YouTube travaille à restaurer les vidéos bloquées de plusieurs chaînes parmi lesquelles celle du MIT
Et de la fondation Blender
Le 2018-06-19 07:56:29, par Stéphane le calme, Chroniqueur Actualités
Plusieurs comptes YouTube populaires, y compris ceux appartenant au « MIT OpenCourseWare » (qui a plus de 1,3 million d’abonnés) et à la « Fondation Blender » (qui a plus de 190 000 abonnés), ont vu toutes leurs vidéos bloquées. Les personnes qui ont tenté d'accéder aux vidéos se sont heurtées à un message leur signalant qu’elles ne sont pas disponibles dans leur pays, comme l’a noté Ton Roosendaal, le président de la Fondation Blender, qui a écrit sur son compte Twitter : « La chaîne de la Fondation est entièrement bloquée dans le monde entier ». Pour rappel, Blender Foundation, une organisation à but non lucratif, propose des outils libres et open source pour créer des applications 3D interactives ainsi que des films.
Un message qui a suggéré à plusieurs observateurs que YouTube aurait déployé ses filtres anti piratage puisqu’il s’affiche généralement si un utilisateur a mis en ligne des médias sans disposer des droits nécessaires pour afficher le contenu en local.
Rappelons que, pour protéger les titulaires de droits d'auteur, YouTube utilise un système de reconnaissance de piratage avancé qui signale et désactive les vidéos utilisées sans autorisation. Ce système, appelé Content ID, fonctionne bien la plupart du temps, mais il est loin d'être parfait. Par exemple, il n'est pas bien équipé pour déterminer si la publication de contenu est protégée dans le cadre d'une « utilisation équitable » et, dans certains cas, il considère même le bruit blanc ou le chant des oiseaux comme du piratage.
« Vous avez peut-être remarqué que nous avons des problèmes avec nos vidéos ! Veuillez patienter. Les elfes travaillent sans relâche pour régler le problème », a expliqué le MIT sur son Twitter.
À ce propos, Ton Roosendaal a remarqué le problème samedi et a contacté YouTube. « C'est probablement une erreur de leur part », a-t-il estimé.
Les deux affaires, notamment celle du MIT et de la Fondation Blender, sont loin d’être des cas isolés. En effet, des dizaines de comptes (peut-être bien plus ?) ont été affectés par le même problème, notamment celui de Press Bureau of India, Jamendo Music, England Rugby ou encore la chaîne du club de foot Sparta Praha.
YouTube réagit
Un porte-parole de YouTube a déclaré : « Les vidéos sur un nombre limité de sites ont été bloquées lors de la mise à jour de nos accords de partenariat. Nous travaillons avec MITOpenCourseWare et la Fondation Blender pour mettre leurs vidéos en ligne ». À l’heure actuelle, les vidéos n’ont pas encore été remises en ligne.
Des incidents qui tombent à pic pour illustrer des problèmes potentiels ?
Il faut dire que le contexte est très intéressant : alors que le Conseil de l’UE s’est prononcé en adoptant fin mai un texte qui force les plateformes d’Internet à implémenter des machines de censure, le parlement européen s’apprête à son tour à passer au vote la dernière proposition dans le cadre de la réforme de l’UE sur le droit d’auteur. Il va décider plus spécifiquement si la nouvelle directive va inclure les articles controversés 11 et 13. Pour rappel, le premier article traite du droit de reproduction des publications de presse et de les rendre accessibles au public. Le second (relatif au filtrage automatique de contenu en ligne) préconise d’obliger les services d’hébergement d’œuvres à surveiller les téléversements (uploads) de leurs utilisateurs, en mettant par exemple en place des technologies de filtrage des contenus.
C’est cet article 13 de la réforme qui est le plus contesté, et pour cause, il préconise de laisser à des machines le soin de décider ce qui pourra être publié ou non en ligne. Ces filtres n’existent pas encore, mais l’exemple le plus proche que nous avons est le système Content ID utilisé par YouTube.
Les défenseurs des libertés numériques estiment que cette loi va poser peu d'obstacles aux plus grandes plateformes telles que YouTube, mais elle va créer une barrière coûteuse à l'entrée pour les petites plateformes et startups ; ces dernières pourront alors choisir de s'établir ou de déplacer leurs opérations à l'étranger afin d'éviter la loi européenne. Cela pourrait donc renforcer la position dominante des plus grandes plateformes en Europe.
