Hier à La Haye, aux Pays-Bas, une nouvelle Commission mondiale sur l’adaptation qui se penchera sur les risques liés au changement climatique (inondations, sècheresses, tempêtes, hausse du niveau des mers, etc.) a été officiellement lancée. Elle est le fruit d’une initiative internationale sans précédent et opportune sur l’adaptation placée sous la direction de 28 commissaires incluant le fondateur de Microsoft Bill Gates, l’ancien Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon et l’actuel PDG de la Banque mondiale Kristalina Georgieva.
La Commission mondiale sur l’adaptation entend démontrer que sa politique basée sur l’adaptation au changement climatique est une nécessité, qu’elle améliorera le bien-être humain et débouchera sur un développement économique durable et une meilleure sécurité. Elle s’évertuera également à prouver que les couts de l’adaptation sont inférieurs à ce qu’ils seraient si ces économies continuent à adopter une approche qui ne change pas.
L’adaptation consistant à adopter des politiques et des pratiques afin de préparer les populations aux effets des changements climatiques, en acceptant le fait qu’il est désormais impossible de les éviter complètement, les mesures d’adaptation devront aider à surmonter les effets de ces changements.
Cette commission entend accélérer la mise en œuvre de mesures d’adaptation qui tiennent compte des nouveaux défis climatiques et sont axées sur la sécurité des aliments et des moyens d’existence en milieu rural, la résilience des villes, les solutions basées sur l’écosystème, la résilience des chaines d’approvisionnement globales, les infrastructures, le financement de l’adaptation et la protection sociale.
La première action forte de cette entité sera de préparer un rapport qui sera présenté au Sommet des Nations unies sur le changement climatique en septembre 2019. Ce rapport expliquera pourquoi l’adaptation aux risques climatiques est essentielle, définira une série de recommandations ainsi que des actions à entreprendre pour un monde plus sûr et meilleur.
Signalons au passage que cette nouvelle entité projette de travailler en étroite collaboration avec la Commission européenne qui a adopté une stratégie d’adaptation depuis 2013 afin de mieux préparer l’Europe aux changements climatiques et à leurs effets. Ses sponsors estiment que pour continuer à réduire la pauvreté et maintenir la croissance économique à l’échelle mondiale, les sociétés doivent faire beaucoup plus et beaucoup plus vite pour s’adapter. Ils ont insisté, par ailleurs, sur la nécessité de réduire les émissions afin d’atténuer un réchauffement supplémentaire, tout en s’adaptant.
« ;L’action d’adaptation n’est pas seulement la bonne mesure à prendre, c’est aussi la bonne chose à faire : nous devons faire valoir ce point de vue de manière plus énergique ;», affirme Ki-Moon avant d’ajouter : « ;les couts de l’adaptation sont inférieurs à ceux du maintien des activités normales et les avantages sont beaucoup plus nombreux ;».
D’après la PDG de la Banque mondiale, l’adaptation au changement climatique ne se limite pas à des projets spéciaux : chacun devrait penser à la résilience aux changements climatiques lorsqu’il prend une décision (gouvernements, chefs d’entreprise, agriculteurs, grand public…), car « ;nous subissons déjà les conséquences du changement climatique ;».
« ;L’intégration de la résilience dans les investissements normaux que nous faisons constitue une opportunité très importante pour l’adaptation ;», soutient Georgieva en prenant le cas de certains agriculteurs au Bangladesh qui se sont tournés vers l’élevage de canards à la place de poulets, car pendant les inondations, les poulets se noient, alors que les canards nagent. Elle a d’ailleurs rappelé que la moitié de l’argent prêté par la Banque mondiale pour des projets liés au climat (20,5 milliards de dollars au cours du dernier exercice financier) est maintenant consacrée à l’adaptation.
Bien que la Commission brosse un tableau rose des avantages de l’adaptation, en réalité, elle devra faire des choix difficiles, car l’adaptation à la montée rapide des eaux est un luxe que peu de gens ou de gouvernements peuvent se permettre.
« ;Certains endroits, comme le bas Manhattan, seront clairement défendus par des murs et d’autres structures, mais des milliards de dollars seront-ils dépensés pour protéger, disons, Howard Beach, un quartier populaire de basse altitude du Queens ;? Je ne pense pas ;», a confié Jeff Goodell, l’auteur du livre The Waters Will Come.
Pour Eric Cesal, directeur de projets spéciaux à la Curry Stone Foundation et conférencier invité à l’Université de Californie à Berkeley sur les questions de catastrophes et de résilience : « ;Tout effort mondial d’adaptation doit commencer par l’empathie ;» parce que « ;les pauvres sont déjà des experts en adaptation et ils n’ont pas besoin de notre aide pour cela. Ils ont plutôt besoin que nous arrêtions de détruire la planète dont ils dépendent pour vivre ;».
Jason Hickel, expert en développement international, estime que Bill Gates et la Banque mondiale devraient aller encore plus loin en matière d’atténuation en plus des efforts d’adaptation.
« ;L’appel à l’adaptation n’a de sens que lorsqu’il vient d’institutions qui ont déjà pris des mesures d’atténuation aussi énergiques que possible, ce qui n’est tout simplement pas le cas de Gates et de la Banque mondiale ;», déplore Hickel, « ;alors que nous attendons beaucoup plus de leur part ;».
Source : Europa, Metropolis, Newscientist
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