
Jean-Luc Mélenchon
Selon ce livret, le développement massif d’Internet a favorisé l’émergence d’acteurs privés hégémoniques. Les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) capitalisent et monétisent les données les plus personnelles à l’insu des utilisateurs, ce qui vampirise la toile. De plus, leur empreinte environnementale est considérable. En effet, la centralisation massive au sein de gigantesques centres de données génère une pollution équivalente en CO2 à celle du trafic aérien mondial.
Malgré cette réalité, le livret rappelle que les pouvoirs publics continuent à ouvrir les bras aux géants américains du numérique sans prendre en compte les intérêts des citoyens ainsi que les impacts sur l’indépendance et la sécurité. Il faut aussi noter que « le numérique accroît les inégalités existantes. Il est au cœur des démarches quotidiennes, pour obtenir un travail, accéder à ses droits ou participer à la vie publique par exemple ». En effet, une part importante de la population n’a toujours pas accès aux outils internet nécessaires pour des raisons générationnelles, sociales et géographiques. De plus, l’ubérisation de l’économie et l’essor de la robotique et de l’intelligence artificielle bouleversent les schémas économiques et obligent à chercher d’autres modèles de production.
Le projet de Mélenchon : le numérique en commun
Aujourd’hui, il y a une volonté politique à encadrer le monde numérique, cette prise de conscience passe par la lutte contre les dérives des géants d’internet, notamment les GAFAM, mais aussi, la promotion des modèles alternatifs et l'accompagnement des citoyens dans la révolution numérique. Car il faut l’admettre, le citoyen doit être placé au centre de toute décision et politique numérique d’envergure, selon la vision du programme du candidat.
Le projet de Mélenchon prône un numérique en commun, construit sur les principes fondateurs du pacte républicain. Il se veut pour l'octroi de plus de liberté aux citoyens, en assurant une meilleure éducation et un accès à l’information. Pour cette quête, il n’y a pas mieux qu’internet. Internet est désormais le premier lieu de partage de nos connaissances. C'est un outil formidable pour étendre notre culture et augmenter notre conscience politique. Pour cela, il appelle à garantir une école publique ouverte à la culture numérique pour préparer la jeunesse au monde de demain ainsi qu’un internet libre et transparent pour diffuser l'information et la culture.
L’autre point essentiel du projet est la réduction de la fracture numérique pour donner à chacun les moyens techniques de se réaliser. Le projet veut garantir l’accès à internet pour tous et promouvoir le logiciel libre qui est plus apte à être contrôlé et représente un moyen de préserver la souveraineté des individus et de l’État sur leurs données. Enfin, le projet veut réaffirmer les droits fondamentaux, en assurant que chacun ait la possibilité de contrôler l’usage de ses données personnelles.
Les propositions de Mélenchon
Internet libre et ouvert
Le candidat du mouvement France insoumise appelle à reconnaitre internet comme un droit fondamental en raison de son rôle central dans nos vies et nos démarches. Cette étape passe notamment par l’assurance d’une infrastructure collective, décentralisée et écologique :
- l’inscription du droit d’accès à Internet dans la Constitution à l’horizon notamment d’une VIe République ;
- l'émergence des échanges décentralisés, en favorisant l'autohébergement, le développement des modes d'échange pair-à-pair, l'utilisation de formats de données et de protocoles d'interconnexion ouverts ;
- les initiatives collectives de réappropriation des services de télécommunications.
Un autre point important est la garantie de la neutralité du Net ; la neutralité du Net ou la neutralité du réseau est un principe devant garantir l'égalité de traitement de tous les flux de données sur Internet. Ce principe exclut par exemple toute discrimination à l'égard de la source, de la destination ou du contenu de l'information transmise sur le réseau. La garantie de la neutralité du Net signifie que les fournisseurs d'accès à internet doivent assurer un accès sans restriction, sans surveillance, sans modifier ni ralentir l’accès aux sites. Il s’agit de :
- défendre la neutralité du net aux niveaux national, européen et international, notamment en investissant dans des infrastructures physiques détenues par le public ;
- garantir l'accès à un internet neutre et ouvert depuis les points d'accès publics à Internet.
Enfin, le projet souhaite encadrer la censure privée et le retrait des contenus illicites par :
- le renforcement de l'autorité judiciaire chargée de contrôler les retraits de contenus illégaux par des plateformes privées et d'améliorer l'efficacité du traitement des signalements ;
- la répression des plateformes du web qui portent atteinte à la liberté d'expression.
Le respect de la vie privée
La priorité est de lutter contre la surveillance généralisée pour garantir la liberté des citoyens. Ensuite, le projet appelle à promouvoir des alternatives libres et respectueuses des données personnelles. Enfin, Mélenchon veut en finir avec la mainmise du secteur privé sur les logiciels et soutenir l’émancipation vis-à-vis des logiciels propriétaires.
La lutte contre la fracture numérique
Le projet numérique de Mélenchon indique que la République numérique ne peut se concrétiser sans la garantie d’un accès internet à tous les citoyens, cela passe par l’investissement et le développement d’infrastructures publiques et des fournisseurs d’accès à internet associatifs. Toutefois, il rappelle qu’il faudra mettre en place des mécanismes pour accompagner tous les citoyens dans leurs usages du numérique, car « l’accès ne fait pas tout », indique le programme.
Le numérique, bien commun
Le programme de Mélenchon se veut pour une suppression de la HADOPI, une politique que le candidat considère comme étant coûteuse et inefficace. Pour faire face au piratage, il propose de mettre en place un système de rémunération global de la création, par l'instauration d’une cotisation liée à l'abonnement internet ouvrant droit au téléchargement non marchand. Il propose également de créer un service public nouveau de l’internet et une médiathèque publique en ligne, une plateforme publique d’offres légales en ligne de musique, films et contenus culturels.
Une filière française du jeu vidéo
Cette proposition ne fait pas partie du livret du numérique présenté par Mélenchon, mais elle apparaît dans le programme du candidat qui attache une grande importance à ce secteur. Mélenchon veut doter les créateurs de jeux vidéo d’un statut particulier, qui leur permettrait de sécuriser leurs parcours, notamment ceux travaillant d’une manière plus précaire, et parfois même de façon totalement « uberisée », pour le compte des sociétés qui sont à l’étranger. Le candidat se veut aussi pour la création de nouvelles formations – avec des droits d’inscription moins élevés que ceux des écoles privées – sur le modèle des arts appliqués.
Jean-Luc Mélenchon accorde une grande importance à l’industrie des jeux vidéo non pas pour son poids économique seulement, mais aussi pour sa capacité à véhiculer des idées. Elle peut être une manière « de développer l’influence française, avec peut-être une certaine vision liée aux valeurs universelles de notre pays, qui ne sont pas les mêmes que celles des États-Unis », dit Éric Coquerel, le coordinateur politique du Parti de gauche, notant que « l’idéologie que peuvent véhiculer certains jeux vidéo peut ne pas être exactement ce que nous souhaiterions ».
Source : le livret numérique - Le Monde
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