Les robots de plus en plus dominants dans l'industrie manufacturière suisse
Face à un franc fort et des salaires élevés
Le 2017-02-18 15:03:48, par Michael Guilloux, Chroniqueur Actualités
Automatiser ou périr, c’est la nouvelle réalité à laquelle sont confrontées les entreprises de l’industrie manufacturière en Suisse. Ces dernières ne projettent pas d’ajouter de nouveaux emplois pour les humains, au moins à court terme, et se tournent de plus en plus vers les robots. Les raisons ? Le pays subit les effets d’un franc fort et les salaires moyens annuels en Suisse sont parmi les plus élevés dans le monde. D’après les données de l’OCDE, en 2015, les Suisses gagnaient en moyenne 58 000$ par an, soit beaucoup plus que leurs pairs en Europe.
Avec l'introduction de l'euro, la Banque Nationale suisse (BNS) a adapté sa politique en fonction de l'évolution de la monnaie européenne pour soutenir l'économie suisse. À cette époque, le taux de change est de 1,50 franc suisse (CHF) pour 1 EUR, et est resté stable jusqu'en août 2011 où l'euro baisse fortement pour atteindre un taux record de 1,007 CHF/EUR. À la suite de cette évaluation massive du franc suisse par rapport à l'euro et aux principales monnaies mondiales, la BNS fixe un taux plancher pour protéger l'économie suisse des effets du franc fort. Ce taux plancher finit toutefois par être aboli en janvier 2015, et le franc suisse se retrouve alors à quasi parité avec l'euro, l'un étant légèrement plus fort que l'autre ou vice versa au gré des fluctuations du marché.
Face à un franc fort et des salaires annuels moyens parmi les plus élevés dans le monde, les entreprises suisses qui cherchent à développer leurs activités font face à un choix simple : ajouter des robots ou sortir du pays. Certains ont choisi de fermer des usines dans le pays, afin de déplacer leur production dans d’autres pays. Mais bon nombre ont opté pour l’automatisation. C’est le cas du fabricant de parfums Firmenich International SA, qui grâce à des investissements dans l’automatisation au cours des trois dernières années, a augmenté sa capacité d'un tiers sans personnel supplémentaire. Si Firmenich est resté en place, sa nouvelle installation est automatisée à 90 %. « L'automatisation est impérative si nous voulons rester compétitifs », a déclaré Gilbert Ghostine, directeur général de Firmenich. « L'usine automatisée nous a aidés à être plus flexibles et à répondre à la demande accrue, tout en maintenant les prix sous contrôle », a ajouté Anthony Schofield, qui supervise leur nouvelle usine.
D’autres entreprises essaient de pousser l’automation le plus loin possible pour rester rentables. C’est le cas du confiseur suisse Ricola AG : « Nous essayons vraiment d'automatiser non seulement nos sites de production, mais aussi notre back-office », a affirmé son directeur financier, Andreas Lindner.
Fin mars 2016, plus d'un an après la suppression du taux de change plancher entre l’euro et le franc suisse, le secteur des machines, de l'électricité et du métal en Suisse a enregistré une réduction de 3 % de son personnel à temps plein et à temps partiel par rapport à l'année précédente, d'après le lobby de l'industrie Swissmem.
Aujourd’hui, près de la moitié de tous les employés de l'industrie manufacturière suisse occupe des emplois hautement automatisés, d’après un sondage réalisé par le cabinet Deloitte en 2016. L'année précédente, un autre sondage de Deloitte, auprès de 400 entreprises suisses de construction de machines, a révélé que 70 % des répondants avaient augmenté l'automatisation en réponse au franc fort.
L’exemple de la Suisse montre encore une fois qu’en dépit des avantages attribués, de manière générale, aux robots et à l’intelligence artificielle, les conséquences négatives sur l’emploi sont bien réelles et déjà visibles. Pour le moment, ce sont les emplois manufacturiers et les moins qualifiés qui semblent plus touchés, mais de nombreux rapports montrent que des emplois intellectuels et plus qualifiés sont déjà menacés.
Si elle vient comme réponse à un franc fort et des salaires moyens élevés en Suisse, l'automatisation peut être dans de nombreux pays une solution permettant à des entreprises de faire face à des pressions similaires pour stimuler leur productivité et rester compétitives et rentables.
Source : Bloomberg
Et vous ?
Qu’en pensez-vous ?
Comment limiter l’impact négatif de l’automatisation sur l’emploi ?
Faut-il nécessairement réfléchir à un revenu universel de base ou à un impôt sur le travail des robots ?
