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Les États-Unis demandent à leurs alliés de boycotter les équipements télécoms du chinois Huawei

évoquant des préoccupations de sécurité nationale

Le 2018-11-24 15:04:40, par Stéphane le calme, Chroniqueur Actualités
Les États-Unis ont lancé ce que le Wall Street Journal qualifie de « campagne extraordinaire de sensibilisation » de ses alliés afin de tenter de persuader les fournisseurs d'accès sans fil et Internet dans ces pays d'éviter les équipements de télécommunication provenant du chinois Huawei. Le quotidien s’appuie sur des sources familières à cette situation.

Des responsables de l’administration du président Donald Trump auraient recherché et informé de nombreux partenaires et alliés, allant des homologues gouvernementaux aux entreprises de communication de haute technologie, à la suite des préoccupations de sécurité nationale concernant les intentions et les capacités de cette entreprise chinoise de télécommunications.

Fondé par Ren Zhengfei, ancien officier de l’Armée de libération du peuple, Huawei est désormais le deuxième fabricant mondial de smartphones, après le sud-coréen Samsung.

Le quotidien a rapporté que, jusqu'à présent, les États-Unis ont informé l'Allemagne, l'Italie et le Japon.

Les autorités américaines ont également indiqué à la presse que l'administration envisageait d'offrir une aide financière aux pays qui franchissent le pas et bloquent Huawei.

Les États-Unis ont imposé des droits de douane sur des milliards de dollars d'importations chinoises, provoquant des représailles rapides de la part du gouvernement chinois.

Les États-Unis ont également resserré les règles relatives aux investissements étrangers visant les accords chinois et ses principaux alliés commencent à prendre des mesures similaires.


Guerre froide ou risques réels ?

Début avril, la Commission fédérale des communications (FCC : Federal Communications Commission) s'est jointe au congrès, à l'administration Trump et à d'autres organismes gouvernementaux pour limiter le champ d'action du géant chinois Huawei et de ZTE, un autre fabricant chinois en Amérique.

Le président de la commission Ajit Pai, a proposé une règle renforçant les restrictions imposées aux entreprises construisant des infrastructures Internet aux États-Unis. Il a alors expliqué qu'elle s'appliquerait à tout fournisseur de services de télécommunication ou sous-traitant défini comme un risque de sécurité. La règle proposée ne mentionne pas Huawei par son nom, mais il n'y avait aucun doute que Huawei en était la cible.

L'agence avait également indiqué qu'elle n'avait pas encore déterminé comment identifier les entreprises présentant un risque pour les systèmes de télécommunication, notamment en tant qu'outils d'espionnage. Néanmoins, elle pouvait décider de suivre l'exemple des agences de renseignement et du Congrès. Le congrès dans son autorisation de dépenses militaires, a interdit au Pentagone d'acheter du matériel de réseau auprès de Huawei ou de ZTE.


L'accès de Huawei est déjà entravé sur le marché américain à cause des politiques et des règlements du gouvernement américain remontant à plusieurs années et motivés par des préoccupations sécuritaires. Après constat, Doug Brake, directeur de la politique des télécommunications à la fondation pour les technologies de l'information et l'innovation, une organisation de recherche non partisane déclare : « c'est un pas de plus dans la confrontation plus large avec la Chine ». La grande entreprise chinoise a réalisé un chiffre d'affaires mondial de plus de 90 milliards de dollars l'année dernière. Aux États-Unis, ses ventes ont été de 200 à 300 millions de dollars, estiment les analystes. La plupart des ventes aux États-Unis sont des smartphones, bien qu'elle vende de l'équipement de réseau aux petits opérateurs de télécommunication ruraux.

Des soupçons justifiés ?

Selon Danielle Cave de l'Australian Strategic Policy Institute (ASPI), quiconque doute de l'emprise du Parti communiste chinois sur des entreprises d'État et de l'inaptitude essentielle de Huawei à participer à des projets d'infrastructure de communication doit se familiariser avec l'article 7 de la loi de 2017 sur le renseignement de la Chine (家 情报 &#27861.

