Si Facebook pouvait revenir en arrière et changer le cours des choses, une des choses que le réseau social aurait faite à coup sûr aurait été d’éviter toute relation commerciale ou non avec le chercheur Dr Aleksandr Kogan. En effet, tous ces malheurs ont commencé lorsque le réseau social a commencé à partager ses données avec le Dr Aleksandr Kogan. Ce dernier a récolté les données d’environ 87 millions d’utilisateurs et les a vendues à l’entreprise de conseil Cambridge Analytica qui les aurait utilisées pour influencer les opinions politiques des utilisateurs lors de la campagne présidentielle de 2016 afin de contribuer à faire gagner Donald Trump, le président actuel américain. En outre, il est allégué que ces données auraient également été utilisées pour manipuler les opinions afin de contribuer à faire passer le « ;oui ;» dans les élections du Brexit. Depuis la parution de cette affaire au grand public, le réseau social est en proie à de nombreuses affaires judiciaires aussi bien aux États-Unis qu’au Royaume-Uni pour ne citer que ces pays.
Récemment, les parlements britannique et canadien se sont associés pour former ce qu’ils ont appelé « ;le grand comité international ;» (une fédération des deux parlements) afin de faire comparaître le PDG de Facebook devant ce parlement pour avoir des explications sur ce scandale ainsi que la gestion des fausses informations par la plateforme sociale. Toutefois, malgré cette association de ces deux parlements qui ont été rejoints par leurs homologues australiens, argentins et irlandais, français, lettons, brésiliens et singapouriens, Mark Zuckerberg a opposé un refus à l’invitation de ce comité international en soulignant qu’il n’était pas possible pour Zuckerberg de comparaître devant tous les parlements.
Il convient de préciser que cette demande de comparution devant le parlement britannique n’est pas la première en la matière. En mai dernier, ce parlement a invité le patron de Facebook à comparaître devant ses députés, mais ce dernier a décliné l’invitation. En retour, Mike Schroepfer, directeur technique de Facebook a été envoyé, mais de nombreuses questions sont restées sans réponses. Aussi, les députés britanniques souhaitent-ils toujours entendre Mark Zuckerberg en personne.
Déterminé dans sa quête d’obtenir des réponses de la part de Facebook bon gré mal gré, le parlement britannique a profité d’un voyage d’affaires à Londres du patron de Six4Three, une startup de développement de logiciels, pour saisir une importante mémoire cache contenant des documents préjudiciables au géant des réseaux sociaux et qui comprendraient des révélations sur les décisions de Facebook concernant le contrôle de confidentialité et de vie privée ayant conduit au scandale Cambridge Analytica.
Six4Three détient ces documents obtenus de Facebook grâce une action en justice actuellement en cours aux États-Unis. La société de développement de logiciels aurait été encouragée par le réseau social à investir — 250 ;000 USD — dans une application qui permettait aux utilisateurs de trouver les photos des amis de leurs amis en bikini lorsque la politique des API Graph de Facebook permettait encore de siphonner les données des utilisateurs et celles de leurs amis sur le réseau social.
En 2014, Facebook a modifié le mode de fonctionnement de l’API Graph pour le rendre moins ouvert aux entreprises, et en juin 2015, le réseau social a restreint et supprimé tout accès à cette API. Depuis la restriction de l’accès à cette API, Six4Three, n’ayant plus accès à cette API, a porté plainte contre Facebook pour violation de contrat. L’affaire, qui a d’abord été déposée devant la Cour supérieure du comté de San Mateo, a été renvoyée devant un tribunal fédéral à San Francisco.
Alors que cette affaire bat encore son plein à la suite de la récente saisie des documents de Six4Three par le parlement britannique, le quotidien national américain, The Wall Street Journal, rapporte qu’il a également eu accès à certaines pages des documents détenus par Six4Three et également possédés par le parlement britannique depuis peu. Après examen des emails contenus dans la mémoire cache, The Wall Street Journal avance que Facebook envisageait de facturer aux entreprises un accès continu aux données des utilisateurs. Dans ce document, le quotidien souligne que les dirigeants de Facebook parlaient d’encourager les annonceurs à dépenser davantage en échange d’informations de profil sur les utilisateurs de Facebook. De même, un document interne examiné par le quotidien américain mettrait en évidence le fait qu’un employé non identifié de Facebook a suggéré de fermer l’accès aux données « ;en une seule fois à toutes les applications qui ne dépensent pas… au moins 250 ;000 dollars par an pour maintenir l’accès aux données ;».
Il faut préciser que les emails en question datent de la période partant de 2012 à 2014. Si ces faits rapportés sont avérés, cela montre comment le réseau social comptait rentabiliser les données en sa possession après son introduction en bourse en 2012. Mais lors de son témoignage devant le Congrès en avril dernier, le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, a déclaré : « ;Je ne peux pas être plus clair sur ce sujet. Nous ne vendons pas de données, ce n’est pas ainsi que fonctionne la publicité ;». Konstantinos Papamiltiadis, directeur des plateformes et des programmes de développement de Facebook, est allé dans le même sens que son patron en déclarant que « ;Facebook n’a jamais vendu les données de qui que ce soit ;». « ;Nos API ont toujours été gratuites et nous n’avons jamais demandé aux développeurs de payer pour les utiliser, que ce soit directement ou en achetant de la publicité ;».
Toutefois, dans un document de 18 pages déposé en 2017 par David Godkin, avocat de Six4Three, l’entreprise qu’il défend dénonçait les accords privilégiés avec certaines entreprises au détriment d’autres. Dans certaines parties expurgées du document, il aurait été mentionné que « ;dans chacun de ces cas, Facebook semble fonder sa décision d’accorder ou de refuser à ces sociétés un avantage concurrentiel déloyal en raison de sa capacité à obtenir un paiement ou toute autre contrepartie valable ;». Et dans une note de bas de page, il est stipulé que « ;les acheteurs qui ne respecteraient pas les exigences minimales arbitraires définies par Facebook ont ​​été exclus du marché, comme ce fut le cas pour la demanderesse, car elle ne pouvait pas se permettre de dépenser 250 ;000 dollars par an en dépenses publicitaires non liées avec Facebook. Le budget annuel de publicité du demandeur était bien inférieur à ce minimum arbitraire ;».
À la suite de la divulgation de ces informations, Facebook aurait déclaré que les conversations incluses dans les emails remontaient à des années auparavant et que la société avait finalement décidé de ne pas facturer l’accès aux données des utilisateurs.
Source : Business Insider, The Sun, Document déposé par l’avocat de Six4Three
Et vous ?
Selon vous, Facebook pourrait-il avoir contraint des entreprises à payer pour accéder aux données des utilisateurs ;?
Pensez-vous que Facebook a à un moment de son histoire songé à commercialiser les données collectées ;?
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Des documents révèlent que Facebook aurait envisagé de facturer l'accès aux données des utilisateurs
Et de fermer cet accès en cas de non-paiement
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Le , par Olivier Famien
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