Voir aussi :
Le Parlement européen adopte le rapport sur la robotique, en écartant les questions d'impôt sur le travail des robots et de revenu universel de base
Emploi : l'intelligence artificielle suscite des craintes dans le secteur bancaire français, des emplois seraient menacés d'après le syndicat SNB
New York : une étude du MIT montre qu'environ 3 000 véhicules autonomes suffiraient pour remplacer les taxis pour une ville plus verte
Avec l'introduction de l'euro, la Banque Nationale suisse (BNS) a adapté sa politique en fonction de l'évolution de la monnaie européenne pour soutenir l'économie suisse. À cette époque, le taux de change est de 1,50 franc suisse (CHF) pour 1 EUR, et est resté stable jusqu'en août 2011 où l'euro baisse fortement pour atteindre un taux record de 1,007 CHF/EUR. À la suite de cette évaluation massive du franc suisse par rapport à l'euro et aux principales monnaies mondiales, la BNS fixe un taux plancher pour protéger l'économie suisse des effets du franc fort. Ce taux plancher finit toutefois par être aboli en janvier 2015, et le franc suisse se retrouve alors à quasi parité avec l'euro, l'un étant légèrement plus fort que l'autre ou vice versa au gré des fluctuations du marché.
Face à un franc fort et des salaires annuels moyens parmi les plus élevés dans le monde, les entreprises suisses qui cherchent à développer leurs activités font face à un choix simple : ajouter des robots ou sortir du pays. Certains ont choisi de fermer des usines dans le pays, afin de déplacer leur production dans d’autres pays. Mais bon nombre ont opté pour l’automatisation. C’est le cas du fabricant de parfums Firmenich International SA, qui grâce à des investissements dans l’automatisation au cours des trois dernières années, a augmenté sa capacité d'un tiers sans personnel supplémentaire. Si Firmenich est resté en place, sa nouvelle installation est automatisée à 90 %. « L'automatisation est impérative si nous voulons rester compétitifs », a déclaré Gilbert Ghostine, directeur général de Firmenich. « L'usine automatisée nous a aidés à être plus flexibles et à répondre à la demande accrue, tout en maintenant les prix sous contrôle », a ajouté Anthony Schofield, qui supervise leur nouvelle usine.
D’autres entreprises essaient de pousser l’automation le plus loin possible pour rester rentables. C’est le cas du confiseur suisse Ricola AG : « Nous essayons vraiment d'automatiser non seulement nos sites de production, mais aussi notre back-office », a affirmé son directeur financier, Andreas Lindner.
Fin mars 2016, plus d'un an après la suppression du taux de change plancher entre l’euro et le franc suisse, le secteur des machines, de l'électricité et du métal en Suisse a enregistré une réduction de 3 % de son personnel à temps plein et à temps partiel par rapport à l'année précédente, d'après le lobby de l'industrie Swissmem.
Aujourd’hui, près de la moitié de tous les employés de l'industrie manufacturière suisse occupe des emplois hautement automatisés, d’après un sondage réalisé par le cabinet Deloitte en 2016. L'année précédente, un autre sondage de Deloitte, auprès de 400 entreprises suisses de construction de machines, a révélé que 70 % des répondants avaient augmenté l'automatisation en réponse au franc fort.
L’exemple de la Suisse montre encore une fois qu’en dépit des avantages attribués, de manière générale, aux robots et à l’intelligence artificielle, les conséquences négatives sur l’emploi sont bien réelles et déjà visibles. Pour le moment, ce sont les emplois manufacturiers et les moins qualifiés qui semblent plus touchés, mais de nombreux rapports montrent que des emplois intellectuels et plus qualifiés sont déjà menacés.
Si elle vient comme réponse à un franc fort et des salaires moyens élevés en Suisse, l'automatisation peut être dans de nombreux pays une solution permettant à des entreprises de faire face à des pressions similaires pour stimuler leur productivité et rester compétitives et rentables.
Source : Bloomberg
Et vous ?
Voir aussi :
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NSKisEn attente de confirmation mailAutant l'article que certains commentaires qui en découlent présentent une vision de la Suisse qui ne correspond pas à la réalité!!!
1. Il n'y a pas une invasion de robots dans les entreprises suisses comme le laisse supposer l'article. Les entreprises suisses, avant même celles de France, ont fortement délocalisé leur centres de production dans des pays à faibles coûts (Pays de l'Est, Chine, Inde). Elles ont même un coup d'avance: La Chine devenant trop chère, les entreprises suisses délocalisent leur sites chinois pour des pays encore moins chers: La Malaisie ou le Vietnam. L'usage de robots n'est qu'un "détail de l'histoire", il n'y a qu'un nombre infime de sociétés suisses qui ont gardé de la production en Suisse. Les délocalisations ne se limitent d'ailleurs plus à la production mais s'étend aux services: Syngenta à virer ses comptables travaillant à Bâles pour les remplacer par des Polonais... en Pologne! La Zürich Assurance a licencié ses 300 informaticiens de Zurich pour les remplacer par des équipes à Bratislava en Slovaquie!!!
