Le lundi 14 mai, la France a dévoilé sa feuille de route dans le cadre de sa stratégie de développement de voitures autonomes, ce qui s'inscrit dans la vision qu'Emmanuel Macron a communiquée il y a quelques mois.
En août dernier, le Président français a en effet déclaré que les voitures autonomes - avec l'intelligence artificielle - font partie de ses priorités dans le domaine du numérique. Macron a d'ailleurs exprimé son souhait de voir la France s’imposer dans ces domaines.
C'est en faisant l'écho du Président français que le Premier ministre Édouard Philippe a également décidé de faire des véhicules autonomes l'une de ses priorités. Il a pour cela confié à Anne-Marie Idrac, ancienne secrétaire d'État aux transports, le poste de haute responsable pour la stratégie nationale de développement des véhicules autonomes. C'est dans le cadre de cette fonction qu'Anne-Marie Idrac a publié hier son rapport sur le développement des voitures autonomes.
Depuis fin 2014, une cinquantaine d'autorisations d’immatriculation pour des expérimentations de véhicules autonomes ont été délivrées en France. Des entreprises comme PSA, Renault et Valeo ont ainsi obtenu des dérogations pour tester leurs véhicules autonomes sur les routes françaises. Ainsi, après une période d'expérimentation, la France envisage de passer la vitesse supérieure et compte autoriser les voitures autonomes dès 2020. C'est ce qui ressort du rapport d'Anne-Marie Idrac qui a été présenté conjointement avec la ministre chargée des Transports Élisabeth Borne, le secrétaire d’État chargé du numérique Mounir Mahjoubi et le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire.
Il est en effet prévu d'autoriser la mise en circulation des véhicules autonomes de niveau 3 (sur une échelle de 5) dès 2020 et ceux de niveau 4 dès 2022. Au niveau 3, le conducteur peut déléguer la conduite, mais doit être capable de reprendre le contrôle à tout moment et au niveau 4, le véhicule peut être totalement autonome, mais seulement sur certaines routes. Au niveau 5, qui correspondant aux ambitions commerciales des constructeurs comme PSA ou Renault, le véhicule peut être totalement autonome sur n'importe quelle route.
Mais avant cela, la France doit adapter son cadre règlementaire actuel. En effet, si de nombreux tests de véhicules autonomes sont déjà menés sur les routes françaises, ils nécessitent cependant des autorisations, sont limités à certaines routes, et la législation impose pour l'instant la présence d'un opérateur à bord.
Bruno Le Maire a donc souhaité l'adoption de la Loi Pacte « avant la fin de l'année 2018 pour que toutes les dispositions soient opérationnelles dès 2019 ». La Loi Pacte (Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises) « prévoira que les expérimentations sur routes ouvertes soient possibles sur tout le territoire français jusqu'au niveau 5 d'autonomie, c'est à dire en l'absence de tout conducteur », a-t-il déclaré, dans un discours à l'occasion de la présentation de la stratégie du gouvernement sur les véhicules autonomes.
Cette loi devrait être présentée « dans le courant du mois de juin en conseil des ministres », puis « étudiée à partir du mois de juillet à l’Assemblée nationale », explique Bruno Le Maire. Il indique également que la Loi Pacte « va préciser le régime de responsabilité pénale et civile applicable aux expérimentations » et que « ce sont les titulaires des autorisations qui seront responsables en cas d’infraction au Code de la route ou d’accident, lorsque le véhicule circule en mode autonome ».
Le ministre de l’Économie a également évoqué « les questions morales soulevées par les véhicules autonomes » et a annoncé une « nouvelle régulation [qui] va s’imposer pour garantir à chacun le meilleur niveau de sécurité […] et garantir la protection des données personnelles ».
Cela dit, 2020 c'est un futur très proche. Vu l'accident mortel qui s'est produit avec Uber récemment, on peut donc se demander si d'ici là les technologies de voitures autonomes seront suffisamment solides pour être déployées largement. Ce qui peut faire encore douter ce sont les mots qui reviennent dans les déclarations du gouvernement ; lesquels laissent penser que la France est plutôt portée par le désir d'être vue dans le monde comme un leader dans le domaine. C'est ce qu'on ressent d'ailleurs dans les propos de Bruno Le Maire : « Il y a une course mondiale sur le nombre de kilomètres parcourus par les véhicules autonomes. La France et ses acteurs industriels ne doivent pas se laisser distancer », a-t-il déclaré, lui qui veut faire de la France « le pays le plus attractif en Europe pour développer ces transformations technologiques ». Ainsi, s'agit-il d'une simple course à la technologie ou d'une solution pour répondre à un véritable besoin ? La France va-t-elle essayer de respecter un calendrier préétabli plutôt que de s'assurer que ces technologies soient déployées largement en toute sécurité ?
Sources : Le Parisien, Les Échos, Europe 1, Stratégie nationale pour le développement des voitures autonomes
Et vous ?
Que pensez-vous de la feuille de route dévoilée par le gouvernement ?
Croyez-vous que de garanties solides seront mises en place d'ici les dates fixées ?
Êtes-vous optimistes ou pessimistes quant à l'avènement des voitures autonomes de niveau 3 et 4 en France ?
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La France envisage d'autoriser les voitures autonomes dès 2020
La technologie sera-t-elle suffisamment éprouvée pour franchir ce cap dans deux ans ?
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Le , par Michael Guilloux
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