
après une fusillade menée par un utilisateur antisémite dans une synagogue
Samedi dernier, un homme armé a pris d'assaut une synagogue de Pittsburgh, en Pennsylvanie, a tué 11 fidèles et blessé six autres personnes, dont quatre policiers, avant d'être arrêté par la police. Le suspect, âgé de 46 ans et répondant au nom de Robert Bowers, est entré dans la synagogue en criant que « tous les juifs doivent mourir » ; un sentiment qu'il aurait nourri et exprimé sur les réseaux sociaux sans être interpellé.
Bowers avait en effet publié de nombreux messages antisémites en ligne. Dans l'un de ses posts, il a même critiqué le président américain Donald Trump pour ne rien avoir fait pour empêcher une « infestation » des États-Unis par des Juifs. Dans un message publié samedi matin sur les médias sociaux, Robert Bowers a également déclaré qu'une organisation de réfugiés juifs, la Hebrew Immigrant Aid Society, « aime faire venir des envahisseurs pour tuer [son] peuple. Je ne peux pas rester là et regarder mon peuple se faire massacrer », disait-il en lançant des menaces qui laissaient présager qu'il allait faire quelque chose.
Le message a été publié sur Gab, un service de réseau social basé à Philadelphie, en Pennsylvanie, créé comme alternative à Twitter. Gab a été lancé il y a deux ans par l'entrepreneur technologique Andrew Torba, qui était frustré par ce qu'il percevait comme un parti pris contre les points de vue conservateurs sur les réseaux sociaux californiens tels que Facebook et Twitter. Le site a rapidement attiré des personnalités de droite controversées, notamment Richard Spencer et Alex Jones, qui avaient été suspendus ou bannis d'autres réseaux sociaux. Robert Bowers, à l'origine de la fusillade dans la synagogue Tree of Life à Pittsburgh samedi, faisait partie des centaines de milliers d'utilisateurs de Gab. Et sur le réseau social, son profil présentait des images d'armes à feu et de l'iconographie de la suprématie blanche.
Après la fusillade et les révélations sur le suspect, les entreprises de la tech ont commencé l'une après l'autre à suspendre leurs services pour le réseau social. Il s'agit notamment de l'entreprise de gestion de noms de domaine GoDaddy, des sociétés de paiements en ligne PayPal, et de la société d’hébergement cloud Joyent.
Elles ont déclaré qu’elles empêcheraient Gab d’utiliser leurs services, citant des violations de leurs conditions de service, qui ne permettent pas le discours de haine, alors que le réseau social parle plutôt de liberté d'expression. Cela va donc probablement relancer le débat sur les limites de la liberté d'expression en ligne et sur le potentiel des réseaux sociaux à radicaliser les utilisateurs. Gab est accusé de ne pas avoir fait assez pour empêcher la liberté d'expression de basculer vers les discours de haine sur son site.
Dans une déclaration, Gab a déclaré qu’il avait immédiatement suspendu le compte de M. Bowers et coopéré avec les autorités. Le réseau social réfute toutefois le fait qu'il serait responsable d'avoir créé un environnement attrayant pour la droite alternative américaine, une partie de l'extrême droite américaine qui rejette le conservatisme classique, et qui milite en faveur de la défense des Blancs, aussi bien que du sexisme, de l'antisémitisme, du conspirationnisme, de l'opposition à l'immigration et à l'intégration des immigrés. Dans un tweet annonçant sa suspension par Joyent, Gab réitère son engagement envers ce qu'il considère comme la liberté d'expression : « Nous n'abandonnerons jamais la défense de la liberté d'expression pour tous », affirme le réseau social.
Gab a qualifié ces mouvements de « collusion directe entre les géants de la technologie » et lui. Mais ce n'est pas maintenant que cela se produit. D'autres géants de la tech l'avaient déjà désavoué. Apple a par exemple refusé d'héberger l'application du site sur son App Store. En août 2017, Google l'a également retirée du Google Play store pour violation de la politique de l'entreprise en matière de discours de haine. Après avoir menacé de cesser d'héberger Gab s'il ne supprimait pas des messages antisémites publiés sur le site en juillet, Microsoft a aussi mis fin à son contrat Azure avec le réseau social le mois dernier.
Sources : Reuters, Financial Times (Paywall)
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