2. Dire que les français sont des feignasses et que les suisses sont des génies qui font tout juste est simplement ridicule, une affirmation a peine digne d'un troll... La Suisse et la France ont simplement une expérience, une culture, un état d'esprit différents! Le Suisse a une approche "germanique", protestante (on doit mériter par le travail et l'effort) alors que le Français est méditerrannéen, bon vivant... Chacune des approches a des avantages et des inconvénients mais on ne peut pas dire pour autant que l'une est supérieure à l'autre.
Exemple: 60% des "feignasses" françaises sont propriétaires de leur logement alors que seuls 37% des Suisses peuvent accéder à la propriété!!! Apparemment, la France va pas si mail et la Suisse pas si bien, non?le 19/02/2017 à 15:29 -
LyonsMembre éclairéL’exemple de la Suisse montre encore une fois qu’en dépit des avantages attribués, de manière générale, aux robots et à l’intelligence artificielle, les conséquences négatives sur l’emploi sont bien réelles et déjà visibles. Pour le moment, ce sont les emplois manufacturiers et les moins qualifiés qui semblent plus touchés, mais de nombreux rapports montrent que des emplois intellectuels et plus qualifiés sont déjà menacés.le 19/02/2017 à 14:56
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KEKE93Membre éclairéDe toute façon, vu ce qu'il reste de l'industrie manufacturière en France...C'est l'hécatombe depuis la fin des années 70.
A titre d'exemple, ( je l'ai lu il y a trois ans ), un pays comme l'Italie, avec un PNB inférieur à celui de la France, a plus de PME industrielles que la France; incroyable non?le 19/02/2017 à 9:35 -
TallyHoMembre éprouvéle 20/02/2017 à 22:33
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fredinkanMembre expérimentéLe problème est la somme de fonds propre à mettre pour lancer un hypothèque : 20% du montant de l'achat...
En centre ville, pour T2, compter au bas mot 600'000 CHF (soit 120'000 de fonds propres)le 20/02/2017 à 8:07 -
blbirdMembre chevronnéle 20/02/2017 à 9:44
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BeanuxMembre éclairéCertes, tout as tout à fait raison, mais je tolère assez mal cette propagande politique gratuite. Donc, pour moi, il a son étiquette et tant pis pour le qu'en dira-t'on.
Comme si l'économie était le centre de tout et que tout devrait être géré par et pour l'économie.
Faut arrêter a un moment.
Autant se faire remplacer par un robot, on ne sera jamais aussi efficace, ça se dégage facilement une fois cassé, et au moins on ne sera plus la pour se plaindre.
edit: Mes excuses TallyHo, j'ai pris le message pour moi, alors que ce n'était pas le casle 21/02/2017 à 2:10 -
MABROUKIExpert confirmé
Mingolito
les Suisses qui sont bien plus intelligents, sage et matures que les Français ont su préserver
Les Suisses come les Belges qui ne sont ni Français ni Allemands mais les 2 à la fois, ont pris leur modèle de chez leurs voisins teutons probablement...
Le monde entier est une immense opportunité pour un Suisse ...!!!le 21/02/2017 à 16:38 -
NSKisEn attente de confirmation mailAlors que pour un Français, le monde entier... C'est simplement ceux qui n'ont rien compris et... qui ne parlent même pas français!le 21/02/2017 à 17:30
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marsupialExpert éminentLa mondialisation va se réguler d'elle même automatiquement. La Chine dispose d'un fort potentiel de demande à satisfaire. Sans la politique de l'enfant unique, la paupérisation serait terrible : 1000 fois plus qu'aujourd'hui.
L'Inde devient le pays à la croissance démographique la plus forte mondialement et va concurrencer les pays industrialisés avec un niveau de paupérisation le plus élevé de la planète.
La croissance démographique exponentielle actuelle va cruellement connaître une décroissance du fait du manque de ressources naturelles.
Au lycée, les éco-gestion nous chambraient, nous les automaticiens, sur le fait de fabriquer des chômeurs auquel j'ai répondu mettez des préservatifs et utilisez des contraceptifs pour arrêter de pondre de la demande obligeant à automatiser à outrance pour y répondre.
Reste le délai d'acceptation de cette simple règle qui passe par la compréhension inhumaine je n'en doute pas mais terriblement réaliste. Pas besoin de taxe ou de revenu universel. Juste de capote et de pilule voire d'IVG.le 18/02/2017 à 21:51