Certains caractères comme la lettre « ç » (c cédille), par exemple, n'ont pas d'équivalents en majuscule. Le clavier Azerty ne permet pas non plus d'écrire des mots formés de deux ligatures comme « æ » et « œ », sans parler des équivalents en majuscule « Æ » et « Œ ». Le ministère a donc confié à l'association française de normalisation (AFNOR) la tâche de se pencher sur l’élaboration d’une nouvelle norme pour les claviers français.
Dans le cadre de cette mission, en juin 2017, l'AFNOR a lancé une consultation publique pour le choix du clavier français normalisé, et a retenu deux propositions. L'une est très proche de la disposition Azerty traditionnelle, mais permet aux utilisateurs d'accentuer des capitales et d'atteindre plus facilement certains symboles. Et l'autre s’appuie sur la disposition ergonomique BÉPO qui permet de limiter les mouvements des doigts et qui intègre des caractères manquants sur le clavier Azerty.
Clavier BÉPO amélioré (en haut) et clavier Azerty amélioré (en bas)
La consultation publique sur le clavier français n'a duré qu'un mois, mais il faudra encore attendre le 15 septembre prochain pour que la norme - numérotée NF Z71-300 - soit publiée. Il faut également préciser qu'il s'agira d'une norme volontaire.
Entre temps, dans un contexte d'intégration européenne, la députée LREM Anne Brugnera estime que la France ne devrait pas y aller seule. Dans une question posée à Mounir Mahjoubi en mars dernier, elle a donc décidé d'attirer l'attention du secrétaire d'État chargé du numérique sur la mise en place d'un système uniformisé de clavier informatique à l'échelle européenne. « En effet, aujourd'hui, différents types de claviers existent répartissant les lettres de l'alphabet selon diverses dispositions (azerty, qwerty, etc.) rendant ainsi complexe le passage d'un équipement à l'autre à l'échelle européenne », a-t-elle expliqué.
Elle n'ignore pas le travail de normalisation en cours visant à aboutir à une norme française de clavier, mais estime « [qu'à] l'heure d'une intégration européenne plus poussée avec une monnaie commune, des télécommunications facilitées, il apparaît pertinent d'offrir aux Européens un matériel identique ». Selon elle, cela faciliterait un peu plus une économie partagée « avec un nombre important de concitoyens se rendant chez leurs voisins européens pour étudier ou travailler. »
Dans sa réponse publiée le 8 mai, Mounir Mahjoubi reste toutefois sceptique en ce qui concerne sa proposition. « Le développement, par une initiative de normalisation volontaire, d'un système uniformisé de clavier informatique à l'échelle européenne pourrait théoriquement constituer une solution permettant d'améliorer l'interopérabilité des outils informatiques ». Mais « la mise en œuvre de cette idée nécessiterait cependant des études poussées », dit-il en évoquant certains problèmes qui pourraient faire obstacle à la mise en œuvre d'un tel projet.
Il estime d'abord que la solution proposée pourrait être rejetée par une partie significative des citoyens des pays de l'Union européenne habitués à des claviers différents, sans parler des coûts que cela pourrait engendrer : « Une évaluation des coûts engendrés par la substitution des nouveaux claviers aux claviers actuels devrait également être menée, de tels coûts pouvant rapidement devenir excessifs. La voie de la normalisation volontaire repose sur l'investissement des acteurs économiques », a ajouté le secrétaire d'État chargé du numérique. Et selon lui, le principal problème est la manifestation d'intérêt de la part des acteurs économiques nationaux. C'est en effet uniquement à cette condition de manifestation d'intérêt de la part des acteurs économiques nationaux que l'AFNOR pourrait porter la voix des acteurs français dans les organisations non gouvernementales de normalisation européennes et internationales, dit-il. Mais en supposant que la mise en œuvre soit possible, un système uniformisé de clavier à l'échelle de l'UE serait-il compatible avec un clavier français ?
Sources : Site de l'Assemblée nationale, AFNOR (norme NF Z71-300 sur le clavier français)
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Une norme de clavier à l'échelle européenne serait-elle compatible avec un clavier français optimal ?
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