle une menace pour la démocratie ?
S'agit-il ici d'une simple édition de vidéo et non d'un véritable deepfake ?
Comme pour d'autres technologies à la mode (IA, Deep learning, Blockchain,...), les réseaux sociaux et la presse vont-il s'enflammer en utilisant le mot Deepfake à tort et à travers ?
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