De plus, le filtrage automatique des contenus mis en ligne veut dire que les contributions des utilisateurs seront soumises à la surveillance et potentiellement censurées si le système automatisé détecte ce qu'il pense être une violation du droit d'auteur. Pire encore, en raison du manque de fiabilité des systèmes automatisés, des erreurs vont inévitablement se produire et de nombreuses utilisations « inoffensives » d'œuvres protégées dont les mèmes Internet ou remix par exemple seront techniquement illégales.
Ironiquement, dans ce qui peut être considéré comme une coïncidence qui tombe à point nommé, le Front national s’est vu retiré sa propre chaîne sur YouTube “TVLibertés” à cause notamment du système Content ID pour atteinte aux droits d’auteur. Une décision contestée par la leader du FN Marine Le Pen estimant qu’elle a été « arbitraire, politique et unilatérale. » de ce fait, la droite crie à la censure et s'inquiète pour la liberté d'expression.
Source : Twitter (MIT, Blender), YouTube ( MIT OpenCourseware, Press Bureau of India, Jamendo Music, Blender Foundation)
Et vous ?
Pensez-vous que l’incident pourrait conduire la droite française, qui s’est montrée en faveur des filtres automatiques de téléchargement, à reconsidérer sa position ?
Voir aussi :
France : le fisc permet à Google de disposer des données de millions d'utilisateurs, suite à la diffusion d'une vidéo informative sur YouTube
Le compte YouTube de Vevo victime d'une cyberattaque qui a conduit à la suppression de la vidéo la plus regardée sur la plateforme
YouTube accusé de collecter illégalement des données sur les enfants à des fins publicitaires, par des groupes de protection des enfants
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Un développeur propose l'application FreeTube, une alternative open source et orientée vie privée à YouTube
Un message qui a suggéré à plusieurs observateurs que YouTube aurait déployé ses filtres anti piratage puisqu’il s’affiche généralement si un utilisateur a mis en ligne des médias sans disposer des droits nécessaires pour afficher le contenu en local.
Rappelons que, pour protéger les titulaires de droits d'auteur, YouTube utilise un système de reconnaissance de piratage avancé qui signale et désactive les vidéos utilisées sans autorisation. Ce système, appelé Content ID, fonctionne bien la plupart du temps, mais il est loin d'être parfait. Par exemple, il n'est pas bien équipé pour déterminer si la publication de contenu est protégée dans le cadre d'une « utilisation équitable » et, dans certains cas, il considère même le bruit blanc ou le chant des oiseaux comme du piratage.
« Vous avez peut-être remarqué que nous avons des problèmes avec nos vidéos ! Veuillez patienter. Les elfes travaillent sans relâche pour régler le problème », a expliqué le MIT sur son Twitter.
À ce propos, Ton Roosendaal a remarqué le problème samedi et a contacté YouTube. « C'est probablement une erreur de leur part », a-t-il estimé.
Les deux affaires, notamment celle du MIT et de la Fondation Blender, sont loin d’être des cas isolés. En effet, des dizaines de comptes (peut-être bien plus ?) ont été affectés par le même problème, notamment celui de Press Bureau of India, Jamendo Music, England Rugby ou encore la chaîne du club de foot Sparta Praha.
YouTube réagit
Un porte-parole de YouTube a déclaré : « Les vidéos sur un nombre limité de sites ont été bloquées lors de la mise à jour de nos accords de partenariat. Nous travaillons avec MITOpenCourseWare et la Fondation Blender pour mettre leurs vidéos en ligne ». À l’heure actuelle, les vidéos n’ont pas encore été remises en ligne.
Des incidents qui tombent à pic pour illustrer des problèmes potentiels ?
Il faut dire que le contexte est très intéressant : alors que le Conseil de l’UE s’est prononcé en adoptant fin mai un texte qui force les plateformes d’Internet à implémenter des machines de censure, le parlement européen s’apprête à son tour à passer au vote la dernière proposition dans le cadre de la réforme de l’UE sur le droit d’auteur. Il va décider plus spécifiquement si la nouvelle directive va inclure les articles controversés 11 et 13. Pour rappel, le premier article traite du droit de reproduction des publications de presse et de les rendre accessibles au public. Le second (relatif au filtrage automatique de contenu en ligne) préconise d’obliger les services d’hébergement d’œuvres à surveiller les téléversements (uploads) de leurs utilisateurs, en mettant par exemple en place des technologies de filtrage des contenus.