La loi stipule:

« Toutes les organisations et tous les citoyens doivent, conformément à la loi, soutenir, coopérer et collaborer au travail de renseignement national et garder le secret du travail de renseignement national dont ils ont connaissance[...]. L'État protégera les individus et les organisations qui soutiennent, coopèrent et collaborent dans le travail de renseignement national ».

Selon Cave, même si une entreprise chinoise avait « les meilleures intentions du monde », la loi énonce clairement son devoir chaque fois que l'occasion se présente.

« Une entreprise peut avoir les meilleures intentions du monde - travailler dur, avoir une bonne réputation, faire des profits - mais cette loi compromet ces intentions en précisant que les organisations chinoises sont censées soutenir, coopérer et collaborer au travail de renseignement national », a soutenu Cave. « Elles doivent également garder le travail de renseignement qu’elles connaissent comme un secret ».

La réaction américaine, enclenchée avant l’adoption du gouvernement actuel, reflète les craintes de nombreux analystes selon lesquelles les entreprises chinoises de mauvaise foi pourraient s’intégrer au moment même où le réseau 5G sans fil de nouvelle génération est déployé dans le monde entier.

Source : WSJ

Et vous ?

Que pensez-vous de cette décision ? Vous semble-t-elle justifiée ?

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  Discussion forum
575 commentaires
  • herr_wann
    Membre confirmé
    Et en échange, ils promettent de ne plus nous écouter avec leurs matériels US ?
  • Loceka
    Expert confirmé
    Moi ce que je remarque surtout c'est à quel point les USA ont la mainmise sur les technologies.

    Si une entreprise déplaît aux USA et qu'ils décident de lui faire du tort, ça peut entraîner des "sanctions" allant de l'impossibilité d'utiliser certains produits (processeurs, ...) au refus de validation de normes (WiFi, ...), en plus de ne pas pouvoir être vendus sur le sol des USA.

    Pour le coup je ne m'en fais pas trop pour Huawei qui doit avoir les reins assez solides pour faire face à ça. Mais très peu d'entreprise seraient dans ce cas-là.

    Et je trouve que ça devrait surtout faire réfléchir les différents gouvernements et entreprises sur le danger que représentent les USA dans leur monopole sur les produits technologiques, et donc l'urgence de leur retirer ce monopole en "libérant" les organismes de certifications et en créant des alternatives viables à certains constructeurs.

    My 2 yuans.
  • Zefling
    Expert confirmé
    Perso, j'ai plus confiance en la Chine que les USA pour ce qui est de la sécurité des données.

    Et quand on voit aussi toutes les applis smartphone qui siphonnent les données (Facebook & co.) C'est à se demander si la sécurité est vraiment importante. J'ai l'impression que les USA ont peur de perdre leur « pseudo-monopole » dans le siphonnage.
  • defZero
    Membre extrêmement actif
    Qu’en pensez-vous ?

    Que Huawei est surement coupable de ce dont l’accuse les USA, mais, et c'est un gros mais, il y a deux choses que je trouve cocasse :
    - D'un je ne pense pas que le gouvernement US est la moindre preuve de ce dont il accuse Huawei, sinon ils les auraient volontiers fait "fuité"
    - Et de deux, le gouvernement US accuse Huawei et donc la Chine de choses dont il est lui même coupable, par le biais des boites US / Israélienne et autres rachats effectué par leurs services d' "Intelligence" depuis une 30e d’année.

    Donc, en suivant le raisonnement du gouvernement US retranscrit dans les plaintes déposés et si la sécurité et véritablement leurs but, alors personnes ne devraient utiliser de technologies US et associés, non ?

    Il est schizophrènes le gouvernement US ou bien ?
  • La conduite la plus raisonnable à tenir vis-à-vis de Huawei est de lui imposer les mêmes règles qu'aux entreprises européennes qui veulent travailler en Chine : JV avec un partenaire local qui détient 51% des parts, usines de production situées en Europe, 2/3 des pièces d'origine européenne, etc...
  • tanaka59
    Inactif
    On se plaint des merdes et autres saloperies venant de Chine . Produisons en Europe ou aux USA ... On serait ou sont fabriquées les composants et qui développe les programmes . Pas des programmes fait par des hordes d'indiens sous payés dans des conditions plus que douteuses ...

