Le président américain Donald Trump vient d’annoncer sa décision de mettre fin au programme DACA (Deferred Action for Childhood Arrivals) qui avait été mis en place par l’administration Obama en 2012 afin de régulariser la situation des « ;Dreamers ;». Le président américain n’a pas tenu compte des sollicitations des entreprises de la Silicon Valley telles Microsoft, Facebook, Apple ou Google qui s’étaient pourtant rangées derrière la cause des Dreamers. Le Congrès dispose de dix mois pour bloquer la procédure de démantèlement du programme DACA et éviter l’expulsion des 800 ;000 personnes qui en bénéficient actuellement.
Pour rappel, le terme « ;Dreamers ;» désigne les migrants originaires d’Amérique Centrale pour la plupart qui séjournent « ;illégalement ;» aux États-Unis depuis qu’ils sont mineurs. Ces personnes sont obligées de renouveler leur autorisation de séjour sur le sol américain tous les deux ans et ne bénéficient pas de la nationalité américaine. Plus de 400 patrons d’entreprises américaines avaient marqué leur engagement pour la cause des Dreamers en envoyant une lettre ouverte à Donald Trump afin d'essayer de le convaincre de renoncer au démantèlement d'un programme de protection qui garantit un avenir meilleur à des milliers de jeunes étrangers sur le sol américain.
D’après le président américain qui est soutenu par une partie de sa mouvance politique, le programme DACA ne serait pas la meilleure solution pour répondre aux besoins de son pays sur le long terme. Il estime que la DACA a tout simplement contribué à déclencher une « ;poussée massive ;» de migrants venus d’Amérique centrale dans l’espoir d’obtenir un titre de séjour permanent.
Interpellé plus tard au sujet des Dreamers qu'il venait de mettre en mauvaise posture avec l’annonce du démantèlement du programme DACA, Trump a confié son profond attachement pour ces personnes : « ;j’ai un grand amour pour ces personnes que beaucoup considèrent encore comme des enfants, alors qu’en fait ce sont déjà de jeunes adultes ;», a-t-il déclaré. ; « J’espère que le Congrès sera en mesure de les aider et le fera correctement. Et je peux vous dire, en parlant des membres du Congrès, qu’ils ont vraiment envie de faire quelque chose et de le faire correctement ».
Le secrétaire à la Justice des États-Unis, Jeff Sessions, a souligné que le programme DACA offrait, pour une période renouvelable de deux ans, un statut légal, un permis de travail et d’autres avantages, dont l’accès au programme de sécurité sociale, à quelque « ;800 ;000 étrangers en situation illégale, des adultes pour la plupart ;». « ;Il a aussi privé d’emplois des centaines de milliers d’Américains en permettant que ces emplois soient occupés par des étrangers illégaux ;», a-t-il ajouté en précisant que « ;cela ne veut pas dire que ce sont de mauvaises personnes ou que notre pays leur manque de respect ou les rabaisse d’une quelconque manière ;». C’est pourquoi, d’après lui, il est important de « ;limiter le nombre d’immigrants admis chaque année ;» sur le territoire américain.
Peu de temps après cette annonce, le Département de la Sécurité intérieure des États-Unis qui est chargé de faire appliquer les lois en vigueur, a précisé que les bénéficiaires du programme DACA dont le permis de travail arrivera à échéance avant le 5 mars 2018 pourront les renouveler à condition qu’ils présentent leur demande de renouvellement avant le 5 octobre de cette année. Toutes les autres personnes dont le statut légal arrive à expiration à compter du 5 mars 2018 seront désormais considérées comme étant en situation irrégulière et pourront être expulsées du territoire américain.
Le Congrès des États-Unis reste maintenant le dernier espoir des Dreamers comme l’a rappelé le président Trump. En effet, l’institution dispose de six mois pour trouver une solution légale susceptible de régler le sort des migrants et sauver le programme DACA, à défaut de quoi ce dernier sera définitivement perdu. Il faut, cependant, rappeler que les deux chambres du Congrès sont actuellement dominées par les républicains, la même mouvance politique dont est issu le président américain actuel et que le Congrès avait déjà refusé d’appuyer l’adoption de ce programme sous le règne du président Obama.
Il n’est donc pas certain que le Congrès parviendra à répondre aux attentes des Dreamers et de ses partisans. Mais les activités de lobbying des grandes entreprises technologiques américaines comme Apple, Amazon, Google ou Microsoft qui ont des ramifications jusqu’au Congrès pourraient peut-être faire pencher la balance en influençant la décision finale de cette instance. Il serait donc intéressant de suivre le développement de cette affaire dans les semaines et les mois qui vont suivre.
Dix États américains qui ont été remportés par M. Trump lors de la dernière élection présidentielle avaient lancé un ultimatum à ce dernier. Ces dix États (Alabama, Arkansas, Caroline du Sud, Idaho, Kansas, Louisiane, Nebraska, Tennessee, Texas et Virginie-Occidentale) menaçaient de contester la légalité du programme devant les tribunaux si le président n’y mettait pas un terme au plus tard le 5 septembre. Il ne fait aucun doute que leur candidat a réussi à leur apporter entière satisfaction en fin de compte.
Source : The New York Times
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Le , par Christian Olivier
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