C’est cet article 13 de la réforme qui est le plus contesté, et pour cause, il préconise de laisser à des machines le soin de décider ce qui pourra être publié ou non en ligne. Ces filtres n’existent pas encore, mais l’exemple le plus proche que nous avons est le système Content ID utilisé par YouTube.
Les défenseurs des libertés numériques estiment que cette loi va poser peu d'obstacles aux plus grandes plateformes telles que YouTube, mais elle va créer une barrière coûteuse à l'entrée pour les petites plateformes et startups ; ces dernières pourront alors choisir de s'établir ou de déplacer leurs opérations à l'étranger afin d'éviter la loi européenne. Cela pourrait donc renforcer la position dominante des plus grandes plateformes en Europe.
De plus, le filtrage automatique des contenus mis en ligne veut dire que les contributions des utilisateurs seront soumises à la surveillance et potentiellement censurées si le système automatisé détecte ce qu'il pense être une violation du droit d'auteur. Pire encore, en raison du manque de fiabilité des systèmes automatisés, des erreurs vont inévitablement se produire et de nombreuses utilisations « inoffensives » d'œuvres protégées dont les mèmes Internet ou remix par exemple seront techniquement illégales.
Ironiquement, dans ce qui peut être considéré comme une coïncidence qui tombe à point nommé, le Front national s’est vu retiré sa propre chaîne sur YouTube “TVLibertés” à cause notamment du système Content ID pour atteinte aux droits d’auteur. Une décision contestée par la leader du FN Marine Le Pen estimant qu’elle a été « arbitraire, politique et unilatérale. » de ce fait, la droite crie à la censure et s'inquiète pour la liberté d'expression.
Source : Twitter (MIT, Blender), YouTube ( MIT OpenCourseware, Press Bureau of India, Jamendo Music, Blender Foundation)
Et vous ?
Voir aussi :
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tomlevRédacteur/ModérateurLe gouvernement a appelé mercredi à « une véritable négociation globale » entre Google et les agences et éditeurs de presse, jugeant « pas admissible » que le géant américain tente d’échapper aux dispositions de la nouvelle loi française sur les droits d’auteur en modifiant l’affichage des contenus d’actualité.le 26/09/2019 à 10:33
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defZeroMembre extrêmement actif[LOL]Dans leurs gueules, à tous ces journaux rentier et re-pompeur de contenu
[/LOL]
Non, plus sérieusement, loin de moi l'idée de défendre Google de façon générale, mais il faut avoué que sur ce coup là Google à raison.
On leurs demandes de payer pour utiliser de cours extraits et des miniatures.
Google dit ok donc on va arrêter d'utiliser de cours extraits et des miniatures et la dessus le ministre Français et les "ayant droit" viennent ce plaindre qu'il ne vont pas recevoir de rentes.
Je sais pas ce qu'ils fument ces gens mais à mon avis c'est pas légale. le 25/09/2019 à 22:28 -
bk417Membre actifIls sont gonflés d'inverser les choses.
Ils admettent que Google leur apporte de l'audience mais veulent en plus qu'il les paye, énorme !
Comme si les kiosques devaient payer pour pouvoir vendre des journaux.
Comme si Allociné devait payer pour pouvoir lister les films au cinéma.
Comme si le guide Michelin devait payer les restaurants dont il fait la promotion.
Comme si Autoplus devait payer les constructeurs automobile pour pouvoir parler de leurs voitures.le 25/10/2019 à 14:07 -
GrogroMembre extrêmement actifTu as vu passer ne serait-ce qu'un seul article dans la presse généraliste toi ? Seule la presse spécialisée à couvert les débats. Omerta la plus complète partout ailleurs.
Alors que cette même presse avait plutôt bien couvert les débats autour de la neutralité d'internet, et particulièrement les péripéties récentes aux USA. Ce silence s'explique clairement par l'article 11. Je pense que l'article 13 aurait été très largement médiatisé autrement.
Quant aux impacts... je pense que le plus évident est que les agrégateurs de news vont fermer partout dans l'UE. Et la même presstituée (désolé pour la formulation outrancière et excessive, mais il n'est plus permis de faire dans la mesure) viendra pleurer ensuite auprès de Maman État parce que leur audience s'effondrera. Et réclamera sans doute de bloquer les sites de news qui n'auront pas eu le sceau du CSA ?