    On relancerait l'emploi également.
  • marsupial
    Expert éminent
    La Chine comme les Etats-Unis disposent de différentes cartes à jouer dans ce contexte de guerre économique. L'une de ces cartes est représentée par les terres rares utilisées dans tous les produits de nouvelles technologies. Si la Chine abat cette carte, je ne donne pas cher de l'industrie de la tech dans le reste du monde.
  • Jon Shannow
    Membre extrêmement actif
    Envoyé par pboulanger
    Subventionner des entreprises privées, ce n'est pas interdit par l'OMC? Les US ont bien fait condamner Airbus pour ça récemment, non?
    Trump la loi c'est seulement quand ça l'arrange...
    Pour une fois, je dirais que Trump est dans la même ligne que ses prédécesseurs. Les lois internationales ne sont valables pour les USA que si ça les arrange.
  • Les européens ont compris que Trump est un gros bidon et que les Etats-Unis apparaissent de moins en moins comme un allié fiable en tout cas tant que Moumoutte sera au pouvoir.
  • yahiko
    Rédacteur/Modérateur
    La démocratie n'est plus tendance. C'est le sentiment que j'observe sur les réseaux sociaux.
    On en vient à préférer l'autoritarisme "éclairé" d'un Poutine ou d'un Xi Jinping en face d'une soupe politique insipide que nous offre nos parlements d'Europe Occidentale ou d'Amérique du Nord.
    Bien sûr que nous partageons bien plus de valeur avec les Etats-Unis qu'avec la Chine. Il suffit de voyager un minimum pour s'en rendre compte.
    Cela n'empêche pas que les Etats-Unis ont leur spécificités culturelles, tout comme l'Italie a les siennes.

    Nous sommes les enfants d'Athènes.

    Et nous sommes en train de renier notre héritage et notre civilisation en nous jetant dans les bras du nouveau Tsar de Russie ou du Parti Unique de la Chine et de sa République (sic) Populaire (re-sic).

    Dans le discours anti-américain, je relève souvent notre propre aveux d'impuissance. On reproche souvent à autrui ce que nous aimerions pouvoir faire, mais que nous ne pouvons pas ou plus faire. C'est le drame de l'Europe.

    Alors, on réécrit l'Histoire, en minimisant le rôle des Américains lors de la 2nde Guerre Mondiale. Pourtant, sans eux, sans leurs ressources industrielles, pétrolifères, et aussi humaines, nous serions encore sous domination Nazi. Dire le contraire n'est pas sérieux. L'URSS a certes beaucoup contribué à la victoire aussi, mais je suis heureux et reconnaissant que les Américains aient débarqué en Normandie et aient libérée la France, avant les Soviétiques. Le sort des états satellites sous occupation soviétique ne me fera jamais rêver.

    La Chine est une dictature, tout comme l'Arabie Saoudite ou le Qatar. Ceux qui méprisent l'Arabie Saoudite et le Qatar (j'en fais partie), restez cohérent, méprisez la Chine.

    Mais j'ai l'impression que c'est pourtant vers ça que nous souhaitons aller dans des discours de plus en plus nombreux sur la Toile. A vouloir juste un hypothétique bonheur, sans la liberté, nous n'aurons ni l'un, et ni l'autre.

    Les responsables de la situation de la France, ils sont connus de tous, c'est nous-même. Pas juste le Président, pas juste le Premier Ministre, pas les députés et la classe politique forcément corrompue et/ou incompétente. Mais à toi et à moi.

    Le venin qui circule sur la Toile envers tout ce qui ne va pas, c'est surtout le reflet de notre propre lâcheté, de notre propre manque de courage, de notre propre passivité que nous déplorons.

    Il y a un vrai combat à mener. C'est un combat envers nous-même.