Une nouvelle étude publiée par HADOPI (Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet) montre que les mesures actuelles mises en place pour lutter contre le téléchargement illégal se sont avérées inefficaces.
Fin 2016, le site pirate le plus populaire en France, zone-telechargement.com, a été fermé. Peu de temps après de nombreux sites ont fait leur apparition sur Internet pour prendre la relève. Il s'agissait de copies plus ou moins fidèles, au moins en apparence. Mais côté contenu, ils ne faisaient pas le poids pour donner la même satisfaction aux adeptes de ce genre de sites. La durée de vie de la plupart de ces sites a donc été courte, mais l'un d'entre eux a réussi à tirer son épingle du jeu : zone-telechargement.ws. Le « nouveau Zone Téléchargement » rencontre un certain succès. Il est devenu l'un des sites les plus fréquentés de la France et approche l'audience de son modèle zone-telechargement.com.
Dans son rôle légal d’observation des utilisations illicites des œuvres sur Internet, HADOPI a souhaité étudier les différentes étapes de la réapparition du site Zone Telechargement, en examinant entre autres en particulier comment et à quelle vitesse sa réplique s’est développée, quels sont les contenus disponibles sur ce site et comment.
Comment et à quelle vitesse la réplique de zone-telechargement.com s’est développée
L'autorité de lutte contre le piratage note avant tout que ce nouveau site ne s’apparente pas au phénomène de site miroir, c'est-à-dire une copie de zone-telechargement.com qui a simplement été réactivée à une autre adresse. Il s'agit plutôt d’un site recréé à partir de rien. Il a seulement été mis en œuvre dans des délais suffisamment brefs pour bénéficier de la notoriété du site modèle et attirer rapidement une audience importante.
Le nom de domaine en .ws a été enregistré dès 2014, comme par hasard la même année où les autorités françaises ont commencé leur enquête sur le site original, et plus de deux ans avant la fermeture de zone-telechargement.com. Hadopi indique également que le site « clone » n’avait servi que de manière très occasionnelle, apparemment pour tester une mise en page proche de celle de zone-telechargement.com. Par ailleurs, le nouveau site se focalise sur les films et séries télévisées tandis que des catégories auparavant clés, telles que la musique, ont été abandonnées. Bref ! Il ne s’agit donc pas de liens recyclés provenant de l’ancien site, d'après HADOPI.
Il semble donc qu'il s'agit d'un concurrent dans ce milieu ultraconcurrentiel des sites de téléchargement illégal, qui ait simplement préparé par anticipation une copie de zone-telechargement.com, afin de récupérer son trafic s'il venait à être fermé par les autorités. Le nom de domaine en .ws était donc prêt à accueillir une copie du site original avant qu'il ne soit fermé.
Dans son rapport publié lundi, Hadopi explique aussi le bon fonctionnement du nouveau site par la très forte activité de sa communauté d'uploadeurs. Cette communauté repose sur une poignée d'individus qui ont été responsables de la mise en ligne de la quasi-totalité des épisodes de séries ou des films. Il faut en effet noter que seulement 14 comptes ont mis en ligne près de 90 % des contenus disponibles et cinq d’entre eux, la moitié de tous les contenus du site. On ne sait toutefois pas s'il s'agit bien de 14 personnes différentes ou si certaines disposent de plusieurs profils.
Le rapport précise encore que de décembre à février, 1230 fichiers étaient ajoutés en moyenne chaque semaine, vraisemblablement afin de constituer rapidement un catalogue important. Et à partir de mars, les ajouts concernaient essentiellement de nouvelles sorties et se faisaient donc à un rythme sensiblement plus faible.
D’après Hadopi, tous ces éléments laissent penser que, « loin d’être un site communautaire d’échange et de partage, zone-telechargement.ws est un site à finalité lucrative, alimenté par un nombre très restreint, mais très actif de comptes contributeurs. Ainsi, l’activité de certains comptes contributeurs laisse supposer un travail à temps plein au regard des volumes en cause, compte tenu du temps nécessaire à l’envoi des fichiers contrefaisants aux plateformes d’hébergement, au référencement des liens vers ces fichiers, puis à la création des fiches pour chaque œuvre sur Zone Telechargement. » À titre d’exemple, Hadopi explique que le compte contributeur le plus actif a publié 3000 œuvres (films), à un rythme pouvant atteindre 250 œuvres par semaine.
Un aveu de l’inefficacité des mesures actuelles
Cette étude est avant tout un aveu d'échec de la politique actuelle en matière de lutte contre le téléchargement illégal. Elle montre en effet que des sites clones peuvent prendre rapidement la relève aussitôt que les sites modèles sont fermés et même quand leurs administrateurs sont arrêtés. La fermeture d'un site de téléchargement illégal est une opportunité que ne manquent pas de saisir d'autres groupes d'individus pour récupérer son trafic. Et comme dans le cas de zone-telechargement.ws, ils peuvent rapidement se développer et atteindre un trafic important. Ainsi, le jeu du chat et de la souris est-il vraiment utile ?
Pour HADOPI, oui. L'institution explique que les actions contre ces sites restent déterminantes, parce qu'après tout, les sites clones ne retrouvent jamais le niveau d’audience de leurs prédécesseurs. Ensuite, parce que cela complique la tâche aux amateurs de séries et de films piratés.
Source : HADOPI
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Le , par Michael Guilloux
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