Le piratage des contenus en ligne serait-il vraiment nuisible aux éditeurs des ces œuvres ?
MUSO révèle que les pirates sont les plus gros acheteurs d’œuvres légales
Depuis des années, plusieurs études sont effectuées afin de mesurer l’impact du piratage numérique sur les revenus récoltés par les auteurs des œuvres en ligne protégées par les droits d’auteur. En général, les pirates d’œuvres intellectuelles sont stigmatisés, car la croyance répandue veut que les personnes qui s’adonnent à des pratiques comme le téléchargement illégal de logiciels, musiques, films et autres à travers les torrents, les téléchargements directs illégaux et le streaming illégal contribuent à priver les producteurs de contenus numériques d’une partie de leurs revenus nécessaires à leur survie.
Mais en 2011, une étude réalisée par une entreprise allemande et qui aurait été mandatée par HADOPI, la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet, (mais dont les conclusions du rapport auraient été rendues non publiques) suggère que les internautes déclarant un usage illicite ont une dépense légèrement supérieure à la moyenne (+1 à + 2 selon la tranche). Et contrairement à cette première catégorie, les internautes déclarant ne pas s’adonner au piratage ont une dépense légèrement inférieure (-3 à -1 point selon la tranche). Pour plus de détails, vous pouvez vous référer au tableau ci-dessous.
Bien que ce précédent rapport date d’un peu longtemps, une nouvelle étude menée par MUSO, l’entreprise anglaise d’étude de marché et de fourniture de solutions technologiques contre le piratage, vient à nouveau renforcer ces premières assertions. Selon le rapport de l’étude menée auprès de 1000 résidents au Royaume-Uni, 60 % des personnes interrogées auraient admis qu’ils ont illégalement consommé en streaming ou téléchargé de la musique, des films ou des émissions TV à un moment donné. Et 83 % des personnes interrogées essaient de trouver le contenu qu’ils recherchent grâce à ces services illégaux avant d’essayer quoi que ce soit d’autre.
Si cela n’est pas une surprise, il faut noter par ailleurs que l’étude révèle que 80 % des participants à l’enquête qui n’utilisent pas de services de piratage sont abonnés à un service de streaming comme Netflix. Et avec les personnes utilisant les outils de piratage, le taux d’utilisation des services légaux de streaming passe à 91 %. Les plus gros clients de ces services de streaming seraient donc des utilisateurs faisant recours de temps à autre aux services de piratage.
L’enquête révèle également que la principale raison pour laquelle les utilisateurs s’adonnent au piratage est que 34,9 % du contenu qu’ils recherchent n’est pas disponible légalement, 34,7 % de ce contenu est trop lourd ou difficile d’accès ou encore n’est pas abordable (35,2 %). Au vu de ces conclusions, pour Paul Briley de MUSO, « ;l’industrie du divertissement a tendance à envisager le public du piratage comme un élément criminel, et le considère comme de l’argent perdu — mais ils ont tort de le faire ;». « ;La réalité est que la majorité des gens qui ont essayé de trouver et tenté d’accéder à ce contenu sans licence sont, d’abord et avant tout, les fans — les fans qui ont le plus souvent tenté d’obtenir du contenu légalement s’ils le peuvent ;», ajoute-t-il.
À en juger par ces affirmations et ce rapport, l’idée qui voudrait que les personnes utilisant des services de pirates pour se procurer des films, émissions ou musiques contribuent à faire baisser les revenus de l’industrie du divertissement serait donc fausse. Les utilisateurs se tourneraient vers des services illégaux pour répondre à des besoins qui ne seraient pas satisfaits par des canaux légaux et non parce qu’ils désirent ne pas mettre la main à la poche.
Enfin, si l’on se réfère également aux conclusions de ce rapport, le piratage en ligne ne ferait aucun tort aux finances des auteurs des œuvres protégées par des droits d’auteur. Recording Industry Association of America (RIAA), l’association interprofessionnelle qui défend les intérêts de l’industrie du disque aux États-Unis, reconnaît implicitement cela dans un rapport publié en mars et qui souligne que les revenus de l’industrie de la musique sont en pleine croissance (boostés par les plateformes de streaming) année après année en dépit du téléchargement illégal qui serait en hausse dans le monde.
Dans ce sens, devrait-on laisser faire et ne pas combattre le téléchargement illégal ? La fin du piratage des contenus en ligne ne pourrait-elle pas faire croitre les revenus des producteurs de ces contenus numériques ;?
Source : Motherboard Vice, Torrent Freak, American Assembly, RIAA
Et vous ?
Que pensez-vous des conclusions de ce rapport ;?
Pensez-vous que le piratage des œuvres intellectuelles ne cause pas de tort financier aux auteurs de ces œuvres ;?
Ou plutôt soutenez-vous que le piratage fait beaucoup de mal aux auteurs des œuvres numériques ?
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Le , par Olivier Famien
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