Le gouvernement américain a décidé, ce mardi, de repousser l’entrée en vigueur du programme « ;International entrepreneur rule ;» (IER) adopté sous le mandat de l’ancien président Obama. Ce programme relatif à l’octroi d’un certain type de visa devait faciliter l’implantation sur le territoire américain de jeunes entreprises appartenant à des investisseurs étrangers pour une durée maximale de cinq ans. L’administration Trump a, malgré tout, choisi de repousser sa date d’entrée en vigueur jusqu’au 14 mars 2018. Il est fort probable qu’avant cette échéance, l’IER soit tout simplement annulée puisque le gouvernement américain a fait savoir qu’il mettrait en place une consultation publique afin de statuer sur son éventuel retrait définitif.
Cette décision est un coup dur pour la politique pro-immigration des entreprises technologiques. Il faut rappeler qu’elles sont déjà en désaccord avec le gouvernement américain sur deux sujets sensibles. Le premier concerne le décret signé par le président américain Donald Trump visant à réformer le programme de visa H-1B américain qui permet aux entreprises américaines, et particulièrement celles de la technologie, d’attirer des travailleurs qualifiés étrangers. Le second concerne la volonté du président américain de faire sortir les États-Unis de l’accord de Paris sur le climat soutenu par les entreprises technologiques. Ce pacte non contraignant international qui vise à réduire collectivement l’empreinte carbone et, si possible, arrêter le changement climatique.
L’IER encore appelé « visa des startups » devait entrer en application à partir du 17 juillet 2017. À travers ce visa, le ministère de la Sécurité intérieure aurait pu accorder un séjour provisoire de cinq ans sur le sol américain aux entrepreneurs étrangers éligibles (environ 3000 candidats potentiels venant principalement de Chine, d’Inde, du Brésil et de Russie). La durée du séjour provisoire initial aurait été de 30 mois, avec la possibilité de le prolonger de 30 mois supplémentaires. Pour être éligibles, les entrepreneurs étrangers devaient prouver qu’ils ont des parts importantes dans une startup de moins de cinq ans d’âge et qu’ils disposent d’au moins 250 000 $ pour le financement de leur projet. Ils devaient également fournir un business plan solide et démontrer de quelle manière leur entreprise serait « ;bénéfique pour les États-Unis. ;»
« C’est indéniablement un revers pour les États-Unis dans la course mondiale pour le leadership des talents. Nous devrions encourager les personnes innovantes à venir dans notre pays avec leurs idées novatrices, leur expertise et leurs compétences uniques, plutôt que de les inciter à mettre leurs talents au service de nos concurrents à l’étranger », a déclaré Todd Schulte, président de FWD.us, un groupe de défense de l’immigration soutenue par les entreprises de l’industrie technologique.
Les défenseurs de la loi estiment que ce programme aurait permis aux États-Unis de continuer à concurrencer la Chine et l’Europe pour attirer les meilleurs talents du monde. Une étude de la Fondation nationale pour la politique américaine a révélé que plus de la moitié des startups dont la valeur est estimée à plus d’un milliard de dollars ont au moins un fondateur né à l’étranger, hors des États-Unis. La liste tient compte des entreprises établies actuellement et de leurs fondateurs, y compris des patrons de la Silicon Valley comme Elon Musk de Tesla ou Sergey Brin d’Alphabet.
« C’est malheureux », a confié Anastasia Tonello, avocat et président de l’American Immigration Lawyers Association, en ajoutant que l’IER aurait pu aider les jeunes diplômés qui cherchent à construire des petites entreprises. Peter Leroe-Muñoz, vice-président de la division technologie et innovation du groupe Leadership Group dans la Silicon Valley, a estimé pour sa part que cette action était symptomatique des efforts de l’administration de Trump qui souhaite compromettre la réforme sur l’immigration aux USA. Max Versace, cofondateur de la startup spécialisée en intelligence artificielle Neurala, pense que cette nouvelle mesure contreproductive du gouvernement Trump ne va contribuer qu’à décourager les travailleurs talentueux candidats à l’immigration pour les USA.
Source : Wall Street Journal (inscription), Daily Democrat
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Le , par Christian Olivier
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