
La semaine dernière, Musk a vendu pour 8,4 milliards de dollars de ses propres actions Tesla, ce qui a entraîné une chute temporaire de 12 % du cours de l'action. Aujourd'hui, il a rassemblé 7,1 milliards de dollars supplémentaires auprès de 18 investisseurs, allant de sociétés de capital-risque et de gestionnaires d'actifs à des fonds privés et à une bourse de cryptomonnaies, selon un document déposé jeudi auprès de la SEC.
Le chef de Tesla a déployé des efforts considérables pour obtenir des soutiens extérieurs afin de se joindre à son offre audacieuse pour la plateforme de réseaux sociaux, même si les sociétés de capital-investissement traditionnelles impliquées dans les rachats par endettement ont largement évité la transaction.
L'opération transformerait Musk, qui se proclame « absolutiste de la liberté d'expression » et compte près de 91 millions d'adeptes sur le site, en un baron des médias sociaux contrôlant la manière dont des millions de personnes obtiennent des informations.
Jeudi, un dossier déposé auprès de la SEC a révélé de nouveaux financiers pour le plan de rachat de Musk, qui incluent le prince saoudien Alwaleed bin Talal et le fonds souverain du Qatar. Les deux pays imposent une censure sévère pour étouffer la dissidence : une loi qatarienne stipule que la diffusion « d'actualités fausses ou malveillantes » peut entraîner une peine de prison de cinq ans, tandis qu'en Arabie saoudite, les détracteurs du gouvernement ont été arrêtés et même assassinés. L'Arabie saoudite se classe au 166e rang sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse, tandis que le Qatar se classe au 119e rang, selon l'indice de Reporters sans frontières.
La nouvelle méthodologie définit la liberté de la presse comme « la possibilité effective pour les journalistes, en tant qu'individus et en tant que groupes, de sélectionner, produire et diffuser des actualités et des informations dans l'intérêt public, indépendamment de toute ingérence politique, économique, juridique et sociale, et sans menace pour leur sécurité physique et mentale ». Afin de rendre compte de la complexité de la liberté de la presse, cinq nouveaux indicateurs sont désormais utilisés pour compiler l'Index : le contexte politique, le cadre juridique, le contexte économique, le contexte socioculturel et la sécurité.
Les pays avec le plus grand indice de liberté de la presse sont :
- la Norvège ;
- le Danemark ;
- la Suède ;
- l'Estonie ;
- la Finlande ;
- l'Irlande ;
- le Portugal ;
- le Costa Rica ;
- la Lituanie ;
- le Liechtenstein.
Notons que la France occupe la 26e place, une amélioration par rapport à l'année antérieure où elle occupait la 34e place bien que son indice n'ait pas subit une grande variation (77,40/100 en 2021 contre 78,53/100 en 2022). Reporters sans frontières note que « Le cadre législatif et réglementaire favorise la liberté de la presse et l'indépendance éditoriale, mais les mécanismes de lutte contre les conflits d'intérêts dans les médias sont insuffisants, inadaptés et dépassés. En réponse aux violences policières, un nouvel ensemble de réglementations pour le maintien de l'ordre dans les manifestations a été adopté, qui tient davantage compte des droits des journalistes. Mais les reporters ont également été la cible de nombreuses attaques physiques de la part des manifestants ».
Le prince Alwaleed a écrit sur Twitter que la Kingdom Holding Company, une société d'investissement qu'il contrôle, renouvellerait son investissement actuel de 1,9 milliard de dollars dans Twitter pour rejoindre Musk dans « ce voyage passionnant » : « C'était super de communiquer avec vous mon "nouvel" ami Elon Musk. Je crois que vous serez un excellent leader pour que Twitter propulse et maximise son grand potentiel. Kingdom KHC et moi sommes impatients de déployer nos ~ 1,9 milliard de dollars sur le "nouveau" Twitter et de vous rejoindre dans ce voyage passionnant ».
