Un an après avoir été condamné à une amende record de 2,4 milliards d'euros par la Commission européenne, Google doit encore créer des conditions de concurrence équitables, selon des concurrents tels que les sites de comparaison britanniques Foundem et Kelkoo et d'autres les marchés de la recherche, de la cartographie numérique et de l'édition.
La proposition de Google consiste à permettre aux concurrents d'enchérir sur les annonces en haut d'une page de recherche afin de leur donner la chance de concourir sur un pied d'égalité.
Margrethe Vestager, la commissaire européenne en charge de la concurrence a expliqué qu'elle était au courant des préoccupations des rivaux, mais a cité des chiffres pour montrer que la concurrence s'améliorait : « Nous savons, d’après notre suivi, qu’il y a eu une augmentation constante des chiffres au cours des derniers mois. Les données les plus récents montrent qu’au moins un rival apparaît dans environ un tiers des nouveaux encarts commerciaux , contre 15 % en mars dernier », a -t-elle déclaré lors d’une audition au Parlement.
Une situation qui s’avère donc meilleure que celle qui prévalait, bien qu’encore loin d’une situation d’une solution considérée comme plus équitable par les lobbies.
Quant aux clics sur les produits affichés par les solutions rivales de Google Shopping, ils sont aussi en hausse : ils sont passés de 2,5 % en février à 6,1 % aujourd’hui : « De même, la part des clics des produits des concurrents dans les boîtes de shopping Google a également augmenté de 2,5 % en février à 6,1 % maintenant. Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions. Nous continuerons notre surveillance active et parlerons aux participants du marché », a-t-elle fait savoir.
Google, qui a déjà déclaré que sa proposition donne à tous une chance équitable, pourrait se voir infliger des amendes allant jusqu'à 5 % de son chiffre d'affaires mondial si l’entreprise ne respecte pas l'ordre de l'UE de créer des conditions plus équitables.
Pour rappel, avec plus de 90 % de parts de marché, Google est contraint par la loi européenne de ne pas utiliser sa position dominante pour favoriser ses autres services. Or, depuis 2008, la CE estime que le moteur de la recherche a fait en sorte de promouvoir son propre service de comparateur de prix dans les résultats de recherche. Ce service développé par la société lui permet de percevoir un pourcentage sur chaque vente. Avant le lancement de ce service, c’est d’autres sites web comme Kelkoo ou Foundem qui étaient mis en avant.
Aussi, accusé d’avoir favorisé son service de comparaison de prix (Google Shopping) dans ses résultats de recherche, Google a lourdement été sanctionné fin juin 2017 par le régulateur européen de la concurrence. La Commission a infligé une amende de 2,4 milliards d’euros au numéro un de la recherche en ligne, soit plus du double de l’amende de 1,06 milliard prononcée pour Intel.
Dans un communiqué de presse publié après sa décision, la Commission européenne a expliqué que Google donne une place privilégiée à Google Shopping, en le plaçant en haut dans ses résultats de recherche. Pendant ce temps, les services de comparaison de prix des concurrents sont affichés beaucoup plus bas, là où les consommateurs ne les voient pas.
Google a eu a jusqu'au 28 septembre 2017 pour mettre fin à cette pratique anticoncurrentielle ou faire face à une pénalité pouvant aller jusqu'à 5 pour cent de son chiffre d'affaires mondial quotidien moyen. Google a décidé de se conformer aux exigences de la Commission européenne ; ce qui sera l’une des rares fois où le géant de l'Internet a accepté de s’incliner sous la pression des régulateurs européens pour éviter d'autres amendes.
Le numéro un de la recherche a annoncé que son service Shopping allait traiter les concurrents de la même manière lorsqu'ils proposent des publicités au sommet d'une page de recherche. La société a déclaré que les concurrents seraient en mesure d'offrir des publicités dans les magasins via une vente aux enchères. « Nous donnons à des services de comparaison de magasins la même opportunité de montrer les annonces d'achat de marchands sur les pages de résultats de recherche de Google que nous donnons à Google Shopping », a souligné Al Verney, un porte-parole de l’entreprise.
En mars 2018, lors d'un entretien avec le quotidien britannique The Telegraph, Margrethe Vestager a évoqué la possibilité de démanteler Google en Europe. « Je pense qu’il est important de garder cette question ouverte et marquée sur l’agenda », a-t-elle répondu lorsque lui a été posé la question de savoir si la seule solution à cette dominance est de démanteler la société. « Nous ne sommes pas encore arrivés là, mais il est important de garder un œil ouvert », a-t-elle continué.
Source : Reuters
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Le , par Stéphane le calme
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