En effet, le réseau social fait l’objet de plusieurs invitations depuis lors par des tribunaux afin de témoigner du rôle joué dans la collecte des données utilisateur et leur utilisation pour influencer les opinions politiques des utilisateurs, non seulement, lors de la campagne présidentielle de 2016 en faveur de l’actuel président des Etats-Unis, mais également, pour manipuler les opinions afin de contribuer à faire passer le « ;oui ;» dans les élections du Brexit. Facebook s’est toujours défendu de n’avoir jamais vendu de données à qui que ce soit : « ;Je ne peux pas être plus clair sur ce sujet. Nous ne vendons pas de données, ce n’est pas ainsi que fonctionne la publicité ;», a déclaré Mark Zuckerberg devant le Congrès américain.
Cependant, depuis la saisie de documents importants qui contiendraient des révélations sur les décisions de Facebook concernant le contrôle de confidentialité et de vie privée ayant conduit au scandale Cambridge Analytica, l’étau se serre peu à peu contre le géant des réseaux sociaux. Toute fois, Facebook soutient que les conversations incluses dans les emails contenus dans les documents détenus par le patron de Six4Three remonteraient à des années auparavant et que la société avait finalement décidé de ne pas facturer l’accès aux données des utilisateurs. En effet, The Wall Street Journal a rapporté au cours de la semaine dernière qu’il a eu accès à certaines pages des documents obtenus par le Parlement britannique de Six4Three. Selon le quotidien, l’examen des emails contenus dans les pages de la mémoire cache dont il a eu accès, révèle que Facebook envisageait de facturer aux entreprises un accès continu aux données des utilisateurs.
Un autre type de données sur les utilisateurs, qui auraient servi également à les catégoriser afin de les cibler avec des informations au cours de la période électorale 2016 aux Etats-Unis, a été révélé le jeudi dernier par Christopher Wylie, l’ancien directeur de recherche à Cambridge Analytica qui avait lancé l’alerte de violation massive des données par le cabinet, selon The News York Times.
En effet, Christopher Wylie, qui a aidé à fonder Cambridge Analytica, le cabinet de profilage d'électeurs, a révélé lors d'une conférence en Grande-Bretagne organisée par le site Web de l'industrie de la mode, The Business of Fashion, que les préférences vestimentaires avaient été essentiellement utilisées par Cambridge Analytica, pour identifier les électeurs de droite, selon the News York Times. « Les données de mode ont été utilisées pour créer des modèles d'IA afin d'aider Steve Bannon à renforcer son insurrection et à construire the alt-right », a-t-il déclaré. Selon ses déclarations, le cabinet dont l'activité consistait à créer et à vendre des profils d'électeur à partir de données Facebook, aurait eu recours à l’intelligence artificielle pour former un modèle qui aurait aidé la droite dans sa campagne électorale.
Selon M. Wylie, les préférences en matière de vêtements et de musique seraient utilisées comme les principaux indicateurs de la tendance politique, a-t-il déclaré. Le chercheur a mentionné, à titre d’exemple, que les marques Wrangler et L.L. seraient notamment utilisées par Cambridge Analytica pour identifier les conservateurs, tandis Kenzo conçu par le duo Humberto Leon et Carol Lim, par ailleurs, derrière la cérémonie d'ouverture de l’événement, faisait référence aux libéraux. « Les marques de mode sont vraiment utiles dans la production d'algorithmes pour savoir comment les gens pensent et ce qu'ils ressentent », a déclaré M. Wylie.
Par ailleurs, selon The News York Times, utiliser les habitudes vestimentaires des personnes pour évaluer leurs systèmes de valeurs, leurs priorités et leurs objectifs fait partie de la vie professionnelle depuis des lustres. Selon le quotidien, le cabinet de profilage d’électeurs n’a fait qu’exploiter une tactique qu’il a adaptée à un algorithme en utilisant des profils de 50 millions d’utilisateurs de Facebook sans aucune permission.
Par ailleurs, le penchant vestimentaire n’est que l’un des éléments de mode utilisé pour déterminer les sensibilités d’un électeur, a écrit le quotidien. David Stillwell, directeur adjoint du Psychometrics Center de l'Université de Cambridge, où Aleksandr Kogan, qui a développé l’application qui a permis au cabinet Cambridge Analytica de collecter des données des utilisateurs de Facebook, a comparé l’utilisation du profil vestimentaire à une étude montrant que la possession d'une voiture peut être corrélée aux préférences de vote politique dans certaines régions. – La prédominance des hybrides dans une région signifiant un vote à majorité démocrate et l'inverse étant vrai en ce qui concerne les camionnettes. « Le raisonnement est essentiellement le même », a-t-il déclaré. « Différentes personnes choisissent des vêtements différents et cela correspond à leur politique. »
« Il s'agit avant tout de savoir qui est votre base de soutien », a déclaré le maréchal Cohen, analyste en chef du secteur de mode à NPD Group et auteur de « Pourquoi les clients font-ils ce qu'ils font », dans une interview accordée lors de la campagne de 2016. « Comment vivent-ils ? Quels sont leurs points de déclenchement ? Quels mots résonnent avec eux ? Cela vaut son pesant d'or, sur la scène politique, tout comme celle des consommateurs. Nous appelons cela le profilage démographique, parce que le profilage des électeurs sonne comme un gros mot, mais c’est ce qu’il est. »
Selon le quotidien, Cambridge Analytica n’a fait qu’une application d’une pratique d’analyse de données qui existe déjà et cela ne devrait étonner personne. Cependant, les données ont été utilisées sans consentement des utilisateurs de Facebook, ce qui vaut au réseau social depuis cette année des critiques d’incapacité à pouvoir protéger les données des utilisateurs. Lors de son intervention pendant la conférence de l’industrie de la mode, Christopher Wylie s’est également insurgé contre l’énorme pouvoir du géant des réseaux sociaux.
Selon lui, Facebook nuit à la société par ses pratiques de catégorisation des personnes en fonction de leurs préférences culturelles. Il a par ailleurs attiré l’attention des personnes présentes à être conscientes des récits intégrés à leur image de marque.
Cependant, la plupart des acheteurs Instagram et des preneurs de selfie sont plutôt préoccupés par le vol de cartes de crédit que d'être victimes de messages politiques ciblés et subtiles. Toute fois, la plupart des utilisateurs des réseaux sociaux s’attendent désormais à ce que leur moindre trace culturelle laissée en ligne soit utilisée par les marques.
Source : The New York Times
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