Fin décembre 2017, nous vous annoncions que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) était sur le point de considérer l’addiction aux jeux vidéo comme un trouble mental, et bien c’est chose faite. Dans la 11e version de la Classification internationale des maladies (CIM), première mise à jour globale de cette nomenclature depuis le début des années 1990, l’organisation reconnaît désormais le “trouble du jeu vidéo” comme maladie à côté d’autres troubles comme l’addiction à la cocaïne ou aux jeux d’argent.
Caractéristiques du trouble du jeu vidéo
La Classification internationale des maladies (CIM) est une classification médicale codifiée classifiant les maladies et une très vaste variété de signes, symptômes, lésions traumatiques, empoisonnements, circonstances sociales et causes externes de blessures ou de maladies. Les chercheurs l’utilisent pour recenser les décès, les maladies, les blessures et les symptômes, et les médecins et autres praticiens de la santé l’utilisent pour diagnostiquer les maladies et autres pathologies. Dans plusieurs cas, les entreprises du secteur de la santé et d’assurance s’y appuient pour calculer les remboursements.
Le Dr Vladimir Poznyak, membre du Département de Santé mentale et de Toxicomanie de l’OMS, a informé que la classification de l’addiction au jeu vidéo en tant que trouble veut dire que les professionnels et les systèmes en place seront plus « vigilants quant à l’existence de cette maladie » et en même temps augmenter la possibilité que les gens puissent avoir accès à un traitement approprié.
La première caractéristique à l’addiction aux jeux vidéo est que les sessions de jeu prennent le pas sur les autres activités à tel point qu’elles sont négligées, a dit le Dr Poznyak. Le deuxième aspect de cette addiction concerne la perte de contrôle sur le jeu. « Même quand les conséquences négatives arrivent, le comportement continue ou s’intensifie. » Un diagnostic du trouble du jeu vidéo alors veut dire qu’une « tendance de comportement persistante ou récurrente d’une sévérité suffisante a émergé, » selon le CIM.
Un troisième trait fait que ce trouble mène à une détresse accrue et une détérioration des fonctions que ça soit au niveau personnel, familial, social, éducationnel ou professionnel, a dit Poznyak. Il a ajouté que l’impact est réel et peut inclure des « troubles de sommeil », comme les déséquilibres nutritionnels et une déficience des activités physiques.
Globalement, ces caractéristiques ne diffèrent pas beaucoup des traits d’autres troubles comme l’addiction à des substances et le jeu pathologique, a dit Poznyak. Le jeu pathologique (aussi nommé jeu compulsif, jeu excessif ou ludomanie) est une forte addiction compulsive aux jeux et paris malgré les conséquences négatives ou le désir d'arrêter. « C’est une autre catégorie de maladies qui ne sont pas associées à l’usage d’une substance psychoactive, mais qui sont en même temps considérées comme des addictions. »
Mais pour établir le diagnostic, le comportement négatif doit durer pendant au moins 12 mois : « Il ne doit pas juste être un épisode de quelques heures ou quelques jours, » a dit Poznyak. Cependant, des exceptions peuvent être faites si d’autres critères sont là et les symptômes sont assez sévères.
« Des millions de gamers dans le monde, même lorsqu’il s’agit de gaming extrême, ne souffrent pas du trouble de jeu vidéo, » a dit Poznyak, ajoutant que la prévalence globale du trouble est « très faible » et seule une petite minorité de joueurs est concernée.
« Et permettez-moi de souligner que ceci est un état clinique, et un diagnostic clinique ne peut être établi que par des professionnels qui sont bien formés pour le faire, » dit-il.
Tout le monde n'est pas d'accord
Anthony Bean, un psychologue et directeur au sein du “The Telos Project”, une clinique de santé mentale à Fort, s’oppose catégoriquement à cette inclusion du trouble de jeu vidéo dans la Classification internationale des maladies (CIM)
« C’est un peu prématuré de qualifier ceci en tant que diagnostic, » a dit Bean. « Je suis clinicien et chercheur, alors je vois des gens jouer à des jeux vidéo et croient qu’ils ont une addiction. » En réalité selon lui, ils utilisent le gaming en tant que mécanisme d’adaptation à la l’anxiété ou bien la dépression. Il a ajouté que quand cette anxiété et dépression sont traitées, l’intensité du gaming diminue de façon significative.
Les critères utilisés par l’OMS pour définir le trouble de jeu dans le CIM sont « trop vagues, » dit-il, et les versions modérées ou sévères du trouble n’ont pas été déterminées de façon adéquate. « Diagnostiquer un patient avec l’addiction de jeux vidéo sera alors sur l’expérience très subjective des médecins, » dit-il.
« Et même la plupart des médecins seraient d’accord qu’ils ne comprennent pas le concept des jeux vidéo, car ils ne sont pas immergés dans ce monde ou cette expérience, » dit-il. Pour Anthony Bean, « le diagnostic CIM n’est pas informé de façon appropriée », puisque la plupart des médecins et tout le champ de santé mentale ne comprennent pas la population du gaming.
Quelqu’un qui joue à “Minercraft” sera complètement différent de quelqu’un d’autre qui joue à “World of Warcraft,” dit-il. « Ce sont deux genres très différents. » Le premier constitue “une interaction sociale en ligne,” le second est plus “un mécanisme de survie cosmique.”
« Si nous arrivons à comprendre quels genres sur lesquels gravite chaque personne, cela nous informe quelle personne ils sont et pourquoi ils choisissent ça, » a dit Bean. Ensuite, les médecins peuvent recommander un nouveau jeu pour diriger le joueur vers un comportement plus sain. Pour les parents, Bean pense qu’il devrait se demander en premier lieu pourquoi leurs enfants s’intéressent à un jeu en particulier.
Finalement, Bean ne dit pas que l’addiction aux jeux vidéo n’existe pas, mais il pense que ce n’est pas vraiment une bonne idée de la classer en tant que maladie, « ça ouvre vraiment la porte à tout considérer en tant que maladie. » Trop regarder des matchs de foot, faire trop de recherche, pourraient être considérés comme des comportements addictifs si les professionnels de la santé mentale n’insistent pas à s’appuyer sur des études rigoureuses.
Source : CNN
Et vous ?
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Peut-on parler vraiment d'une maladie si une personne passe trop de temps à jouer ?
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Le , par Coriolan
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