Dans le domaine des affaires, ce n’est un secret pour personne que de nombreuses et grandes entreprises technologiques effectuent de gros chiffres d’affaires (CA) avec des profits toujours en pleine croissance. À titre d’exemple, en 2012, Facebook avait un chiffre d’affaires de 5,08 milliards de dollars pour un bénéfice net de 500 millions de dollars. En 2013, on est passé à 7,87 milliards de dollars pour 1,5 milliard de dollars de profit. L’année suivante, c’est-à-dire en 2014, ce chiffre d’affaires a encore évolué pour atteindre les 12,47 milliards de dollars avec 2,94 milliards de profits dégagés. En 2015, le chiffre d’affaires du réseau social a affiché une tendance à la hausse et est passé à 17,93 milliards de dollars pour 3,69 milliards de dollars de bénéfice. Et l’an dernier, le réseau social a déclaré un chiffre d’affaires de 27,64 milliards de dollars et réalisé un bénéfice net de 10,22 milliards de dollars.
Mais il n’y a pas que Facebook qui pourrait être cité à titre d’exemple. Selon les données collectées par Statista, en 2012, Apple affichait un chiffre d’affaires de 156,5 milliards de dollars contre 50,18 milliards pour Google. En 2013, les chiffres d’affaires d’Apple et Google ont atteint respectivement 170,9 et 55,51 milliards de dollars. En 2014, la croissance a encore continué et l’on est passé à 182,8 milliards de dollars au niveau d’Apple et 65,67 milliards de dollars pour Google. En 2015, Apple a eu un chiffre d’affaires de 233,72 milliards de dollars et Google 74,54 milliards. Enfin l’an dernier, l’on a eu une régression au niveau du chiffre d’affaires d’Apple avec 215,64 milliards comme chiffre d’affaires atteint contre 89,46 milliards de dollars chez Google.
Bien que ces chiffres soient assez impressionnants, lorsqu’il s’agit de payer les impôts, les montants payés sont inversement aussi impressionnants. En effet, au niveau de l’Union européenne (UE) de nombreuses grandes entreprises IT utilisent la législation en vigueur afin de rattacher leurs activités commerciales à leur entreprise située dans un pays où le taux d’imposition est assez faible ce qui leur permet de payer moins d’impôts. À ce jour, la France est moins avantagée avec un impôt sur les sociétés fixé à 30 %. L’Allemagne s’en sort avec 30 % et le Royaume-Uni 20 %. L’Irlande qui attire nombre de pays a un taux d’imposition de 12,5 %. C’est donc sans surprise que beaucoup d’entreprises comme Google ou Facebook n’hésitent pas aller s’y installer.
À côté de ces grandes entreprises qui usent d’optimisations fiscales pour payer moins d’impôts, nous avons les particuliers qui payent des impôts relativement élevés au sein de l’Union européenne et en fonction de leurs actifs amassés.
Pour faire donc bouger les choses au niveau des entreprises, le fisc français avait réclamé à Google l’an dernier plus d’un milliard de dollars comme montant d’imposition dû et avait même mené une perquisition dans les locaux parisiens de Google en vue d’obtenir des preuves des présumées malversations fiscales. Mais après moult rebondissements, le tribunal administratif de Paris a conclu au mois de juillet dernier que le géant américain qui dispose d’un « ;établissement stable ;» en Irlande et non pas en France ne remplissait pas les conditions pour être imposé en France et donc ne ferait pas l’objet de redressement fiscal de 1,115 milliard d’euros requis par le fisc français.
À la suite de ce verdict, les réactions n’ont pas manqué de dénoncer la législation en vigueur, mais aussi les faibles impôts payés par certaines entreprises comme Google, Amazon, Facebook ou encore Apple pour ne citer que celles-là. Et depuis lors, la France fait pression sur les règles de l’UE afin de faire payer plus d’impôts à ces entreprises.
Dans un effort de faire changer les choses afin que les grandes entreprises technologiques comme celles regroupées sous l'acronyme GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon, désignant les géants d'internet) puissent payer des impôts à la hauteur des montants engrangés, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne se sont jointes à la France pour adresser une lettre commune à la présidence estonienne du Conseil de l’Union européenne en exprimant leur souhait de voir ces grandes entreprises technologiques être imposées sur la base de leurs revenus et non plus en fonction des bénéfices réalisés uniquement. Une copie de la lettre signée par les ministres des Finances des différents pays a été envoyée à la Commission exécutive de l’Union.
Dans cette lettre, les représentants des différents pays ont exhorté la Commission à créer un système de péréquation des impôts sur le chiffre d’affaires ce qui entraînerait une taxation des entreprises dans les pays où ces chiffres d’affaires ont été réalisés. Selon les déclarations faites également dans cette lettre adressée à la présidence de l’UE, « ;les montants prélevés [de cette nouvelle taxation] auraient pour but de refléter une partie de ce que ces entreprises devraient payer en termes d’impôts sur les sociétés ;». Pour ajouter à ces déclarations, le Conseil national du numérique avait affirmé il y a plusieurs mois que « selon diverses données, les revenus générés par quatre de ces acteurs (Google, iTunes, Amazon et Facebook) oscilleraient entre 2,5 et 3 milliards d’euros en France [qui] acquittent en moyenne 4 millions d’euros par an au titre de l’impôt sur les sociétés alors qu’ils pourraient être, si on appliquait le régime français, redevables d’environ 500 millions d’euros. »
Consciente du problème de fond que cette affaire revêt, la présidence estonienne actuelle de l’UE aurait programmé une discussion sur la notion « ;d’établissement stable ;», dans le but d’obliger les grandes entreprises usant d'optimisation fiscale pour payer moins d'impôts, à payer leurs impôts dans le pays où elles créent de la valeur, et non pas seulement là où elles ont leur résidence fiscale. En outre, le ministre des Finances français aurait déclaré que les quatre représentants porteraient la question à leurs homologues de l’UE lors d’une réunion prévue le 15 et 16 septembre prochain à Tallinn. Si ces réformes fiscales aboutissaient, plusieurs entreprises technologiques pourraient payer des sommes énormes en matière d’impôts dans les différents pays de l'UE.
Toutefois, Apple qui a été sommée de payer 13 milliards d’euros par Bruxelles depuis l’an dernier dans le cadre d’un redressement fiscal a menacé de rapatrier ses capitaux détenus en Europe à la suite de ce verdict. Pensez-vous que si ces nouvelles lois pour l’imposition sur le chiffre d’affaires en fonction du lieu où il a été réalisé aboutissaient, elles pourraient avoir des incidences négatives au niveau européen ou dans le milieu technologique ;? Ou plutôt seront-elles bénéfiques à tous égards ;?
Source : Reuters, Financial Times, Statista
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Voir aussi
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La France et trois autres pays proposent à l'UE de taxer les GAFA sur la base de leurs CA
Et non pas en fonction de leurs bénéfices uniquement
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Le , par Olivier Famien
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