Le système de crédit social de la Chine continue de faire des victimes dans le pays. Déjà en septembre dernier, près de 10 millions de personnes se sont retrouvées punies dans les zones ou le système de notation sociale a déjà été testé. Un cas d’une personne punie est celui du journaliste d’investigation Liu Hu dont la carrière a été mise en pièces après qu’il ait été mis sur la liste noire suite à des accusations de corruption qu’il a portées contre le gouvernement. Son accès au transport ferroviaire et tous ses comptes de réseaux sociaux ont été suspendus. Estampillé en tant que personne « malhonnête », il explique que la plupart des Chinois n’appréhendent pas réellement la manière dont ce système pourrait les affecter si jamais ils se retrouvaient en situation d’être punis. « Vous pouvez voir l'état d'esprit du peuple chinois. Leurs yeux sont clos et leurs oreilles sont bouchées. Ils connaissent peu le monde et vivent dans une illusion », a-t-il déclaré.
La liste noire du système de notation sociale chinois continue de s'élargir. Des millions de ressortissants chinois ont été empêchés de réserver des vols ou des trains depuis que ce système controversé est mis en oeuvre dans certaines villes du pays. Prévu pour être pleinement opérationnel d’ici 2020, ce système n’est pas conçu que pour surveiller, mais surtout pour contrôler et contraindre. Il consiste à attribuer à chaque individu et chaque entreprise une note de confiance. « Cela permettra aux personnes de confiance de circuler librement sous le ciel tout en entravant les personnes qui ne sont pas dignes de confiance dans leurs déplacements », expliquait le Parti communiste chinois.
Le système sera utilisé pour récompenser ou punir les personnes et les organisations pour leur « fiabilité » à travers un éventail de mesures. Un élément clé du plan consiste non seulement à dresser une liste noire des personnes dont la cote de crédibilité sociale est faible, mais également à « divulguer publiquement les registres des entreprises et du manque de fiabilité des individus ». Pour atteindre cet objectif, le système tirera profit du plein potentiel de l’infrastructure technologique chinoise, soit quelque 200 millions de caméras croisées à des systèmes de reconnaissance faciale et à des dossiers financiers, médicaux et juridiques. Des réseaux d’intelligence artificielle avancée auront la lourde charge de réglementer et d’interpréter les données issues de ce croisement à grande échelle.
Le fonctionnement du système est assez simple. Comportez-vous bien, et vous serez récompensés. Comportez-vous mal, et vous serez punis. Par exemple, si un citoyen paie ses factures à temps, fait du bénévolat ou gère correctement son recyclage, il verra son score grimper et obtiendra des récompenses telles que des prix de transport public ou même des temps d’attente dans les hôpitaux revus à la baisse. En revanche, s’il enfreint les règles, il sera immédiatement puni. Le score chute à chaque infraction, induisant pour l’individu en faute des punitions pouvant aller des pénalités financières à des restrictions de voyage comme le cas de ces millions de personnes qui ont été empêchées de réserver des vols ou des trains à grande vitesse.
Selon le journal gouvernemental Global Times , au mois de mai dernier, le gouvernement avait empêché 11,14 millions de personnes de prendre l'avion et 4,25 millions de personnes qui voulaient faire des voyages en train à grande vitesse. L'État a également commencé à restreindre les options de luxe : 3 millions de personnes se voient interdire l'achat de billets de train en classe affaires, selon Channel News Asia. Le but est de « mettre les personnes discréditées en faillite », a déclaré cette année Hou Yunchun, ancien directeur adjoint du centre de recherche sur le développement du Conseil d’État. L’état oriental de Hangzou, au sud-ouest de Shanghai, a déployé son système de crédits personnels plus tôt cette année, récompensant les « comportements prosociaux » tels que le travail bénévole et les dons de sang, tout en punissant ceux qui enfreignent les règles de la circulation et prennent des pots de vin.
Selon le plan de Beijing, différentes agences vont relier des bases de données pour obtenir une image plus détaillée des interactions de chaque résident à travers une série de services. La proposition appelle les agences, y compris les agences de tourisme, les régulateurs du marché et les autorités de transit, à travailler ensemble. Le suivi du comportement individuel en Chine est devenu plus facile avec la transition de la vie économique en ligne, avec des applications telles que WeChat de Tencent et Alipay de Ant Financial, un noeud central pour effectuer des paiements, obtenir des prêts et organiser des transports. Les comptes sont généralement liés à des numéros de téléphone mobile, qui nécessitent à leur tour d’avoir été identifié auprès du gouvernement (CNI, carte de séjour, etc.).
Les personnes se voient attribuer des points de crédit pour des activités telles que le bénévolat et les dons de sang, tandis que celles qui enfreignent les règles de la circulation et autres délits par exemple sont punies. Fumer dans les zones non-fumeurs, acheter trop de jeux vidéo et publier de fausses nouvelles en ligne auraient également été rapportés. Les sanctions ne sont pas clairement définies dans le plan gouvernemental, mais au-delà de rendre les déplacements difficiles, il serait également que le ralentissement de la vitesse de l’Internet, la réduction de l’accès des personnes ou de leurs enfants à de bonnes écoles, l’interdiction de certains emplois aux personnes, l’empêchement de posséder des animaux de compagnie.
Il parait que les autorités chinoises seraient également en train de mettre au point une solution pour des personnes dont le visage serait couvert ou obscurci, a rapporté Fox News. Il s’agit d’un logiciel qui est en cours de développement et qui pourra identifier des citoyens en se basant sur la forme du corps et la démarche de la personne. Une fois terminé, la police pourra identifier tous citoyens grâce au nouveau système même si le visage ne peut pas être vu. Selon Fox News, cette nouvelle technologie est l’œuvre de la startup Watrix qui a signé récemment un contrat d’un montant de 14,5 millions de dollars avec les autorités chinoises. La technologie exploite l’intelligence artificielle et permet d’identifier une personne jusqu’à une distance de 50 mètres même si la personne est de dos, a rapporté Fox News. Une fois le logiciel sera opérationnel, ajuster sa démarche ou présenter une boiterie ne permettront pas de tromper le nouveau système dans la mesure où il prend en compte les « caractéristiques d’un corps entier ».
Source : The Independent
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Le , par Bill Fassinou
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