
Il suffira d’une demande du gouvernement US
La position du gouvernement étasunien (partagée par les autres membres de l’alliance Five Eyes) vis-à-vis du chiffrement est connue. Christopher Wray, qui succède à James Comey à la tête du FBI, l’a réaffirmée lors d’une récente sortie devant l’Association internationale des responsables des forces de l’ordre : il est nécessaire qu’un chiffrement « responsable » soit implémenté sur les dispositifs électroniques personnels. Le gouvernement des États-Unis a eu maille à partir avec les géants de la Tech quant à ce qui concerne cette rhétorique.
L’opposition qui continue de faire couler de l’encre à date est celle liée à l’affaire San Bernardinho de l’an dernier. Apple a refusé de se plier à une injonction du tribunal lui imposant d’aider le FBI à déchiffrer l’iPhone d’un des terroristes. D’après ce que rapporte Forbes à ce sujet, Amazon, Google et Microsoft ont ensuite manifesté leur soutien au géant de la marque à la pomme. En réalité, ce sont 14 entreprises qui se sont montrées solidaires de la cause d’Apple si l’on se réfère au texte du soutien juridique collectif annoncé sur cette plateforme. Esseulé, le gouvernement des États-Unis a quand même pu s’appuyer sur l’expertise du FBI pour casser le chiffrement de l’appareil. Avec une récente intervention du CEO de BlackBerry, le gouvernement des États-Unis peut désormais compter sur un membre de la Tech.
« BlackBerry va se plier aux injonctions de justice lui demandant de casser le chiffrement et procéder aux écoutes téléphoniques sur des cibles spécifiées », rapporte Forbes des propos de John Chen – CEO de l’entreprise – lors du BlackBerry Security Summit qui s’est tenu il y a une semaine. Voilà qui positionne BlackBerry comme le bras armé de l’implémentation de ce « chiffrement responsable » surtout que, comme le souligne Forbes, l’entreprise a déjà rendu des services similaires au gouvernement canadien. D’après une investigation de Vice rapportée par Forbes, le gouvernement canadien a obtenu les clés de chiffrement de la plateforme BBM de BlackBerry pour mener à bien le démantèlement d’une organisation criminelle dans une affaire qui remonte à 2010.
Le gouvernement des États-Unis bénéficie donc de la main tendue de BlackBerry mais il faudra, comme le souligne John Chen, arriver à vaincre les obstacles techniques sur le chemin. « Le chiffrement en est à un niveau de sophistication qu’il est difficile, même pour nous de le casser, de casser notre propre chiffrement, […], nous ne ferons des tentatives que dans le cas où nous recevons une décision de justice », a déclaré le CEO. De plus, la version d’Android qui équipe les BlackBerry est, d’après lui, meilleure qu’iOS lorsqu’il s’agit de protéger les données des utilisateurs. Consciemment ou pas, le CEO de BlackBerry joue à un double jeu : il tend le bras au gouvernement US en émettant des réserves qui sont de nature à exposer ses concurrents. Il y a là en effet de quoi penser que, contrairement à Apple et Cie, son entreprise serait la seule à œuvrer pour le chiffrement responsable.
Il y a même plus. Le CEO de BlackBerry se veut clair quant à ce que pour le moment les utilisateurs de sa marque ne seront pas informés sur ses possibles ouvertures aux autorités dans le cadre d’enquêtes. La marque BlackBerry déjà bien larguée en termes de parts de marché ne vient-elle pas là de recevoir une estocade fatale de la part de son propre CEO ?
Source : Forbes
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