Le président Emmanuel Macron a fait connaitre l’an dernier la volonté de la France de devenir l’un des leaders mondiaux de l'intelligence artificielle. Il a dévoilé sa stratégie en mars dernier et surtout a annoncé le déblocage d'une enveloppe de 1,5 milliard d'euros jusqu'en 2022 pour soutenir le développement et la recherche en IA en France. Pour réaliser son souhait, il était important que la France commence à se donner des moyens de calculs, outils incontournables dans la recherche et le développement de l’intelligence artificielle et des autres secteurs classiques, afin d’augmenter la capacité de recherche de la communauté scientifique académique ou industrielle.
C'est dans cette optique que le GENCI (Grand Équipement National de Calcul Intensif) a passé la commande d’un nouveau supercalculateur de 14 petaflops. Ce nouveau bijou s’appelle HPC-IA, et sera livré par Hewlett Packard Enterprise (HPE), la société chargée de la construction du supercalculateur. GENCI est une société civile détenue à 49 % par l'Etat Français, 20 % par le CEA, 20 % par le CNRS (Centre national de la recherche scientifique), 10 % par les universités et 1 % par l'Institut national de recherche dédié aux sciences du numérique (Inria). Cette acquisition a été rendue possible grâce à la signature par la ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, mardi dernier, d’un contrat d’achat de nouvelle machine, avec le CNRS et le GENCI.
Selon France Inter, ce supercalculateur capable de faire 14 millions de milliards de calcul à la seconde mettra la France sur le podium européen en matière de capacité de calculs ainsi que dans la course mondiale. La France dispose actuellement de 18 machines que les scientifiques se partagent pour les prévisions météo, étude du climat, résistance des matériaux, explosion nucléaire... A ces usages classiques est venue s'ajouter le développement de l'intelligence artificielle qui touche presque tous les domaines (en santé, en linguistique, en reconnaissance faciale par exemple). C’est pourquoi l’acquisition de cette machine est salutaire pour les chercheurs qui ont besoins, non seulement, d'utiliser beaucoup de données relatives à ces domaines couverts par l’IA, mais également, de faire beaucoup de calcul plus rapides.
« Le 21e siècle s'appuie tout entier sur le calcul pour comprendre, prévoir, innover, décider », a expliqué Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation à l'occasion de la cérémonie de signature du contrat avec Hewlett Packard Enterprise (HPE).
Les superordinateurs permettent de traiter de gros volumes de données et d'effectuer des calculs complexes, utilisés par exemple dans les prévisions météorologiques ou de catastrophes, la conception de nouveaux avions, de nouveaux médicaments... HPC-IA, a coûté à la France 25 millions d'euros, et sera installé au centre de calcul IDRIS du CNRS sur le plateau de Saclay en région parisienne au début du deuxième trimestre 2019 et devrait être accessible, sur projet, à partir de septembre. A ce coût, il faudra ajouter les coûts de fonctionnement. « Son accès principal sera réservé aux équipes académiques françaises, du CNRS, mais aussi des universités et des autres organismes de recherche. Les industriels pourront également l'utiliser sous certaines conditions », a indiqué le dirigeant du CNRS.
« Cette machine est un peu particulière car elle va également être utilisée pour la recherche en intelligence artificielle », a expliqué le PDG du CNRS Antoine Petit. Elle a été acquise principalement pour supporter les charges de travail de développement de l’Intelligence artificielle en accord avec la stratégie nationale de recherche en intelligence artificielle lancée par le gouvernement l’année dernière. Il va permettre aux chercheurs « d'optimiser les algorithmes, de tester leurs limites, comprendre comment ils marchent, ou dans certains cas pourquoi ils ne marchent pas », a expliqué à l'AFP Denis Veynante, directeur de la mission calcul-données du CNRS.
Antoine Petit, en répondant à la question de Franceinfo qui voulait savoir s’il y a du business lié à cette acquisition, a dit : « On va être capables de créer des startup, d'avoir des modèles de plus en plus puissants. Les applications de ces calculs sont nombreuses, elles couvrent à peu près tous les domaines d'activité. On a besoin de ces machines puissantes pour avoir des résultats plus précis qui vont créer du business et des emplois. »
Le président Emmanuel Macron a prévu par ailleurs dans sa stratégie de recherche dans le domaine de l’IA d’affecter une enveloppe de 100 millions d’euros dans les fonds débloqués et de 70 millions d’euros les années suivantes à l’amorçage de start-up dans l’intelligence artificielle et la deep tech.
Cette capacité de calcul ne met pas la France dans le Top 10 des supercalculateurs mondiaux mais lui permet de prendre une bonne longueur d’avance sur les nouveaux défis de l’intelligence artificielle et aussi d’être performant dans les autres domaines qui nécessitent des opérations de calculs.
En effet, en 2018, La France s’est positionnée dans le TOP 15 mondial, grâce à son supercalculateur Tera-1000, fruit d’un partenariat entre CEA/DAM, la Direction des Applications Militaires, et Atos, leader international de la transformation digitale. Avec sa puissance de calcul de 25 petaflops – 25 millions de milliards de calculs (en virgule flottante) par seconde – et ses 208 896 à 561 408 cœurs, Tera-1000 a pu permettre a la France de se hisser dans le TOP 15 en se positionnant à la 14e place mondiale.
En 2018, les Etats-Unis avec le supercalculateur Summit, la machine d’IBM avec une puissance de calcul de 200 petaflops, était en tête du classement des supercalculateurs, devant la Chine.
Source : BFMTV, Franceinfo
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Le , par Stan Adkens
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