James Howells, un ancien travailleur de la filière IT de Newport en Angleterre, a procédé au minage des bitcoins pendant quatre ans alors que les cryptomonnaies n'en étaient qu'à leurs débuts et ne valaient pas grand-chose. Howells se rappelle avoir jeté le disque dur entre juin et août 2013 pensant qu'il avait déjà sauvegardé les fichiers en son sein. Son intérêt pour ledit contenu est ravivé lorsque le bitcoin est passé de façon subite de 150 à 1000 dollars l’unité au cours de la même année. En 2013, il est déjà détenteur d’une fortune de plus de 7 millions de dollars. Problème : le bitcoin est une suite de 0 et de 1 sur un support de stockage et il se rend compte qu’il ne dispose pas de sauvegarde. Ainsi, c’est depuis 2013 qu’il multiplie les démarches auprès des autorités locales afin de récupérer le disque dur jeté. En 2021, avec la montée en valeur de la monnaie crypto, il est prêt à offrir plus de 68 millions de dollars au conseil municipal de Newport pour obtenir l’autorisation de le déterrer d’une zone précise d’une décharge. C’est l’équivalent de près de 240 dollars pour chacun des habitants de Newport dont la population est estimée à 316 000 habitants.
En décembre, son disque dur contenait l'équivalent de 357 millions de dollars en bitcoins. Ce mois-là, James Howells a pensé à la mise sur pied d’un consortium dans le but d’apporter réponse aux arguments environnementaux mis en avant par le conseil municipal pour justifier la non-délivrance d’une autorisation à déterrer le disque dur. L’équipe pluridisciplinaire inclut désormais l’entreprise Ontrack – un spécialiste en récupération de données dont la NASA s’est attaché les services par le passé. Objectif : récupérer les données d’un disque dur enfoui pendant 6 mois sous le lit d’un lac asséché. Cela a visiblement été un échec.
Mais Howells ne se décourage pas. Après tout, son cache de données représente des millions de dollars simplement bloqués sur la blockchain, personne ne pouvant accéder au portefeuille sans le mot de passe requis.
Dans une interview publiée dimanche, Howell a déclaré qu'il avait un plan infaillible pour sauver ses bitcoins de la pile de déchets. Il a élaboré un plan d'affaires de 11 millions de dollars qu'il utilisera pour inciter les investisseurs et le conseil municipal de Newport à participer à l'excavation de la décharge. Sa proposition les obligerait à fouiller 110 000 tonnes de déchets sur trois ans. Une version de 6 millions de dollars du plan durerait 18 mois. Dans une vidéo, Richard Hammond a déclaré que le « promoteur » du bitcoin aurait déjà obtenu un financement de deux investisseurs en capital-risque basés en Europe, Hanspeter Jaberg et Karl Wendeborn, à la condition que Howells obtienne l'approbation du gouvernement local.
Les ordures seraient triées dans une installation éphémère séparée près de la décharge à l'aide de ramasseurs humains et d'un système d'IA utilisé pour repérer ce disque dur parmi tous ces autres déchets. Il a même fait appel à huit experts en intelligence artificielle, en excavation, en gestion des déchets et en extraction de données, le tout pour trouver un seul disque dur dans un tas de déchets.
Le plan implique également l'utilisation des chiens robotiques de Boston Dynamics. L'ancien informaticien a déclaré aux journalistes que les machines pourraient être utilisées comme caméras de sécurité et de vidéosurveillance pour scanner le sol, à la recherche du disque dur. Lors de leur sortie, chaque modèle de robot «*Spot*» coûtait 74*500*$. Même avec ce prix, Howells a déclaré qu'il en avait déjà demandé deux et a même déjà leurs surnoms : l'un se nommerait Satoshi, du nom de Satoshi Nakamoto, la personne derrière le livre blanc qui a proposé le bitcoin pour la première fois en 2008. L'autre s'appellerait "Hal", Hal Finney, le première personne à recevoir une transaction bitcoin.
Le conseil municipal n'a rien voulu avoir à faire avec Howells depuis qu'il est venu les voir pour la première fois pour plaider sa cause. Howells aurait contacté le gouvernement de la ville galloise depuis 2014, arguant que le boîtier pourrait être endommagé, mais que le disque interne devrait toujours être viable. Il avait même promis de donner au gouvernement de la ville 25% des revenus de la vente de ses bitcoins s'ils le laissaient simplement fouiller dans le tas de déchets, mais le conseil a déclaré que le coût de déterrer le tas pourrait atteindre des millions, sans parler du impact sur l'environnement pour la région environnante. Un porte-parole du gouvernement local a déclaré qu'Howells ne pouvait rien présenter ou dire qui les convaincrait d'accepter le plan, citant un risque écologique.
Et il est facile de voir pourquoi. Les images aériennes et satellites montrent que la décharge a été recouverte de terre et d'herbe. L'EPA des États-Unis a montré que même si la remise en état des sites d'enfouissement a déjà été effectuée, elle peut libérer des gaz à effet de serre comme le méthane ou déterrer des matières dangereuses. Bien que le gouvernement local ait à peine donné de l'attention à Howells pour plaider sa cause au cours des neuf dernières années, l'ancien informaticien a déclaré qu'il espère que la nouvelle proposition donnera à son idée une légitimité. Si le conseil dit non, encore une fois, Howells a déclaré aux journalistes qu'il poursuivrait le gouvernement en justice.
Le cas Howells fait suite à celui de Stephen Thomas – un programmeur d’origine allemande – pour lequel les enjeux sont tout aussi importants puisque possesseur de 7002 bitcoins stockés dans un disque dur Ironkey qu’il a en sa possession, mais dont il ne sait pas retrouver le mot de passe. IronKey est le nom de marque d'une famille de dispositifs de stockage portables USB chiffrés appartenant à Kingston Digital, la filiale de mémoire flash de Kingston Technology Company Inc. Thomas a, il y a des années, perdu, le papier où il avait noté le mot de passe de ce support de stockage, qui donne aux utilisateurs dix possibilités avant qu'il ne se bloque et chiffre son contenu pour toujours.
Le réseau Bitcoin s’appuie sur un algorithme complexe qui permet de créer une adresse et la clé privée associée, qui n'est (en principe) connue que de la personne qui a créé le portefeuille. Le logiciel permet également au réseau Bitcoin de confirmer l'exactitude du mot de passe pour permettre les transactions, sans voir ni connaître le mot de passe lui-même. En bref, le système permet à quiconque de créer un portefeuille Bitcoin sans avoir à s'inscrire auprès d'une institution financière ou à subir un quelconque contrôle d'identité. C'est d'ailleurs la principale raison pour laquelle la monnaie cryptographique est populaire auprès des criminels. Mais cela ne vient pas sans revers, car une mauvaise gestion des mots de passe et autres clés privées conduit à des cas comme ceux de Howells et Stephen Thomas. C’est semble-t-il le prix à payer en tant qu’utilisateur du fameux réseau qui permet à chacun de devenir sa propre banque.
Source : interview de James Howells
Et vous ?
Est-il possible de récupérer les données sur le disque dur selon vous ?
La mairie devrait-elle donner à James Howells l'autorisation de conduire son opération malgré les risques écologiques ?
Que pensez-vous de l'idée de James Howells d'utiliser les chiens robots de Boston Dynamics, des ramasseurs humains et d'un système d'IA pour repérer le disque dur dans les ordures ?
Que pensez-vous de sa menace de poursuivre la mairie en justice si elle ne lui donnait pas l'autorisation de fouiller les ordures ?
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