Je pense également que l'UE(RSS) va devenir un repoussoir pour l'industrie de l'informatique. Que les hébergeurs vont massivement quitter le territoire vers des cieux un peu moins anti-business.le 21/06/2018 à 11:02 -
AndMaxMembre éprouvéEncore une fois, c'est un droit de courte citation. Tu as trouvé ce lien grâce à un moteur de recherche que tu as choisi d'utiliser et toi, tu as cliqué dessus. Sans le travail d'indexation de milliards de pages web que font les moteurs de recherche, comment ferais-tu pour trouver le site ?
Bing fait la même chose avec ses réponses: 3 lignes de texte au dessus de chaque lien. Qwant aussi, et même là en 2 lignes, si la recherche/requête était bien formulée, pas besoin de cliquer sur le lien pour voir une réponse "simple". Le site reste par contre indispensable si tu veux des détails... de quand date l'étude sur le café, qui a fait l'étude, comment c'est mesuré, etc...
On peut effectivement pousser les moteurs de recherche à revenir aux réponses des années 90: juste le titre, un début de ligne et le lien (genre le AltaVista de l'époque), mais dans ce cas combien de temps perdras-tu à trouver des informations, et réduire le droit de citation à un droit de citation méga court, est-ce que ça résoudra le problème de ceux qui veulent ces droit d'auteurs ?
Ou veux-tu que le moteur paie tous les sites indexés ? Ce sera juste une énorme usine à gaz.
Et pour finir, en quoi le texte débile voté cette semaine résoudra-t-il ces questions ?le 14/09/2018 à 19:14 -
mm_71Membre chevronnéLa politique des dirigeants consiste justement à créer des multitudes de problèmes en tous genres pour détourner l'attention et faire en sorte que l'on n'arrive même plus à décider sur quoi ou qui il faut taper.
Ça leur permet de multiplier les atteintes aux libertés individuelles et publiques en toute sérénité car même si il y-a une multitude de protestataires ils se retrouvent divisés en catégories pas vraiment représentatives dans un domaine spécifique.le 22/06/2018 à 10:29 -
CharvalosMembre éprouvéIl n'y que moi que cela fait rire de les voir se plaindre du lobbying ? C'est un peu l'histoire de l'arroseur arrosé.le 05/07/2018 à 22:32
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Cpt AndersonMembre émériteLes parlementaires français ont voté à 88% pour le oui. Quelle bande de pourris...La suède 0%.le 06/07/2018 à 9:16
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GarveliennMembre éprouvéEt avec la Roumanie et le Bulgarie qui nous suivent de près... Vous la sentez la corruption en France, vous ? Car ça sent vraiment fort.
Pardon à tous les européens pour notre pays géré par des cancres.
/** c'était le coup de gueule de Garvelienn**/
edit: remplacez "corruption" par "lobbying" , ça sera politiquement correct.le 06/07/2018 à 9:30 -
Marco46Expert éminent séniorC'est pas comme ça que les médias analysent ça. Eux ils voient que la plupart du temps les gens ne cliquent pas sur les liens dans Google Actualité, ils ne font que lire le petit encart et ils ne vont cliquer que sur un petit nombre de liens. Du coup ils se disent que Google a généré de l'argent sur la base des liens non cliqués et de la lecture de l'extrait associé, donc Google a fait du pognon sur leur dos.
C'est le même genre de logique que celle qui pousse les majors du disques à affirmer que leurs pertes correspondent au prix unitaire de leurs produits multiplié par le nombre de téléchargements. Peu importe si dans les faits une grande partie des téléchargements n'auraient jamais pu correspondre à un achat.
On est sorti d'un débat rationnel depuis longtemps sur ces questions, en fait on n'y est même jamais entré. Les acteurs concernés ne comprennent rien au numérique et ils n'ont pas envie d'y comprendre quelque chose. Ils voient seulement qu'ils sont entrain de crever du coup ça remue dans tous les sens selon l'adage : "Le poisson qui meurt sur la berge remue plus que le poisson dans l'eau".
Et là le poisson ne bougera plus !
Il y a eu des expérimentations en Espagne je crois (loi espagnole du même ordre) et ça s'est terminé de cette manière, Google a carrément désactivé le module Google Actualité pour les IP espagnoles.le 13/09/2018 à 10:20