Le débat qui entoure le chiffrement des dispositifs électroniques personnels (smartphones, tablettes et autres) voit généralement s’affronter deux courants de pensée radicalement opposés. D’un côté, il y a les agences de renseignement (et par extension l’État) qui estiment que cette technologie, ou du moins la manière dont elle est implémentée au sein des appareils électroniques par les entreprises qui en font la promotion, les empêche de mener à bien leur mission. D’un autre côté, il y a ceux qui soutiennent le principe sacrosaint du respect de la vie privée et considèrent le chiffrement comme une solution indispensable pour garantir la protection des données personnelles sur les dispositifs informatiques les plus récents.
L’attaque meurtrière de San Bernardino survenue aux États-Unis l’an dernier est probablement l’un des exemples les plus frappants qui permettent d’illustrer ce contraste. Pour rappel, lors de cette affaire, un bras de fer avait opposé le bureau fédéral d’investigation des USA (FBI) à la société technologique Apple. La firme de Cupertino avait alors refusé d’aider les enquêteurs du FBI à déchiffrer l’iPhone d’un des meurtriers présumés pour les besoins de l’investigation. Le FBI avait, néanmoins réussi à accéder au contenu protégé du smartphone en faisant appel à l’expertise d’une entreprise tierce. Mais l’agence s’est bien gardée de divulguer les détails sur la méthode de piratage employée pour parvenir à ses fins.
L’ancien directeur du FBI, James Comey, avait profité de cette occasion pour fustiger le chiffrement et le comportement des entreprises qui exploitent cette technologie sans tenir compte des impératifs de sécurité à l’échelle nationale qui pourraient mettre en péril la sécurité des citoyens. Il avait mis en avant la nécessité d’obliger les constructeurs à introduire des portes dérobées dans leurs dispositifs afin d’éviter qu’à l’avenir, le chiffrement fort ne puisse poser des problèmes aux agences d’investigation dans le cadre de leur travail. Malheureusement, instaurer de backdoors pour le compte d’agences de renseignement comme le suggère les gouvernements australiens et britanniques pourrait très sérieusement remettre en question la sécurité globale du chiffrement.
Récemment, c’est le nouveau directeur du FBI, Christopher Wray, qui revient à la charge en relançant le débat sur le chiffrement et les difficultés auxquelles les enquêteurs de son agence doivent faire face dans l’exercice de leurs fonctions à cause de cette technologie. Wray a profité de son intervention devant l’Association internationale des responsables des forces de l’ordre pour illustrer son point de vue.
Il a révélé qu’au cours des onze derniers mois de cette année fiscale, les enquêteurs du FBI n’ont pas pu accéder aux données de plus de 6900 appareils dont le contenu devait être examiné pour les besoins d’investigation parce qu’ils étaient chiffrés. Ce nombre (6900) représenterait plus de la moitié des appareils ciblés par les enquêteurs de l’agence sur les onze derniers mois. Le directeur du FBI, estime de ce fait que le chiffrement des smartphones représente un « ;énorme problème ;» pour les investigations menées par son agence.
Selon lui : « ;c’est un euphémisme, mais c’est un énorme, énorme problème. [Le chiffrement] se ressent sur tout type d’enquête — drogue, trafic d’êtres humains, antiterrorisme, groupes criminels, crime organisé, abus sur les enfants... ;» Il a ajouté que : « ;6900 (Smartphones) en l’espace de onze mois, c’est terrible ;! Ça va empirer dans quelques années si nous ne trouvons pas une solution. ;»
Wray reste néanmoins conscient que la protection de la vie privée de chaque citoyen américain représente une nécessité dont il faut tenir compte : « ;Je le sais, il y a un équilibre à trouver entre le chiffrement et l’importance de nous offrir les outils nécessaires pour assurer la sécurité [de nos citoyens]. ;»
Source : BBC
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D'après le FBI, le chiffrement des smartphones est un énorme problème,
Car il empêche l'agence d'accéder à leurs contenus pendant les enquêtes
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Le , par Christian Olivier
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