Cette décision intervient après qu'Alwaleed a rejeté le plan de Musk dans un tweet le mois dernier, affirmant que l'offre du PDG de Tesla ne se rapprochait pas de la « valeur intrinsèque » de l'entreprise. KHC est partie prenante de Twitter depuis 2011 : « Je ne crois pas que l'offre proposée par Elon Musk (54,20 $) se rapproche de la valeur intrinsèque de Twitter compte tenu de ses perspectives de croissance. Étant l'un des actionnaires les plus importants et à long terme de Twitter, Kingdom KHC et moi rejetons cette offre ».
Musk a répondu en posant des questions sur la taille de la participation du Royaume dans Twitter, ainsi que sur les opinions du pays sur la « liberté d'expression journalistique » : « Intéressant. J'ai juste deux questions, si vous me le permettez. Quelle part de Twitter le Royaume possède-t-il, directement et indirectement ? Quel est le point de vue du Royaume sur la liberté d'expression des journalistes ? »
L'Arabie saoudite a été fréquemment critiquée pour la censure et les violations des droits de l'homme, notamment le meurtre en 2018 du journaliste du Washington Post Jamal Khashoggi. Le gouvernement saoudien a nié toute implication de ses dirigeants.
Le prince n'a pas répondu publiquement aux questions de Musk, mais dans son tweet de jeudi, il a qualifié Musk de « "nouvel" ami » et « d'excellent leader ».
Le fonds souverain du Qatar contribuera également à hauteur de 375 millions de dollars à l'accord de rachat de Musk. En 2020, le pays a promulgué une loi qui menace d'emprisonner « quiconque diffuse, publie ou republie des rumeurs, des déclarations ou des actualités fausses ou biaisées, ou de la propagande incendiaire, dans le pays ou à l'étranger, dans l'intention de nuire aux intérêts nationaux, d'agiter l'opinion publique ou porter atteinte au système social ou au système public de l'État ».
L'année dernière, le gouvernement a arrêté sept personnes pour avoir utilisé les médias sociaux « pour diffuser de fausses nouvelles » lors de ses élections. Le pays a également une histoire de suppression de la liberté d'expression. En 2012, un poète qatari a été condamné à 15 ans de prison après avoir récité un poème critiquant le gouvernement.
Lorsque la loi de 2020 a été promulguée, Amnesty International l'a qualifiée de « nouveau coup dur porté à la liberté d'expression dans le pays » et a déclaré qu'il s'agissait « d'une violation flagrante du droit international des droits humains ». Musk a déclaré qu'il souhaitait garantir la liberté d'expression sur Twitter tant qu'il ne viole pas la législation locale. L'implication financière du Qatar le place donc dans une position potentiellement précaire.
Le financement et les conflits d'intérêts qu'il crée soulignent la difficulté à laquelle Musk sera confronté alors qu'il tente de mettre en œuvre sa vision pour Twitter. Musk a déclaré le mois dernier qu'il considérait la plateforme comme une place publique numérique. « Mon fort sentiment intuitif est qu'il est extrêmement important pour l'avenir de la civilisation d'avoir une plateforme publique de confiance maximale et largement inclusive pour l'avenir de la civilisation », a-t-il déclaré.
« Étant donné qu'en Arabie saoudite, une publication sur les médias sociaux critiquant le Coran peut vous valoir cinq ans de prison et 1 000 coups de fouet, nous sommes certains que la grande gueule d'Internet et son ami le prince Alwaleed auront beaucoup de choses à se dire au cours de leur passionnant voyage pour créer ce nouveau Twitter. », déclare un analyste.
Parmi les autres investisseurs figurent Lawrence J. Ellison Revocable Trust de Larry Ellison, le fonds de capital-investissement du cofondateur d'Oracle, qui a promis 1 milliard de dollars, Sequoia Capital, qui a investi 800 millions de dollars, et Vy Capital, qui a investi 700 millions de dollars. Musk a déclaré avoir reçu les lettres d'engagement de chaque investisseur le 4 mai.
L'offre de Musk pour racheter Twitter n'est pas une affaire réglée, puisqu'elle doit être approuvée par les actionnaires et les régulateurs. Néanmoins, il réfléchit déjà aux moyens de modifier la structure et la gestion de l'entreprise, ainsi qu'aux fonctionnalités à ajouter et aux nouveaux moyens de monétiser les...
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